Chapitre 2 l'éclaireuse

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Le matin se levait doucement et le jour perçait à travers les rideaux fins de la chambre de Willow. La lumière pâle du jour peinait à percer le voile brumeux qui recouvrait encore les arbres, comme une fine couverture protectrice, mais la luminosité était suffisante pour empêcher Willow de se rendormir. Elle se redressa lentement dans son lit et s'étira, son corps était encore marqué par la douleur de la veille. Elle s'assit sur le bord de son lit, ses doigts massant son poignet, là où la croix laissait une brûlure invisible mais constante. Même si la souffrance s'était atténuée depuis l'affrontement, elle la sentait toujours, tapie dans l'ombre, prête à se manifester à nouveau. La croix avait dégonflé pour la première fois en deux semaines redevenant une fine ligne blanche imperceptible. Aucun bruit dans la maison.

Willow soupira, passant une main dans ses longs cheveux noirs. Elle jeta un coup d'œil vers la fenêtre, où Raven était assis, ses yeux d'ambre scrutant la forêt, immobile comme une statue. Ce chat n'était pas simplement son compagnon ; il était son protecteur, son éclaireur. Plus d'une fois, il l'avait avertie de dangers approchant bien avant qu'elle ne les perçoive elle-même.

Soudain, Raven se retourna vers elle, son regard fixé dans le sien. Un message passait entre eux, sans avoir besoin de mots. Quelque chose approchait.

« Qu'est-ce que tu sens, mon vieux ? » demanda Willow à voix basse, tout en se levant et en enfilant sa robe noire de la veille. Ses mains tremblaient légèrement alors qu'elle boutonnait le col, encore hantée par la vision de la silhouette ténébreuse de la nuit précédente. Elle n'avait jamais été confrontée à une présence aussi puissante, et l'idée que cela ne soit que le début la remplissait d'une appréhension sourde.

Raven se laissa tomber gracieusement de la fenêtre et s'approcha d'elle, ses mouvements élégants et fluides. Il émit un faible miaulement, presque imperceptible, puis tourna la tête en direction de la porte d'entrée. Sans hésiter, Willow comprit qu'elle devait suivre son guide.

Elle se dirigea vers la porte, s'emparant de son long manteau en velours noir accroché à un crochet près de l'entrée. À l'instant où elle ouvrit la porte, un vent frais s'engouffra dans la maison, soulevant légèrement les pans de sa robe. Dehors, la brume semblait plus dense qu'à l'accoutumée, s'enroulant autour des arbres comme des fantômes en errance.

Willow s'accroupit, regardant Raven, qui observait la forêt avec une intensité inhabituelle. « Où m'emmènes-tu cette fois ? » murmura-t-elle.

Le chat tourna les talons et se glissa silencieusement dans les herbes hautes qui bordaient le sentier menant à la forêt. Willow le suivit, attentive aux signes de la nature autour d'elle. Les arbres, bien que familiers, semblaient plus imposants, comme si la forêt elle-même était devenue vivante, consciente de sa présence. Une part d'elle n'avait aucune envie de retourner près de la foret mais ses pieds avançait l'un après l'autre comme une marche automatique et incontrôlables, son corps détaché de sa volonté et de son esprit.

Au fur et à mesure qu'ils s'enfonçaient dans les profondeurs de la forêt, Willow sentit quelque chose changer. L'air devenait plus épais, plus lourd. Les chants des oiseaux s'étaient tus, remplacés par un silence oppressant, uniquement perturbé par le bruissement des feuilles sous leurs pas. Elle aurait pu jurer qu'ils n'étaient plus seuls. A sa grande surprise lorsqu'elle sonda son intuition aucune peur ne s'insinuait en elle, au contraire elle se sentait étrangement en sureté ce matin dans cette forêt pourtant témoin de l'apparition horrifique de la veille.

Raven s'arrêta soudainement au pied d'un immense chêne, ses yeux fixés sur une forme indistincte juste devant eux. Willow plissa les yeux, essayant de distinguer ce que le brouillard dissimulait. Puis elle la vit.

Les fragments de l'ombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant