~ Chapitre 1 ~

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 𝓐𝓷𝓰𝓮𝓵                                                                                                                                                       Glazov, 21h58

La pluie frappait contre les carreaux de ma chambre, comme si le ciel lui-même pleurait sur ma misérable existence. Les gouttes se succédaient à un rythme régulier, offrant un fond sonore presque apaisant, en contraste violent avec le tumulte qui régnait à l'intérieur de l'appartement. Mon père, une nouvelle fois, était ivre. Ce n'était plus une surprise depuis des années, mais ce soir-là, quelque chose était différent. Il avait cette lueur dans les yeux, cette rage sourde qui montait en lui chaque fois qu'il était complètement saoul, et je savais que cela finirait mal. Très mal.

Assise sur mon lit, je serrais contre moi un vieux sweat-shirt, trop grand pour moi, qui appartenait autrefois à ma mère. Parfois, dans ces moments où tout allait de travers, je pouvais presque encore sentir son parfum s'échapper des fibres usées. C'était la seule chose qui me restait d'elle. Elle était partie il y a des années, me laissant seule avec cet homme qui n'était plus que l'ombre de lui-même.

Il hurlait depuis le salon. Les insultes pleuvaient, mêlées aux bruits sourds de bouteilles qui s'entrechoquaient. Je savais que je ne devais pas sortir de ma chambre, pas tant que la tempête n'était pas passée. Mais je savais aussi qu'il finirait par venir. Il venait toujours.

- Angel ! , sa voix rauque résonna soudain, coupant le silence oppressant de la nuit. 

- Viens ici tout de suite, sale gamine ! 

Je sentis mon cœur bondir dans ma poitrine. Il ne fallait surtout pas répondre. Peut-être qu'il se calmerait, peut-être qu'il finirait par sombrer dans son habituel coma éthylique sur le canapé. J'attendais, figée, comme un animal traqué.

Puis j'entendis ses pas lourds dans le couloir. Il approchait.

- Je sais que tu m'entends, Angel ! Ouvre cette putain de porte ! 

Je me redressai lentement, essayant de calmer ma respiration, mais mes mains tremblaient. Je savais ce qui allait arriver. Il ne renoncerait pas. Pas ce soir. L'angoisse grandissait en moi, chaque seconde passée à l'écouter marteler la porte amplifiait mon envie de fuir, de disparaître.

D'un coup violent, la porte s'ouvrit. Mon père, grand et massif, se tenait sur le seuil. Ses yeux injectés de sang me fixaient avec une haine que je ne comprenais même plus. Il n'avait plus rien d'humain dans ces moments-là. Il n'était plus que colère et violence.

- Je t'ai parlé, putain ! Tu m'écoutes quand je te parle, bordel ! 

Avant que je puisse dire quoi que ce soit, il s'était jeté sur moi. Son poing s'abattit sur ma joue avec une force brutale, me projetant en arrière. Je sentis ma tête heurter violemment le mur, et une douleur fulgurante explosa dans mon crâne. J'essayai de me protéger, levant mes bras pour parer les coups, mais c'était inutile. Chaque impact semblait plus fort que le précédent.

- Tu crois que t'es meilleure que moi ? Hein ? Tu crois que tu peux m'ignorer ? 

Je ne répondais pas. Je n'avais jamais répondu. Chaque mot ne faisait qu'attiser sa fureur. Mais cette fois, quelque chose en moi se brisa. Ce n'était plus juste de la peur, c'était une certitude froide et implacable : si je ne partais pas maintenant, je ne survivrais pas.

Je ne sais pas combien de temps il a continué à me frapper avant de finalement s'arrêter. Peut-être qu'il avait simplement épuisé sa rage ou bien que l'alcool avait enfin eu raison de lui. Je restais là, recroquevillée au sol, respirant avec difficulté. J'avais mal partout. Mais malgré la douleur, une seule pensée s'imposait : je devais fuir.

J'ai attendu. J'ai écouté les bruits de son souffle devenir plus réguliers. Je l'ai entendu s'éloigner, retourner dans le salon où il a fini par s'effondrer sur le canapé dans un dernier grognement. C'était toujours comme ça. Après avoir déversé sa violence, il finissait par s'endormir, comme si rien ne s'était passé.

Cette fois, c'était différent pour moi. Je ne pouvais plus endurer cela. La peur avait laissé place à une sorte de détermination froide. Je savais que si je ne faisais rien, il finirait par me tuer, d'une façon ou d'une autre.

Je me redressai difficilement, chancelante, et allai vers la petite armoire où je rangeais mes affaires. Il fallait faire vite. J'attrapai mon vieux sac à dos et y fourrai quelques vêtements, mon passeport, l'argent que j'avais péniblement économisé en cachette, sous le matelas. Ce n'était pas grand-chose, mais c'était tout ce que j'avais. Chaque geste était calculé, précis. Pas de place pour l'hésitation. Mon cœur battait à tout rompre, mais je ne pouvais pas me permettre de paniquer.

Je jetai un dernier regard à l'appartement. Tout était en désordre, comme d'habitude. Des bouteilles vides jonchaient le sol, les meubles étaient sales et abîmés. Cet endroit n'avait jamais été un foyer pour moi, juste une prison.

Je sortis dans la nuit. L'air froid me frappa immédiatement, mais c'était presque agréable comparé à la chaleur suffocante de l'appartement. J'avais l'impression de respirer pour la première fois depuis des années. La rue était déserte, seule la pluie continuait de tomber, fine et glaciale, comme une couverture silencieuse sur cette ville endormie.

Je marchai d'un pas rapide, essayant de mettre le plus de distance possible entre mon père et moi. J'avais un plan, ou du moins quelque chose qui y ressemblait : partir le plus loin possible. Mes économies ne me permettaient pas de m'installer quelque part, mais elles pouvaient payer un billet d'avion. J'avais toujours rêvé de New York. Une ville immense où personne ne te connaît, où tu peux te perdre dans la foule et disparaître.

J'arrivai à la gare routière, ma respiration encore saccadée. Le prochain bus partait dans moins d'une heure. Il me conduirait à l'aéroport de Moscou, de là, je pourrais acheter un billet et quitter la Russie. J'avais tout juste assez d'argent pour un vol, et il n'y avait qu'un endroit en tête : les États-Unis. C'était fou, irréaliste même, mais c'était ma seule chance.

L'attente fut interminable. Assise sur un banc froid, je jetais des regards nerveux autour de moi, comme si mon père pouvait surgir à tout moment. Mais il ne viendrait pas. Pas cette nuit. Il serait encore plongé dans son sommeil alcoolisé pendant des heures.

Le bus finit par arriver. Je montai à l'intérieur, et la porte se referma derrière moi avec un bruit sourd. Je m'enfonçai dans mon siège, épuisée. Le trajet vers l'aéroport se déroula dans un silence lourd, interrompu seulement par le ronronnement du moteur et le bruit de la pluie qui continuait de tomber. J'étais trop fatiguée pour réfléchir, mais une chose était claire : je ne reviendrais jamais.

Arrivée à l'aéroport, l'ambiance était complètement différente. Des lumières vives, des gens partout, des annonces qui résonnaient dans les halls. Je me dirigeai directement vers un guichet et demandai le premier vol pour New York. L'agent me regarda un instant, peut-être intrigué par mon visage encore marqué par les coups, mais il ne posa aucune question. Un billet en main, je me dirigeai vers la salle d'embarquement, mon sac serré contre moi.

Quand l'avion décolla enfin, j'eus l'impression de laisser derrière moi une partie de moi-même. Je ne savais pas ce qui m'attendait de l'autre côté de l'Atlantique, mais tout valait mieux que ce que j'avais fui.

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Premier chapitre mouvementé. 👀

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Rendez vous au prochain chapitre 💬


Un ange en enfer T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant