Les fragments de l'ombre

Chapitre 7 : Le cercueil

La petite église du village était enveloppée d'un silence lourd, un silence que seul le bruit des pas feutrés des villageois pouvait briser. Les bancs en bois, patinés par le temps, étaient remplis de visages familiers, tous marqués par la tristesse et l'angoisse. Willow se tenait au milieu de la foule, ses yeux rivés sur le cercueil, son cœur serré.

Aujourd'hui, ils étaient là pour dire adieu à Mme Bertrand, une femme âgée qui avait toujours eu un mot gentil pour chaque enfant du village. Sa mort avait frappé tout le monde comme un coup de tonnerre, une triste nouvelle qui s'était répandue comme une traînée de poudre. Willow avait souvent aidé la vieille dame dans son jardin, goûtant aux fruits de ses labeurs et écoutant ses histoires de traditions anciennes. C'était une perte pour tout le monde, et un sentiment de désespoir s'était emparé du village.

La cérémonie était simple, mais émouvante. Les chants de cantiques résonnaient doucement, mélodie douce-amère qui emplissait l'air. Willow se laissa porter par la mélodie, les mots résonnant en elle alors qu'elle repensait aux moments passés avec Mme Bertrand. Mais quelque chose n'allait pas. Une tension sourde enveloppait l'église, une présence étrange qu'elle ne pouvait pas identifier.

Un frisson parcourut son échine alors qu'elle sentait une énergie sombre s'installer autour d'elle. C'était comme si la mort elle-même se mêlait aux vivants, un froid glacial qui s'insinuait dans ses os. Willow jeta un regard furtif autour d'elle. Les visages des villageois étaient marqués par le chagrin, mais certains d'entre eux semblaient avoir un regard vide, comme s'ils étaient en transe.

Elle ferma les yeux un instant, tentant de repousser cette sensation. Peut-être était-ce le stress de la situation qui la perturbait. Mais à mesure que la cérémonie avançait, la fatigue la gagnait. Ses muscles se relâchaient, et un sentiment d'épuisement inexplicable s'insinuait en elle, comme si une partie de son essence était aspirée, laissée derrière elle.

Willow se concentra, tentant d'éclaircir son esprit. Elle se remémora les paroles que sa mère lui avait souvent répétées : "La mort est une porte, pas une fin." Ces mots lui apportaient un certain réconfort, mais l'étrange atmosphère qui l'entourait l'empêchait de se sentir en paix.

Alors que le cercueil était descendu dans la terre, un cri de désespoir s'éleva dans la foule. Une jeune femme, probablement la petite-fille de Mme Bertrand, s'effondra au sol, les larmes coulant à flots sur ses joues. Willow sentit une douleur sourde dans sa poitrine en voyant la douleur de la famille, mais au même moment, elle ressentit une vague de chaleur s'échapper d'elle, une chaleur qui semblait être aspirée par l'air glacial qui l'entourait.

C'était alors qu'elle remarqua une silhouette à l'arrière de l'église. Un homme vêtu de noir, le visage caché sous une capuche, observait la scène avec une expression indéchiffrable. Willow sentit son cœur s'accélérer, et un instinct primaire de fuite l'envahit. Qui était cet homme ? Pourquoi semblait-il si éloigné des émotions qui enveloppaient les autres ?

Sans réfléchir, elle se dirigea vers la sortie du cimetière. Elle devait prendre l'air, s'éloigner de cette foule étouffante. Willow prit une profonde inspiration, mais l'air extérieur était lourd de promesses de tempête, des nuages sombres se rassemblant au-dessus d'elle.

Elle marcha le long du chemin menant à la forêt, sa tête remplie de pensées tourbillonnantes. Qu'est-ce qui se passait dans leur village ? Pourquoi ressentait-elle cette fatigue grandissante, ce sentiment d'être dévorée par quelque chose qu'elle ne pouvait pas voir ?

Elle s'enfonça dans la forêt, les arbres formant un mur épais autour d'elle. Les feuilles bruissantes et le chant des oiseaux lui apportaient un certain réconfort, mais l'angoisse persistait. Elle se retourna pour regarder l'église, mais la silhouette de l'homme en noir était toujours là, immobile et silencieuse, comme une ombre se fondant dans le paysage, comme si la mort elle-même venait assister à l'enterrement.