Un ange en enfer T1

~ Chapitre 6 ~

𝓐𝓷𝓰𝓮𝓵                                                                                                                                                              ???

Les jours s'égrenaient lentement, comme des gouttes d'eau qui tombent d'un robinet qui fuit. Chaque minute me semblait une éternité, et le temps lui-même devenait un ennemi. Malgré la présence d'Isa, malgré ses efforts pour me soutenir, je me sentais sombrer de plus en plus dans une solitude écrasante.

Au début, je lui parlais, je partageais mes peurs, mes espoirs. Mais peu à peu, les mots se tarirent. Chaque conversation devenait un rappel de ma situation, et je ne voulais plus y penser. J'avais commencé à me renfermer sur moi-même, comme une huître se recroqueville dans sa coquille.

-Angel, tu vas bien ?  me demandait souvent Isa, mais je ne pouvais pas répondre.

 Je ne voulais pas lui montrer à quel point j'étais brisée. Mon regard se perdait dans le vide, mes pensées tourbillonnant comme une tempête sans fin.

La présence d'Ivan ne faisait qu'aggraver les choses. Il devenait de plus en plus imprévisible, s'approchant de moi à des moments aléatoires, sa voix rauque résonnant dans la pièce. Ses insinuations, ses menaces voilées, tout cela se mélangeait à ma panique déjà installée.

- Tu es toujours si silencieuse, Angel. J'espère que tu ne prépares pas quelque chose dans mon dos. Tu sais que je ne tolérerai pas ça. 

Ses mots glissaient dans l'air comme un poison.

Je détournais le regard, craignant de croiser son regard perçant.

 -Je ne fais rien. Je suis juste fatiguée. 

Il riait alors, un rire sec qui résonnait comme un coup de fouet. 

-Fatiguée ? Ou juste lasse de jouer ? 

Je ne répondais pas. Les échanges étaient devenus une simple routine, un ballet de menaces voilées et de silences gênants. J'avais perdu le goût de la vie. Chaque jour, je me levais, mais je me sentais comme un fantôme errant dans cette pièce sans fenêtre, sans espoir.

Isa continuait à venir, mais je l'écartais doucement, préférant la solitude à la promesse d'une aide que je ne voulais pas accepter. J'avais l'impression que, si je lui parlais, je dévoilerais mes faiblesses, mes blessures béantes qui n'avaient pas encore cicatrisé. Je ne voulais pas être une fardeau pour elle.

Un soir, alors que je restais prostrée sur la chaise, j'entendis la porte s'ouvrir. C'était Isa, ses yeux tristes cherchant les miens. Elle s'assit à côté de moi, mais je ne lui rendis pas son regard. Je fixai le sol, mes pensées s'emmêlant dans une toile d'angoisse et de désespoir.

- Angel, je suis inquiète pour toi. Ça fait plusieurs jours que tu ne dis rien. Je suis là pour t'aider, mais je ne peux pas le faire si tu ne me parles pas , dit-elle, sa voix empreinte de préoccupation.

Je me sentais coupable, mais je ne pouvais pas me forcer à lui répondre. 

-Je ne veux pas parler. Ma voix était un murmure, presque inaudible.

- Ne dis pas ça. J'ai besoin de toi. On doit se battre ensemble. Je ne veux pas que tu tombes dans ce trou noir. 

Son ton était désespéré, et cela me touchait. Mais je ne pouvais pas. Je me sentais engoncée dans une armure de douleur et de honte, et la seule chose que je savais faire, c'était de rester silencieuse.

Les jours passèrent, et la distance entre nous se creusa. Je m'enfermai dans une bulle, essayant de me protéger du monde extérieur. Mes pensées devenaient sombres, enchevêtrées dans un tourbillon de regrets et de peurs. J'entendis souvent Ivan passer à côté de ma porte, riant et discutant avec d'autres, mais je n'avais plus la force de sortir de ma tanière.