Chapitre 13

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La lumière dorée de l'après-midi inondait la chambre, réchauffant l'atmosphère déjà chargée des souvenirs de leur intimité partagée. Chloé, encore enveloppée de la chaleur de Cédric, se redressa légèrement. Leurs corps étaient encore marqués par la passion, mais quelque chose d'autre flottait dans l'air 


— un sentiment d'inquiétude, d'incertitude. 

Chloé se réveilla lentement, encore enveloppée de la chaleur des draps. Cédric dormait toujours à ses côtés, son visage apaisé par un sommeil profond. Elle l'observa un moment, une vague de tendresse la submergeant. 

Pourtant, cette tendresse était rapidement rattrapée par une ombre de doute, une inquiétude sourde qui grandissait dans son esprit. Elle se leva discrètement, veillant à ne pas le réveiller, et se rendit dans la salle de bain. 

Tandis qu'elle se regardait dans le miroir, les événements de la nuit passée refaisaient surface, accompagnés cette fois de nouvelles questions. Le plaisir intense qu'elle avait ressenti avec Cédric était indéniable, mais à présent, elle ne pouvait plus ignorer les conséquences de leurs actes.

Les mots échangés la veille, leurs différences fondamentales sur des sujets aussi cruciaux que l'avenir, les enfants... Tout cela revenait en force, la plongeant dans une incertitude étouffante. 

Cédric avait été clair sur sa vision de la vie, sur ce qu'il voulait et ce qu'il ne voulait pas. Chloé, malgré son désir de croire en une possible évolution de ses sentiments, réalisait que cela pourrait bien être un espoir vain. 

Elle s'habilla rapidement et sortit de la salle de bain, trouvant Cédric réveillé, assis au bord du lit, les yeux encore embués de sommeil. Il lui sourit, un sourire doux et sincère, mais elle remarqua immédiatement la lueur de questionnement dans ses yeux. 

— Hey, murmura-t-il, se levant pour la rejoindre. 

— Coucou toi, répondit-elle en esquissant un sourire, essayant de dissimuler ses pensées troublées. 

Il s'approcha et l'embrassa tendrement sur le front, mais Chloé se sentit soudain envahie par une vague de malaise. La légèreté semblait s'être évaporée, laissant place à une tension qu'elle ne pouvait plus ignorer. Cédric s'en aperçut immédiatement. 

— Chloé, est-ce que tout va bien ? demanda-t-il, son regard scrutant le sien.

Elle hésita un instant, cherchant ses mots. Elle ne voulait pas gâcher ce qu'ils avaient partagé, mais elle ne pouvait non plus rester silencieuse face aux doutes qui l'habitaient. 


— Cédric... tout à l'heure, c'était... intense, et merveilleux, dit-elle doucement. Mais je ne peux m'empêcher de penser à ce qu'on a dit, à ce qu'on a partagé juste avant. Et je me demande... est-ce qu'on ne s'est pas précipités ? Cédric recula légèrement, son expression se fermant un peu, comme s'il tentait de comprendre où elle voulait en venir. 

— Précipités ? Tu veux dire... à cause de nos différences ? Chloé acquiesça, baissant les yeux. 

Le silence qui s'installa entre eux était lourd, chacun mesurant les implications des paroles échangées. Cédric soupira et passa une main dans ses cheveux, cherchant à mettre de l'ordre dans ses pensées.

— Écoute, Chloé, je comprends tes préoccupations. Ce que nous avons, c'est complexe. Mais je crois qu'on ne peut pas tout anticiper. Ce qu'on a vécu cet après midi... c'était réel, puissant. Est-ce que ça ne compte pas aussi ? Chloé releva les yeux, touchée par sa sincérité. Oui, ce qu'ils avaient partagé était profond, mais cela suffisait-il à surmonter des différences si fondamentales ? 


— Je sais que ça compte, Cédric, dit-elle d'une voix tremblante. Mais je ne peux m'empêcher de me demander si, à long terme, cela nous suffira. J'ai peur de m'attacher encore plus, pour découvrir qu'on est sur des chemins différents. 

Cédric resta silencieux, ses yeux se posant sur le sol. Il semblait réfléchir intensément, pesant le pour et le contre, mais une ombre de frustration se dessinait sur son visage. 

— Et toi, qu'est-ce que tu veux vraiment, Chloé ? demanda-t-il finalement, son ton sérieux. Est-ce que tu veux continuer à essayer, malgré ces doutes ?

Chloé sentit son cœur se serrer. Elle ne voulait pas tout abandonner, mais elle ne voulait pas non plus se mentir à elle-même. 


— Je veux continuer, Cédric, répondit-elle avec honnêteté. Mais je ne veux pas qu'on ferme les yeux sur ce qui pourrait devenir un problème. Il faut qu'on soit clairs l'un avec l'autre, qu'on ne s'enferme pas dans une illusion. 

Cédric hocha la tête, bien qu'une lueur de tristesse traversât son regard. Il s'approcha d'elle, posant une main sur sa joue, et l'embrassa doucement. 

— Alors continuons, murmura-t-il. Mais soyons attentifs. Si jamais l'un de nous sent que ça ne fonctionne plus, on se le dira, sans détour. 

Chloé acquiesça, soulagée par cette promesse, mais une part d'elle ne pouvait s'empêcher de craindre le jour où cette conversation pourrait revenir, avec des conséquences plus définitives.

Ils décidèrent de profiter du reste de la journée ensemble, mais l'ambiance avait changé. Un poids nouveau s'était installé entre eux, une conscience aiguë des risques qu'ils prenaient. Leurs rires étaient plus mesurés, leurs gestes plus réfléchis, comme s'ils tentaient de préserver ce qui pouvait encore l'être. Alors qu'ils étaient assis dans le salon, une légère sonnerie de téléphone résonna dans la pièce. Cédric attrapa son portable sur la table et son visage se figea en voyant le nom affiché : Floriane. 

Il sentit son cœur se serrer, mais il tenta de dissimuler son trouble en répondant. Floriane lui annonça qu'elle avait terminé plus tôt que prévu et qu'elle rentrait à la maison dans une heure. 

Cédric, sachant que Chloé était encore là, se sentit soudain pris au piège. Il raccrocha et se tourna vers Chloé, qui avait observé son changement d'attitude avec une certaine appréhension.

— C'était Floriane, dit-il enfin, sa voix légèrement tendue. Elle rentre plus tôt que prévu... dans une heure. 


Chloé sentit son estomac se nouer. Elle avait oublié, pendant quelques heures, que cette maison n'était pas la sienne, que l'ombre de Floriane planait toujours sur leur relation. Elle se leva rapidement, cherchant ses affaires, une panique silencieuse commençant à l'envahir. 

— Je dois partir, murmura-t-elle. C'est mieux comme ça. 

Cédric acquiesça, mais son cœur se serra en la voyant si précipitée. Il savait que la situation était délicate, mais il ne pouvait s'empêcher de se sentir coupable de la voir partir ainsi, comme une étrangère dans ce qui était encore, techniquement, son foyer partagé avec Floriane. 

Il la raccompagna à la porte, un silence pesant entre eux. Avant qu'elle ne franchisse le seuil, il l'attrapa par le bras et la tira doucement vers lui, plongeant son regard dans le sien. 

— Chloé, je suis désolé, dit-il sincèrement. Ce n'est pas comme ça que je voulais que ça se passe. Chloé sourit faiblement, touchée par son inquiétude, mais elle secoua doucement la tête.

— Ce n'est pas ta faute, Cédric. C'est juste... compliqué, dit-elle. Je t'appelle plus tard, d'accord ? 

Il hocha la tête, la laissa partir, mais resta longtemps à la porte après son départ, le cœur lourd. 

La journée, qui avait commencé sous le signe de la passion, se terminait sur une note amère. Et il savait que les jours à venir seraient marqués par cette incertitude qui venait de s'installer entre eux.

Rouge CaféOù les histoires vivent. Découvrez maintenant