Un ange en enfer T1

~ Chapitre 13 ~

𝓐𝓷𝓰𝓮𝓵                                                                                                                             La maison d'Ivan, 23h47 

Le silence avait enveloppé la maison après cette nuit d'intimité intense, mais mon esprit n'était pas en paix. Je descendis lentement de l'étreinte d'Ivan, le laissant endormi dans le lit. Mon corps était encore chaud de nos échanges, mais mes pensées, elles, bouillonnaient.

Je descendis les escaliers en essayant de ne pas faire de bruit, mon cœur battant dans mes tempes. Dans la cuisine, je pris un verre d'eau, essayant de chasser la confusion qui s'était installée en moi. Pourquoi maintenant ? Pourquoi lui ? Ivan m'attirait de façon inexplicable, mais je ne pouvais pas m'empêcher de ressentir cette culpabilité sourde. Tout allait trop vite. Je sentais que je perdais pied, que ce monde m'engloutissait petit à petit.

Alors que je me perdais dans mes pensées, j'entendis des pas. Ivan.

Il s'approcha de moi, silencieux, son regard perçant scrutant chaque expression sur mon visage. La tension entre nous était palpable, presque étouffante. Il se planta devant moi, ses yeux ne quittant pas les miens.

-Tu essaies de fuir encore ?  demanda-t-il calmement, mais je pouvais percevoir l'acier sous ses mots.

Je secouai la tête, mais la vérité était que je ne savais pas ce que je faisais. J'étais perdue, entre mon passé qui me hantait et ce présent incertain avec lui.

-Non, murmurai-je finalement. 

-Je ne fuis pas... je... Je soupirai, incapable de terminer ma phrase.

Comment expliquer ce chaos qui régnait en moi ?

Il avança, comblant l'espace entre nous, sa présence imposante me rappelant que je n'étais pas seule. Je levai les yeux vers lui, cherchant des réponses dans son regard. Mais au lieu de ça, je trouvai une sorte de défi, une demande silencieuse de confiance.

-Tu ne me fais toujours pas confiance, déclara-t-il, non pas comme une question, mais une observation. Il passa une main dans ses cheveux, un geste rare de frustration chez lui.

 T-u es dans ma maison, dans mon lit, mais tu es encore à des kilomètres de moi, Angel.

Ses paroles résonnèrent en moi. Il avait raison. Malgré ce lien physique, quelque chose me retenait encore. Mon passé, mes cicatrices, tout ce que j'avais vécu avant de le rencontrer.

Je pris une profonde inspiration, essayant de trouver le courage de parler.

-Je ne sais pas si je peux. Ma voix était tremblante, presque un murmure. 

-Je ne suis pas comme toi. Je ne sais même pas qui je suis... ou ce que je veux vraiment. Tout est tellement... flou.

Ivan s'avança encore, me forçant à lever la tête pour croiser son regard.

 -Alors, commence par me dire ce que tu as laissé derrière toi.

Je me figeai. Il venait de toucher un point sensible. Je n'avais jamais parlé de mon passé, ni à lui, ni à personne. C'était mon fardeau, un poids que je traînais avec moi, et je n'étais pas prête à le partager. Pas maintenant.

Mais Ivan ne me laissait pas d'échappatoire. Ses yeux étaient durs, mais il y avait aussi une étrange douceur dans son ton, quelque chose qui me disait qu'il voulait comprendre, peut-être même m'aider.

Je pris une longue inspiration, mes mains tremblantes contre le verre d'eau.

 -Mon père...  commençai-je, la gorge serrée. 

-Il n'était pas... un homme bien. Il buvait, il me frappait. J'ai vécu des choses que personne ne devrait vivre.

Ivan resta silencieux, me laissant continuer, mais je pouvais voir son regard s'assombrir à l'évocation de ce passé douloureux.

-Un jour, ça a été trop. Je me suis enfuie. J'ai quitté la Russie sans rien dire, sans me retourner. J'ai pris l'avion pour les États-Unis, pensant pouvoir tout laisser derrière moi. Mais... on n'échappe pas à son passé aussi facilement. Ma voix se brisa légèrement à la fin.

Il ne dit rien pendant un moment, son regard plongé dans le mien. Il semblait peser mes paroles, comprendre ce que j'avais traversé, ce qui m'avait formée. Finalement, il avança sa main et la posa doucement sur la mienne, comme pour me dire qu'il comprenait, même sans mots.

-Tu n'es plus seule, Angel, dit-il enfin, sa voix grave et assurée.

 -Tu fais partie de ce monde maintenant. De mon monde. Il se pencha légèrement, ses lèvres effleurant mon front.

 -Et je te protégerai. Même de toi-même, s'il le faut.

Il y avait quelque chose dans son ton, dans cette promesse implicite, qui me réchauffa le cœur, malgré tout le chaos qui bouillonnait encore en moi.

Mais au même moment, une tension différente se créa dans l'air. Ivan n'était pas seulement un protecteur, il était aussi un homme de pouvoir, et je le sentais à travers chacun de ses gestes. Il s'était rapproché encore, son souffle chaud contre ma peau, et une nouvelle vague de désir monta en moi.

Ce n'était plus simplement une question de tendresse ou de réconfort. Il y avait quelque chose de plus brut, de plus primaire. Nos yeux se rencontrèrent à nouveau, et cette fois, c'était un défi silencieux que nous nous lançions.

Je savais où cela nous mènerait, mais je ne fis rien pour l'arrêter. C'était un jeu dangereux, un jeu auquel j'avais déjà consenti. Et avant que je puisse dire un mot de plus, Ivan m'attrapa par la taille, me tirant vers lui dans un geste plein de possessivité.

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Le reste de la nuit passa dans une intensité silencieuse, mêlée de désir et de cette étrange connexion qui nous liait de plus en plus. Mais il y avait toujours une distance entre nous, une barrière invisible que ni l'un ni l'autre ne pouvait totalement franchir.

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Le lendemain matin, je me réveillai seule. Le soleil filtrait à travers les rideaux, et la maison était calme, trop calme. Je savais que la vie devait continuer, que le monde extérieur n'attendait pas. Ivan avait ses affaires, ses responsabilités, et moi... je devais me préparer à affronter le mien.

Mais une chose était sûre : cette nuit avait changé quelque chose en moi. Peut-être pas de la manière dont je l'avais prévu, mais elle avait fait éclater les dernières défenses que j'avais érigées. Maintenant, je n'avais plus d'autre choix que de plonger encore plus profondément dans ce monde, d'accepter pleinement ce que cela signifiait.

J'étais liée à Ivan, d'une manière ou d'une autre. Et cela ne ferait que devenir plus complexe à partir de maintenant.

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