Chapitre 7 : Dans le besoin

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Nick s'assoit près de moi et referme la portière avant de déclarer avec nonchalance :

— C'est bon, on peut y aller !

Il a un large sourire plaqué sur le visage. Comme si on s'apprêtait à prendre la route pour les vacances avec de vieux amis, alors qu'en réalité, on est dans la voiture d'un couple de parfaits étrangers.

À moins que ce ne soit des amis de Nick qui sont venus à la rescousse. Dont celui qu'il devait justement rappeler à midi ?

— Parfait ! répond l'homme d'âge moyen derrière le volant. Enchanté, je m'appelle Peter Garrett et voici mon épouse, Beth. Et vous, vous devez être Ginger, d'après ce que vient de me dire votre mari.

— Mon mari ? je répète, incrédule.

Nick, à côté de moi, me donne un coup de coude discret dans les côtes avant de m'enlacer par les épaules.

— Oui,  répond-il à ma place comme je reste muette comme une attardée. Nous sommes de tout jeunes mariés, ma femme est toujours sur son petit nuage.

Je regarde mon "mari" avec circonspection.

Visiblement, ce ne sont pas des connaissances à lui.

Mais alors qu'est-ce qu'on fout là ?

— Oh, comme c'est romantique ! se pâme la femme sur le siège passager. Je me souviens encore de notre phase lune de miel à moi et à Pete. Je rougissais dès que quelqu'un m'appelait Mme Garrett. Et vous, comment vous appelez-vous au fait ?

— Euh... White !

— Hum... Hawthorn !

Nick et moi avons parlé en même temps. Pour dire chacun un nom totalement différent... Quelle crédibilité, c'est consternant !

— Enfin, mon nom de jeune fille est White, et mon nom d'épouse est Hawthorn, mais j'ai encore du mal à m'y faire ! je me justifie hâtivement en riant, pour essayer de me rattraper.

— Oui, j'étais pareille ! s'exclame Beth en riant elle aussi.

— Alors en route M. et Mme Hawthorne ! déclare théâtralement Pete avant d'appuyer sur l'accélérateur pour nous sortir de là.

Pendant un instant, je suis soulagée. Nous échappons une fois de plus aux griffes de ce tueur à gages et de son commanditaire et surtout, Nick ne m'a pas abandonnée. Il est bien là, à côté de moi, et qui plus est, il m'enlace tranquillement depuis tout à l'heure, comme le mari charmant et attentionné qu'il est censé être.

Ça ne devrait pas avoir autant d'importance qu'il m'ait abandonnée ou pas. Hier matin encore en me réveillant, j'ignorais tout de son existence. Il n'est rien pour moi. Le fait qu'il aurait pu partir loin de moi sans que jamais je n'ai à le revoir ne devrait pas me toucher. Nick ne devrait pas représenter plus pour moi qu'un simple serveur dans un restaurant, ou bien un caissier dans un magasin. Bonjour, merci, au revoir, et Basta !

Mais non ! On dirait bien que j'ai réussi à mêler ma libido jusque là bien endormie à l'histoire, et peut-être même pire, mon cœur ! Et me voilà, complètement rassurée et dépendante, à me complaire dans ses bras ! C'est pathétique !

— Votre histoire est tellement triste, reprend la femme devant, me prenant de court. Votre mari nous a raconté comment vous vous êtes fait braquer par cet affreux auto stoppeur déguisé en Père Noël qui vous a tout pris, et qui est parti avec les vêtements de votre mari de surcroît. Je vois qu'il vous a même volé vos alliances, c'est honteux !

Oui, c'est vraiment honteux... de raconter autant d'horribles mensonges à de pauvres  gens aussi honnêtes. Je hoche la tête simplement et me fais toute petite.

Holly Garland sur les genoux du Père Noël [FINI]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant