Shoot on Sight

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The Neighbourhood— Dust

Je me précipite vers le buisson, mes pieds glissant sur le sol humide, mes jambes tremblantes, prêtes à lâcher sous l'effort. Le cœur battant si fort que j'ai l'impression qu'il va exploser dans ma poitrine, je plonge parmi les branches épineuses. Des larmes de douleur et de peur me montent aux yeux alors que les épines griffent ma peau, mais je serre les dents. C'est ma seule chance. Ma seule possibilité de fuir cet enfer.

Là, cachée au milieu des branches, je me recroqueville sur moi-même, espérant devenir invisible. Le souffle court, je plaque ma main sur ma bouche pour étouffer le bruit de ma respiration saccadée. Le silence devient oppressant. Le moindre craquement me fait sursauter, mon corps tendu à l'extrême, prêt à réagir, mais cloué sur place par la peur.

Soudain, un craquement se fait entendre. Des pas. Je sens mon cœur rater un battement. Mes yeux s'écarquillent, les larmes de panique me brouillent la vue. Il est là. Je retiens ma respiration, mes poumons brûlent d'un manque cruel d'oxygène, mais je ne peux pas prendre le risque d'un seul son. Pas maintenant. Pas alors qu'il est si proche.

Une voix froide et moqueuse brise le silence de la forêt :

— Tu sais, petite fouine, quand on a peur, on croit souvent que se cacher est la solution... Sa voix traîne, pleine d'amusement malsain. Mais la vérité, c'est que ceux qui survivent... ce sont ceux qui courent sans jamais s'arrêter.

Son rire résonne dans les bois, et je me sens défaillir. Il sait. Il sait que je suis là, quelque part, dissimulée, vulnérable, piégée. Mon cœur cogne contre mes côtes, si fort que je crains qu'il l'entende. Je distingue ses chaussures à travers les branches. Il est tout près, tellement près que je pourrais presque sentir sa présence étouffante. Mon corps se tend encore plus, chaque muscle criant de douleur sous la pression, mais je ne bouge pas. Si je bouge, c'est terminé.

— Lyla... Lyla..., murmure-t-il comme un serpent sifflant à mes oreilles. Je te réserve une belle punition. Tu sais... ce n'est pas très gentil de ne pas remercier quelqu'un qui t'a fait un cadeau.

Mon nom dans sa bouche sonne comme une condamnation. Il sait qui je suis. Depuis combien de temps m'observe-t-il, traque-t-il mes moindres faits et gestes ? Je tente de ne pas trembler, de ne pas céder à la panique qui menace de me submerger, mais je sens déjà mes larmes couler silencieusement. C'est fini. Il va m'attraper.

Et soudain, les bruits de pas s'éloignent. Mon corps se relâche légèrement, mais je suis toujours sur le qui-vive. Est-ce un piège ? J'ose enfin inspirer, une gorgée d'air qui brûle mes poumons épuisés. J'ai encore une chance, si je peux juste...

Je n'ai pas le temps de terminer cette pensée. Une main violente m'attrape par la cheville, me tirant hors du buisson avec une brutalité terrifiante. Les épines lacèrent mon visage alors que je me débats, essayant de m'agripper au sol, à n'importe quoi. Mais c'est inutile. En une fraction de seconde, je me retrouve plaquée au sol, son poids imposant écrasant mes jambes, ses doigts froids enserrant mes poignets et les emprisonnant au-dessus de ma tête.

Je lutte, mon corps animé par une panique désespérée, mais il est trop fort. Pourquoi ? Pourquoi mes leçons de self-défense se sont-elles évaporées ? Pourquoi mon instinct de survie me trahit-il à ce moment précis ? Mon esprit tourne à plein régime, cherchant frénétiquement une solution, un moyen de m'échapper. Mais mon corps, lui, est figé sous son emprise. Mon cœur bat si fort que je n'entends plus que ce bourdonnement aigu qui remplit mes oreilles.

Et puis je le vois. Ce sourire. Plus large encore que tout à l'heure, comme s'il s'étirait à l'infini, déformant son visage en une grotesque expression de plaisir sadique. Son regard me transperce, comme s'il jouissait de ma terreur.

HEARTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant