Chapitre 1

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C'était un matin comme un autre dans le quartier animé de Saint-Germain-des-Prés. 

Les pavés luisants sous la pluie de la veille reflétaient les premières lueurs d'un soleil timide. 

 Le Café des Arts, niché à l'angle d'une petite rue, accueillait déjà ses premiers clients. La douce odeur du café fraîchement moulu se mêlait au murmure des conversations matinales. 

 Cédric s'installa à sa table habituelle, près de la fenêtre. Trente-six ans, brun aux cheveux légèrement en bataille, il avait ce charme tranquille de ceux qui n'ont pas besoin d'en faire trop pour être remarqués. Architecte de profession, il passait souvent ses matinées à feuilleter des revues d'art et à griffonner des esquisses sur un carnet, observant distraitement les passants. De l'autre côté de la ville, Chloé se pressait dans les rues, tentant d'éviter la foule grandissante des Parisiens qui se rendaient à leur travail. 

 Elle venait de boucler une longue réunion et cherchait un endroit où se poser, se ressourcer avant d'affronter le reste de la journée. Ses cheveux châtains, légèrement ondulés, étaient encore humides de la pluie fine qu'elle avait traversée. 

 Chloé, vingt-huit ans, était traductrice. Elle aimait flâner dans les librairies et s'attardait souvent dans les cafés pour savourer un bon roman ou travailler sur ses traductions.

Ce matin-là, son choix se porta sur le Café des Arts, un lieu qu'elle n'avait encore jamais visité. Elle poussa la porte d'un geste rapide, secouant son parapluie à l'entrée. Sans vraiment regarder devant elle, absorbée par l'atmosphère chaleureuse du café, elle heurta violemment quelqu'un. 

 — Oh, pardon ! s'exclama-t-elle, déstabilisée, en relevant les yeux vers l'homme qu'elle venait de bousculer. 

 Cédric, légèrement surpris mais amusé par la maladresse de la jeune femme, lui sourit. 

— Ce n'est rien, vraiment, répondit-il d'une voix posée, en remarquant le rouge qui montait aux joues de Chloé. 

 Embarrassée, Chloé ne put s'empêcher de remarquer la gentillesse dans le regard de cet inconnu. Elle balbutia quelques mots d'excuse avant de se diriger vers le comptoir pour commander son café. Alors qu'elle attendait sa commande, une idée lui traversa l'esprit. C'était sa faute, après tout. Pour se faire pardonner, elle décida de payer le café de cet homme qu'elle venait de croiser. 

— Je prendrai aussi un café pour ce monsieur, dit-elle en désignant Cédric du menton. 

 Le serveur, habitué aux excentricités des clients du quartier, hocha simplement la tête en acceptant son paiement. Chloé récupéra son café et alla s'installer à une table au fond, espérant se fondre dans l'anonymat du lieu.

Cédric, de son côté, avait observé la scène de loin, intrigué. Lorsqu'il vint payer son café, le serveur lui fit signe que tout était déjà réglé. Surpris, il chercha du regard la jeune femme qu'il avait croisée. Il la repéra rapidement, assise à une table, le nez plongé dans un livre. Après un instant d'hésitation, il décida de s'avancer. 

 — Excusez-moi, dit-il en se plantant devant elle, un sourire en coin. J'ai appris que je vous devais ce café. Chloé releva la tête, surprise de le voir. 

 — Oh... ce n'était rien, vraiment, répondit-elle avec un sourire timide. Juste une manière de m'excuser pour tout à l'heure. 

Cédric observa la jeune femme un instant. Il était rare qu'un simple geste de politesse le touche autant. Il s'installa à sa table, et la conversation s'engagea naturellement. Ils parlèrent de tout et de rien : de l'architecture, des livres, des voyages. Le temps semblait suspendu dans ce coin de café, loin de l'agitation extérieure. Au bout d'un moment, alors que leur discussion prenait fin, Cédric hésita un instant avant de demander, d'un ton légèrement plus sérieux :

Rouge CaféOù les histoires vivent. Découvrez maintenant