Chapitre 6

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La relation entre Chloé et Mathieu avait commencé à se fissurer après la confrontation de la veille. 

Chloé, malgré ses efforts pour se montrer présente et attentive, sentait le poids de la méfiance de Mathieu peser sur leurs échanges. 

Chaque mot semblait calculé, chaque geste teinté d'une tension palpable. Le lien qui les unissait autrefois avec tant de fluidité se transformait en une corde raide sur laquelle ils marchaient tous les deux, en équilibre précaire. 

Mathieu, quant à lui, se trouvait dévoré par une frustration silencieuse. Les pensées tourbillonnaient dans son esprit, le rendant incapable de voir clairement ce qu'il ressentait. Il se sentait trahi, blessé, et pourtant, il n'arrivait pas à exprimer cette douleur autrement qu'en la projetant sur Chloé. Il lui en voulait, mais sa colère prenait une forme subtile, presque imperceptible, comme une lame cachée derrière des mots doux. Ce soir-là, ils s'étaient retrouvés chez Chloé, comme à leur habitude. 

Mais l'ambiance était lourde, oppressante. Mathieu était assis sur le canapé, l'air détendu en apparence, mais ses yeux trahissaient une certaine froideur. Chloé, debout dans la cuisine, préparait le thé, essayant de se concentrer sur des gestes simples pour éviter d'affronter les regards de Mathieu.

— Tu sais, Chloé, commença-t-il d'une voix calme, presque douce. Je me demande parfois si je ne t'ai pas surestimée. Chloé se figea, la tasse qu'elle tenait tremblant légèrement dans ses mains. Elle se retourna lentement, son cœur se serrant à l'écoute de ces mots. 


— Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda-t-elle, tentant de maintenir une voix neutre. Mathieu haussa légèrement les épaules, son ton toujours aussi posé, mais chaque mot était choisi avec une précision chirurgicale. 

— Juste que... je me rends compte que peut-être, je t'ai mise sur un piédestal. Que je t'ai vue comme quelqu'un d'autre. Peut-être que je voulais voir quelque chose en toi qui n'existait pas vraiment, c'est tout. Mais bon, c'est peut-être moi qui me suis trompé.

Les paroles de Mathieu frappèrent Chloé comme des coups, subtils mais profondément blessants. Elle savait qu'il cherchait à la déstabiliser, à lui faire mal sans se montrer explicitement cruel. C'était une forme de manipulation douce, presque imperceptible, mais qui la laissait démunie, sans voix. 


— Mathieu... ce n'est pas juste, murmura-t-elle, les larmes menaçant de couler. Ce que tu dis, ce que tu insinues... ça me fait mal. Je ne suis pas parfaite, je le sais, mais je fais de mon mieux. Mathieu la regarda, un léger sourire en coin, qui n'atteignait pas ses yeux. 

— Oh, je suis sûr que tu fais de ton mieux, Chloé. Mais parfois, on se demande si ce "mieux" est vraiment suffisant, non ? Enfin... on a tous nos limites. Moi y compris. Il se leva du canapé, s'approchant d'elle lentement. Il s'arrêta juste devant elle, sa présence imposante et pesante.

— Tu sais, Chloé, je t'ai dit que je t'aimais hier. Mais tu n'as jamais répondu. Ça aussi, ça me fait réfléchir. Peut-être que c'est là le vrai problème. Peut-être que tu n'es pas vraiment là, avec moi. 

Chloé baissa les yeux, incapable de soutenir le regard de Mathieu. Elle se sentait coupable, perdue, et surtout, déçue par cet homme qui se révélait sous un jour qu'elle ne connaissait pas. 

— Je... je ne voulais pas te faire de mal, Mathieu. Je suis désolée de ne pas avoir répondu, mais je suis tellement perdue en ce moment. Je ne sais plus ce que je ressens, et je ne veux pas te mentir, dit-elle, la voix brisée. 

Mathieu soupira, comme s'il s'attendait à cette réponse. Il se pencha vers elle, posant une main sur son épaule, un geste qui aurait dû être réconfortant, mais qui ne faisait que renforcer son malaise.

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