The Weeknd —Xo/The HostVendredi, 22h45 – Quartier Nord, Détroit
— Bouclez la zone, et faites en sorte que les journalistes restent à l'écart !
Les ordres claquent comme un coup de fouet, rompant le silence lourd de la scène de crime. Une autre victime, une autre femme. Mais cette fois, quelque chose est différent. L'atmosphère est étrange, presque oppressante, comme si un détail m'échappait. C'est plus brouillon que d'habitude. Je scrute chaque détail avec une froideur professionnelle, mais au fond, une question s'impose : est-ce vraiment l'œuvre du Façonneur d'Amour, ce tueur en série qui sème la terreur depuis des semaines ? Rien ici ne correspond à ses habituelles "compositions". Ce meurtre semble bâclé, une simple imitation, peut-être même une farce sinistre.
Je ne peux m'empêcher de penser à Heart. Ce n'est jamais clair avec lui. Il n'a jamais explicitement dit qu'il était derrière les crimes, mais il ne s'est jamais donné la peine de le nier non plus. Cette ambiguïté me ronge, nourrissant un doute incessant. Une part de moi refuse d'y croire. L'autre, plus sombre, se demande combien de secrets il peut encore dissimuler.
— Donovan ! Le légiste est là. Ramène-toi !
Je secoue la tête pour me recentrer et balaie la scène du regard. Mon corps réagit instinctivement, toujours à l'affût, cherchant des signes de sa présence, comme la dernière fois. Heart pourrait être là, caché dans l'ombre, à observer. Mais cette fois, rien. Aucune trace de lui. Et quelque part, cela me soulage. Peut-être est-il mieux que je n'aie pas à gérer sa présence cette nuit. Peut-être que ça me donne une chance de penser clairement, sans que son ombre ne vienne hanter chacun de mes mouvements.
Je traverse le périmètre de sécurité pour entrer dans la maison. À l'intérieur, Polkovish est déjà en pleine discussion avec le légiste. Leur voix me parvient de loin, comme un bourdonnement indistinct. Mon attention est captée par autre chose, quelque chose de silencieux et de beaucoup plus perturbant. Tout est en ordre. Rien n'a bougé. Aucun signe de lutte, aucune effraction. Les meubles sont à leur place, rien n'a été dérangé. Ce genre de scène suggère une relation entre la victime et l'agresseur. La victime l'a probablement laissé entrer, peut-être même avec un sourire. Cette pensée me glace le sang.
Je m'approche du corps. Le légiste prend des photos, ajustant minutieusement l'angle de chaque cliché, tandis que Polkovish pose des questions avec une précision méthodique. Mais je ne prête pas attention à leur échange. Mon regard est fixé sur le cadavre, comme si un détail caché m'appelait. Je m'agenouille, scrutant les vêtements, cherchant des indices, un bout de papier peut-être. Quelque chose qui pourrait correspondre au mode opératoire habituel du Façonneur d'Amour.
Le torse de la victime est ouvert. Le légiste a fait son travail, mais quelque chose cloche. L'absence de détail m'intrigue. Habituellement, les meurtres du Façonneur sont des œuvres d'art morbide, où chaque détail compte, où chaque membre est disposé avec soin, presque avec vénération. Ici, rien de tel. Le corps est encore intact. Pas de mutilations spécifiques. C'est troublant. Où est la touche macabre du tueur, cette obsession pour le découpage méticuleux des membres, et surtout, la pièce maîtresse : le cœur, toujours au centre de ses compositions sanglantes ? Mais ici, le cœur a disparu.
— Vous savez où est passé son cœur ?
Ma voix s'élève malgré moi, brisant le silence froid qui règne dans la pièce. Je n'attendais pas vraiment de réponse, mais le légiste, concentré sur sa tâche, me répond sans lever les yeux.
— Le cœur a disparu. Nous avons fouillé la maison, mais aucune trace. C'est comme s'il s'était envolé.
Je fronce les sourcils, perturbée par cette énigme. Avant que je ne puisse formuler une pensée cohérente, une voix familière s'adresse à moi, et je ressens un léger frisson. Je lève les yeux, et mon regard croise celui de Kavish. Qu'est-ce qu'il fait ici, bon sang ? Ne me dis pas que c'est lui, le nouveau légiste... La situation ne peut pas être plus compliquée.
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HEART
Mystery / ThrillerLa petite Fouine Un intrus. Un parfum boisé, avec une touche de framboise masquée. Toujours ce sourire figé, effrayant, plaqué sur son visage comme une malédiction. Je suis prise dans sa toile, incapable de m'en défaire, et pourtant... je suis irrév...