Chapitre 23 : La vérité, rien que la vérité

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On est l'avant dernier jour de l'année. Il est sept heures du mat et je sors d'un commissariat de police avec les pieds nus.

En plus de ma tête des mauvais jours.

Plus de doute. L'univers veut se débarrasser de moi.

Jusqu'à aujourd'hui, je peux considérer qu'il ne faisait que me mettre en garde. Cette année, c'est carrément une mise en demeure :


Miss Holly Garland,

Après plusieurs relances, c'est avec regret que nous vous adressons cet avis d'expulsion imminente. Vous êtes priée de quitter définitivement votre petite et misérable vie, faute de quoi, nous nous verrons dans l'obligation de faire intervenir un faucheur assermenté.

Bien à vous,

L'univers.


Je le savais ! Il n'y avait pas que dans ma famille que je n'étais pas à ma place. Non. Je n'étais pas à ma place dans ce monde, tout simplement ! Je savais que quelque chose clochait depuis le jour de ma naissance, que tout était parti en vrille à partir de cet instant précis.

Et on dirait que l'univers a décidé de réparer cette petite erreur cette année. C'est clair maintenant. Non seulement c'est la pire de toutes les poisses de Noël que j'ai jamais vécues de toute ma vie, mais c'est aussi la dernière, forcément ! Un peu comme le bouquet final d'un feu d'artifices.

En gros, l'univers compte me faire partir en beauté. Sympa.

Et il veut me ficher dehors à grand coup de pieds dans le derrière ? Très bien ! Grand bien lui fasse ! Si c'est comme ça que doit se passer mon prochain Noël, si ça doit être de pire en pire chaque année, et bien je préfère m'en tenir là.

J'arrête les frais. Je cesse de me battre. Je raccroche les gants.

— Ginger ! Attends !

Je sors du taxi sans attendre personne, toujours enfermée dans un silence de mort.

On a passé une partie de la nuit dans un hôpital, et l'autre partie dans un commissariat de police. Et si Nathan Reed, l'avocat et ami de Nick n'était pas intervenu, on y serait encore... Alors, non, je ne suis pas d'humeur à attendre qui que ce soit !

— Tu ne peux pas partir comme ça, sans chaussures ! s'écrie Nick derrière moi.

— Tu crois ? je lâche, excédée. Eh bien regarde-moi faire..., je rajoute sans m'arrêter de marcher.

— Tu vas te blesser les pieds... ! proteste Nick.

Cette fois c'en est trop.

Je m'arrête pour lui faire face.

— La faute à qui, hein ? Tu peux me dire qui a jeté mes chaussures par la fenêtre comme si c'était des graines pour les oiseaux... ? Tu peux me dire à cause de qui je me suis retrouvée à passer la nuit dehors sans manteau et sans chaussures alors qu'on est au mois de décembre ? Tu crois vraiment que je me soucie de mes pieds après avoir eu un flingue collé sur ma tempe ? J'ai failli mourir et je ne sais même pas pourquoi ! Est-ce que tu as décidé de m'en dire plus ?

Il ne répond pas.

C'est bien ce que je pensais...

— Alors ferme-là ! je reprends avec véhémence. J'en ai marre de t'entendre me dire ce qui est bon pour moi.

— Tu veux que je te porte encore, fillette ? propose Tony avec sa grosse voix, après être resté silencieux depuis qu'on est sortis du taxi.

Mais je ne me fais plus avoir par son allure imposante et sa voix de caïd. En vérité, c'est un gros nounours.

Holly Garland sur les genoux du Père Noël [FINI]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant