Un ange en enfer T1

~ Chapitre 18 ~

𝓐𝓷𝓰𝓮𝓵                                                                                                                Salle d'entrainement au tir, 9h45

Le soleil commençait à peine à se lever lorsqu'Ivan me réveilla pour un nouvel entraînement. Cela faisait quelques semaines que j'avais accepté son contrat, et mes journées étaient maintenant rythmées par des séances intensives : combat à mains nues, maniement des armes, et bien sûr, stratégies de survie. Je me demandais parfois si je pourrais vraiment être à la hauteur de ce monde brutal, si je pourrais un jour me fondre totalement dans cet univers que je ne maîtrisais encore qu'à moitié.

Ce matin-là, l'air était frais, presque glacé, et mes muscles étaient encore engourdis de la fatigue des jours précédents. Ivan, lui, semblait implacable comme toujours, prêt à me pousser à mes limites. Je ne savais pas où il puisait toute cette énergie, ce feu qui le faisait avancer jour après jour sans jamais fléchir.

-Allez, Angel, bouge-toi ! dit-il d'un ton sec, déjà dans le petit terrain d'entraînement qu'il avait aménagé à l'arrière de la maison.

Je serrai les dents, tentant de suivre son rythme. Il m'avait déjà appris à manier un pistolet, mais aujourd'hui, il voulait passer à quelque chose de plus complexe : un fusil d'assaut. Le poids de l'arme entre mes mains me fit prendre conscience, une fois de plus, de la réalité dans laquelle je m'étais engagée.

Ivan s'approcha de moi, attrapant le fusil pour me montrer comment le tenir correctement.

 -C'est simple, mais il faut être précis. La moindre erreur peut te coûter la vie.

Je hochai la tête, mes doigts tremblant légèrement alors que je tentais de reproduire ses gestes. Il se tenait juste derrière moi, sa présence imposante me rappelant constamment à quel point chaque détail comptait. Ses mains étaient sur les miennes, guidant mes mouvements, me montrant comment viser avec précision.

-Respire profondément. Détends tes épaules. Il ne faut jamais tirer en étant tendue.

J'essayai de suivre ses instructions, mais mon cœur battait plus vite à chaque seconde. Je savais qu'il m'observait de près, son regard perçant suivant chacun de mes mouvements. Ce n'était pas seulement un entraînement, c'était une épreuve. Une épreuve pour voir si j'étais capable de m'adapter à ce monde impitoyable.

-Allez, Angel. Tire.

Je pris une grande inspiration et pressai la détente. Le coup de feu résonna dans le silence du matin, mais ma précision laissait à désirer. La cible que j'étais censée toucher n'avait même pas été effleurée. La déception monta en moi, suivie de près par la frustration. Je savais que je pouvais faire mieux, mais quelque chose en moi résistait.

Ivan fronça les sourcils, se rapprochant de moi.

 -Qu'est-ce qui ne va pas ? Tu perds ta concentration.

-Je... je ne sais pas, balbutiai-je, mes mains tremblant encore plus fort.

Il m'attrapa doucement par le bras, m'obligeant à le regarder dans les yeux.

 -Ne me dis pas que tu ne sais pas. Qu'est-ce qui se passe dans ta tête, Angel ?

Son ton était ferme, mais pas agressif. Il voulait comprendre, mais je sentais la pression monter en moi. L'arme, le poids de tout ce que j'avais vécu, la tension constante... c'était trop. Trop d'un coup.

Mon souffle commença à s'accélérer sans que je puisse le contrôler. Mes pensées tournaient en boucle, me ramenant à des souvenirs que je pensais avoir enfouis. Mon père, ses cris, la violence, la terreur. Chaque image se superposait à la suivante, et bientôt, l'air sembla me manquer.

-Angel ? La voix d'Ivan était lointaine, floue. Je ne pouvais plus me concentrer.

Je lâchai le fusil, reculant d'un pas, ma respiration devenant de plus en plus erratique. Mon cœur battait si fort que j'avais l'impression qu'il allait exploser dans ma poitrine. Je plaquai une main contre ma bouche, essayant de contenir l'angoisse, mais c'était trop tard. Je ne pouvais plus la repousser.

-Je... je peux pas... murmurai-je, mes jambes flageolant sous moi.

Ivan réagit immédiatement. Il s'approcha, prenant mon visage entre ses mains pour m'obliger à le regarder. 

-Hé, calme-toi. Respire, Angel. Respire avec moi.

Mais c'était comme si mes poumons refusaient d'obéir. Mes mains se mirent à trembler, mes pensées devenaient de plus en plus floues, et l'angoisse me submergea, me plongeant dans un tourbillon de panique incontrôlable.

Ivan ne lâcha pas prise. Il maintint son regard fixé sur le mien, ses pouces caressant doucement mes joues, essayant de me ramener à la réalité. 

-Angel, regarde-moi. Respire. Inspire... expire... calme-toi. Je suis là.

Je tentai de suivre ses instructions, mais chaque inspiration était une lutte. L'air semblait refusé d'entrer dans mes poumons. Mes mains se crispèrent sur sa veste, agrippant le tissu comme si ma vie en dépendait. Je ne voulais pas sombrer. Pas encore.

-Angel... tu es en sécurité ici. Il n'y a personne d'autre que toi et moi. Tu contrôles tout.

 Sa voix grave, presque douce, m'aidait à me raccrocher à quelque chose de tangible.

Petit à petit, mon souffle ralentit, devenant moins saccadé, mais mes jambes étaient encore faibles. Ivan me soutint, me guidant jusqu'à un banc à proximité. Je m'assis lourdement, le visage enfoui dans mes mains, essayant de reprendre contenance.

Il s'agenouilla devant moi, ses mains toujours sur mes genoux, ses yeux sombres fixés sur les miens avec une intensité que je n'avais jamais vue auparavant. 

-Tu ne peux pas te laisser emporter par ça. Pas maintenant. Si tu veux survivre ici, tu dois apprendre à dompter cette peur.

Je relevai doucement la tête, mes yeux encore embués de larmes, mais je sentis une étincelle de défi monter en moi. 

-Je... je fais de mon mieux.

Il hocha lentement la tête, reconnaissant l'effort.

 -Je sais. Mais ton passé ne doit plus avoir de pouvoir sur toi. Ses mots étaient durs, mais il avait raison.

Le silence retomba entre nous, mais il n'était pas inconfortable. Ivan resta près de moi, veillant à ce que je retrouve mon calme, ses doigts toujours fermement posés sur mes genoux, comme un ancrage.

-Merci... murmurai-je finalement, ma voix rauque. Ce simple mot contenait tellement de choses que je ne pouvais pas encore formuler. Ivan me regarda, ses yeux adoucis par une émotion que je ne pouvais pas encore nommer. Peut-être de la compréhension, peut-être autre chose.

Il finit par se lever et me tendit la main. 

-On reprend quand tu seras prête. Mais je veux que tu te souviennes de ça : je ne te laisserai pas tomber. Peu importe ce qui se passe.

Je pris sa main, m'accrochant à cette promesse silencieuse. Malgré tout ce que nous étions, malgré la violence, la confusion, il y avait là, à cet instant précis, un fragile équilibre. Et quelque part au fond de moi, je savais que je pouvais compter sur lui.

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Crise d'angoisse. 

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