Secouée par sa rencontre avec Yan, Willow, errait dans la forêt entourant sa maison, en quête de réponses. Son instinct la mena vers un sanctuaire caché, un endroit où la forêt semblait vibrer d'une vie mystérieuse et indomptée. Les arbres s'élevaient comme des gardiens séculaires, leurs branches entrelacées créant une voûte naturelle qui filtrait la lumière dorée de l'automne.
Elle avançait, attirée par un chant doux et mélancolique qui s'élevait entre les arbres. L'appel semblait presque surnaturel, comme s'il transperçait les voiles du monde visible pour s'infiltrer dans son âme. C'était un rossignol, perché sur une branche basse, qui chantait une mélodie complexe, chaque note résonnant comme un écho de mystère. Il interrompit son chant en apercevant Willow et, sans la quitter des yeux, pencha légèrement la tête.
Au même moment, une chouette apparut, glissant silencieusement depuis les ombres d'une branche plus élevée. Elle se posa près du rossignol, et les deux oiseaux, bien que si différents, semblaient parfaitement à l'aise ensemble. Intriguée, Willow sentit que leur présence avait quelque chose de significatif. Ces deux oiseaux étaient des symboles anciens, messagers divins. Le rossignol, porteur d'un message d'espoir et de réconfort, et la chouette, gardienne de la sagesse et de la vérité cachée. Leurs chants et leurs hululements se rejoignaient en une harmonie mystique, formant une symphonie d'une autre époque.
Elle s'accroupit, fermant les yeux, et laissa son esprit s'ouvrir aux énergies de la forêt.
— « Parlez-moi, » murmura-t-elle, sa voix brisant le silence paisible de la clairière. « Qu'ai-je besoin de savoir ? »
Des images et des pensées étranges commencèrent à affluer, comme si les oiseaux communiquaient avec elle d'une manière subtile mais précise.
Le rossignol fut le premier à lui transmettre un message, à travers une série d'images et d'émotions fugaces. Il émit un nouveau chant, ses petites ailes vibrant légèrement à chaque note. L'air sembla se charger de magie, et devant Willow, une série d'images apparurent, flottant dans l'air comme des projections d'un autre monde. Elle comprit alors que l'oiseau chantait pour partager les souvenirs et la sagesse de son territoire, des siècles de chants et de conversations entre les arbres, les plantes, les animaux. Le rossignol était un gardien, un transmetteur de récits. Il lui montra des fragments de la nature secrète des gens qui l'entouraient, des énergies invisibles qu'ils transportaient, souvent cachées sous des sourires ou des paroles sans importance. Willow savait qu'elle devait apprendre à écouter, non pas les mots, mais les intentions, les murmures derrière les mots. Elle devait se fier à son instinct primaire pour ne plus se faire enchanter par des paroles comme Yan avait pu le faire. C'était une leçon dont elle aurait eu besoin des mois auparavant.
Puis le chant se transforma et une autre image apparut plus nette plus réelle cette fois. Cette fois il lui montra une grande clé dorée, flottant dans l'air. Elle semblait briller d'une lueur douce et réconfortante. Willow comprit que cette clé était la solution à une énigme, une ouverture, peut-être vers le dernier fragment ou une puissance encore plus grande.
Mais la dernière image la troubla profondément. Elle montrait un homme, un visage familier, celui de Kieran. Pourtant, quelque chose avait changé en lui. Il semblait plus sombre, plus puissant. Une aura sinistre l'entourait, comme s'il était devenu l'incarnation même des ténèbres qu'elle combattait.
Willow sentit son cœur se serrer. La trahison de Yan était encore une plaie ouverte, mais la disparition de Kieran était-elle liée ? Il avait un rôle à jouer dans ce qui allait venir, elle le savait mais elle avait toujours imaginé qu'il était de son côté, l'aurait-il trahie lui aussi ? Jouait-il un jeu ?
Le rossignol cessa de chanter, et la vision se dissipa.
Puis la chouette lui parla, d'une manière plus grave et solennelle, en projetant des visions de la nuit et des secrets cachés dans l'obscurité. La chouette représentait l'intuition et la sagesse ancienne, des qualités que Willow savait essentielles, mais qu'elle n'avait jamais pleinement embrassées. En ressentant le message de la chouette, elle comprit que la nature l'invitait à observer, à attendre le moment propice pour agir, à discerner les vérités enfouies dans les ombres.
Le rossignol, comme en réponse à la chouette, entama un autre chant, une mélodie plus douce, mais chargée d'une force vive et rassurante. Il lui transmettait une image plus vibrante d'une surface miroitante, d'eau, l'étang au navire, devait-elle y aller ? Les oiseaux l'enjoignaient-ils à poursuivre sa quête aux fragments en abandonnant son frère aux mains du cercle ? Willow ne pouvait s'y résigner rien ne comptait plus pour elle désormais que retrouver son frère à tout prix et par tout moyen.
Le chant s'intensifia, l'image devint encore plus nette, plus vibrante plus coloré, comme saturée. Willow commença à ressentir un vertige, ses yeux pleuraient sous la vivacité des couleurs, elle ne pouvait plus distinguer le reste du paysage qui l'entourait. Elle essaya de chasse cette vision de se relever mais en fut incapable, pas plus qu'elle ne pouvait fermer les yeux ou faire un mouvement. Elle était comme plaqué au sol par une gravité anormale. Elle capitula.
« D'accord je vais aller à l'étang » dit elle mentalement, et tout devient noir. Elle reprit ses esprit un instinct, ses yeux se ré acclimatant à la lumière de ce mois de septembre débutant. Puis elle se leva et se dirigea vers l'étang suivi par les deux oiseaux.
Elle fut surprise de n'y voir aucun navire en arrivant, Aaron était parti, il restait pourtant au moins deux autres points lumineux qu'elle n'avait pas explorée, reviendrait ils ? Elle avait l'air d'être plus seule que jamais, Yan avait pris Aiden, Kieran était aux abonnés absents et voila que même le navigateur mystérieux disparaissait. Mais pourquoi les oiseaux l'avaient ils amené ici ?
Elle allait repartir quand elle vit soudain un éclat sous la surface se mette à dessiner des ronds concentriques. Comme de petites vaguelettes qui venait s'écraser sur le bord. Une image fugace lui traversa l'esprit celle d'une pierre polie bleu, un nouveau fragment ? Juste ici ?
Willow sentit l'eau glacée l'envelopper alors qu'elle plongeait plus profondément dans le lac sombre. Son cœur battait fort dans sa poitrine, chaque pulsation résonnant comme un tambour de guerre. Les ténèbres liquides l'entouraient, brouillant sa vision. Pourtant, elle continuait à avancer, attirée vers quelque chose d'invisible au fond de ce lac. Le fragment qu'elle cherchait se trouvait là, elle en était certaine. Mais plus elle descendait, plus elle sentait une présence oppressante grandir autour d'elle. Des ombres mouvantes, tapies dans les profondeurs, semblaient l'épier, attendant leur moment pour attaquer.
Alors que l'air commençait à lui manquer, une silhouette flotta devant elle. Un éclat, presque imperceptible dans cette obscurité abyssale. Elle tendit la main, ses doigts tremblants d'épuisement et de froid, et se saisit du fragment. Aussitôt, une lumière blanche éclata dans l'eau, illuminant brièvement les ombres qui rôdaient autour d'elle. Des créatures aux formes indistinctes, leurs yeux brillants de malice, s'agitaient à la lisière de cette lueur. Willow se redressa, frappant l'eau d'un coup puissant, et nagea vers la surface avec toute l'énergie qui lui restait.
Sa tête émergea brusquement, brisant la tension glacée du lac. Elle haleta, ses poumons brûlants, et chercha le rivage des yeux. Fenrir se tenait là, en chien-loup, aboyant avec anxiété. La pleine lune éclairait la scène d'une lumière spectrale, et Raven, perché sur une branche, observait silencieusement, ses yeux jaunes brillant fixés sur elle. Willow nagea avec difficulté vers la rive, le fragment serré contre sa poitrine.
Elle s'effondra sur le sol boueux, haletante et épuisée. Fenrir se précipita vers elle, reniflant son visage avec inquiétude. Le froid s'insinuait dans ses os, et elle tremblait violemment.
— « Je l'ai... » souffla-t-elle, ses lèvres bleues de froid. « Le fragment... »
Elle ouvrit la main, révélant la petite pierre bleu, gravée de runes anciennes. Un autre morceau du puzzle, un autre pas vers la libération de ce terrible sortilège. Mais alors qu'elle fixait la pierre, elle ressentit une vague d'angoisse. Ce qu'elle avait vu sous l'eau, ces créatures invisibles qui la suivaient... Elles n'avaient pas disparu. Elles attendaient leur moment.
Fenrir, toujours sous sa forme animale, la poussa doucement de son museau, comme pour l'encourager à se relever. Avec difficulté, Willow se redressa, encore tremblante.
— « Merci, Fenrir. »
Le chien loup se lova contre elle pour la réchauffer et Willow vit les deux oiseaux qui la fixaient toujours. Leurs regards emplis de sagesse semblaient confirmer qu'elle avait fait ce qu'ils attendaient d'elle. Willow s'inclina légèrement en signe de respect, et les oiseaux prirent leur envol, disparaissant dans le couvert de la forêt, la laissant seule mais enrichie d'une compréhension nouvelle.
VOUS LISEZ
Les fragments de l'ombre
FantasiaChaque jour du mois d'octobre 2024 à l'aide d'une carte de tarot tirée je vais écrire une histoire que je reprendrais durant le Nano pour en faire un livre. Willow, une jeune sorcière au destin énigmatique, découvre qu'elle est la clé pour briser...