~ Chapitre 31 ~

6 0 0
                                    

𝓘𝓿𝓪𝓷                                                                                                                                                                    Maison

Je regardais Angel, étendue sur le sol froid de cette cellule. Je ne pouvais pas détacher mes yeux de son corps meurtri, de son visage pâle marqué par la fatigue et la douleur. Je détestais chaque seconde de ce spectacle, mais c'était un mal nécessaire. Enfin, c'est ce que je m'efforçais de croire.

Elle ne comprenait pas pourquoi je faisais tout ça. Elle pensait que je voulais la briser, que je cherchais à l'asservir, à la faire plier sous mon pouvoir. Mais la vérité était bien plus sombre et complexe. J'étais coincé, tout comme elle.

Son père m'avait pris au piège.

C'était lui qui m'avait forcé la main. Quand il était réapparu dans nos vies, je pensais pouvoir gérer la situation, contenir la menace qu'il représentait. Je pensais que j'étais prêt à tout. Mais je ne m'attendais pas à la violence dont il était capable, à l'ultime trahison.

Je me souviens du jour où il m'a poignardée.

Mon sang s'écoulait doucement, s'était répandu sur le sol comme un torrent écarlate. Son père n'avait pas hésité une seule seconde avant de planter ce couteau dans mon ventre. Il m'avait regardée avec ce sourire dément, cet air de satisfaction glaciale, comme s'il n'était plus qu'une ombre d'homme, un être dépourvu de toute humanité. Je n'avais jamais ressenti une telle rage.

Je voulais le tuer sur-le-champ, mais il tenait entre ses mains quelque chose de plus puissant qu'une arme : mon avenir, et celui d'Angel.

-Tu veux qu'elle vive ? avait-il murmuré ce jour-là, essuyant le sang de ses mains avec un calme terrifiant. 

-Alors tu feras exactement ce que je te dis.

Et depuis ce jour, je n'avais eu d'autre choix que de jouer ce rôle. J'étais le maître de cette prison, le tortionnaire qui la brisait lentement, mais je n'avais jamais voulu ça. Pas vraiment. Si je l'avais enfermée, si je lui infligeais ces souffrances, c'était parce que c'était elle ou moi. C'était sa vie ou la mienne.

Son père savait que je l'aimais. Et il savait que c'était ma faiblesse. Il avait promis de la détruire de l'intérieur si je ne suivais pas ses ordres. J'étais pris dans son jeu. Un jeu dangereux où chaque faux pas signifiait la mort de celle que j'aimais plus que tout.

Je n'avais jamais voulu qu'elle souffre comme ça. Mais comment lui expliquer ? Comment lui dire que tout cela n'était qu'une façade, une manière de la protéger des ombres qui la traquaient, de son propre père qui voulait la tuer ?

Je l'observais se débattre dans cette cellule, se battre avec une force qui me glaçait le sang, malgré la douleur, malgré les blessures. Elle ne lâchait rien. C'était pour ça que je l'aimais. C'était cette rage silencieuse, cette force implacable qui la rendait différente des autres.

Mais je ne pouvais pas lui montrer ça. Si elle découvrait la vérité, si elle comprenait que tout ceci n'était qu'un jeu tordu de son père, elle voudrait se battre à mes côtés. Elle chercherait à le défier... et je ne pouvais pas risquer ça. Il l'écraserait. Il nous écraserait tous les deux.

Alors je restais silencieux. Je portais le poids de ce secret, ce mensonge qui me rongeait chaque jour un peu plus.

La porte de la cellule s'ouvrit. Je pris une grande inspiration, replaçant ce masque de froideur que je devais porter chaque fois que je me tenais face à elle. Angel ne devait jamais voir la vérité dans mes yeux.

Elle était assise, adossée au mur, ses poignets marqués par les chaînes, mais ses yeux, eux, brillaient d'une flamme indomptable. Elle me haïssait, je le voyais. Cette haine était le prix à payer pour la protéger. Elle pensait que j'étais son bourreau, et dans un sens, c'était vrai. Mais je faisais tout cela pour elle, même si elle ne pouvait pas le comprendre.

-Encore là pour me dire à quel point je ne suis rien sans toi ? lâcha-t-elle avec dédain.

Ses mots me frappèrent comme des coups de poing, mais je ne laissai rien transparaître.

-Tu t'obstines à ne pas comprendre, Angel, dis-je calmement, m'avançant lentement vers elle. 

-Tout ce que je fais... c'est pour que tu restes en vie.

Elle éclata de rire, un rire amer, sans joie.

 -En vie ? C'est ça ta définition de la vie ? Me garder enfermée ici, à me briser morceau par morceau ?

Je serrai les poings, sentant la colère monter en moi. Ce n'était pas censé être comme ça. Je voulais la sauver, pas la détruire. Mais comment pouvais-je lui expliquer ? Comment pouvais-je lui dire que si je la libérais, si je la laissais sortir, son propre père reviendrait la finir ?

-Si je ne fais rien, tu mourras, dis-je doucement, presque dans un murmure. 

-Il te tuera.

Ses yeux se plissèrent de méfiance, cherchant la vérité dans mes paroles. Mais je ne pouvais pas en dire plus. Pas encore.

-Qui ? demanda-t-elle, un éclat de curiosité dans la voix.

 -Qui veut me tuer, Ivan ?

Je ne répondis pas. Si je disais son nom, si je révélais que c'était son père, tout s'effondrerait. Elle perdrait sa rage contre moi, elle voudrait se venger de lui, et ça la mènerait à une mort certaine. Je ne pouvais pas prendre ce risque.

-Tu ne comprends pas encore, dis-je simplement avant de me tourner vers la porte.

Je devais partir avant que je ne cède à l'envie de tout lui avouer, avant que mon cœur ne prenne le dessus sur ma raison. Elle ne devait pas savoir.

Alors que je m'éloignais, j'entendis un bruit. Je fis un bref arrêt, le cœur battant, avant de reprendre ma marche. Je ne pouvais pas céder. Pas maintenant.

Derrière moi, le bruit de ses chaînes résonnait encore.

Et je savais qu'un jour, tout cela exploserait. Le mensonge que je lui cachais finirait par la dévorer... mais j'espérais que ce jour-là, je serais prêt.

Un ange en enfer T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant