Chapitre 22 : Une nuit en enfer

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J'essaie de garder les yeux fermés et d'ignorer les démons de métal qui m'observent tout autour.

Aargh !!! Impossible !

J'ai l'impression qu'ils n'attendent que ça. Dès que je me serai endormie, c'est sûr, ils prendront vie et viendront me trucider dans mon sommeil avec leur griffes pointues.

Dans l'obscurité, je repousse le plaid douillet et me redresse pour m'asseoir sur le canapé que je squatte à nouveau.

Nick a refusé de me répondre. Il a dit qu'il était désolé mais qu'il avait besoin de plus de temps. Il me fait le coup à chaque fois. Ça devient une habitude ! Après ça, il s'est enfermé dans son silence et m'a laissée seule dans la chambre.

Folle de rage, j'ai continué à vider son dressing de toutes mes affaires— sauf mon t-shirt fétiche que je refuse de porter à nouveau — pour les entasser dans le canapé jusqu'à ce que je trouve une vraie solution.

Je ne peux pas rentrer chez moi à pied parce que je n'ai plus de chaussures et je n'ai pas le moindre argent pour payer un taxi. Je n'ai même pas de sac à main ! Je suis totalement dépendante de Nick... Comment j'ai pu laisser ça arriver ?

Il faisait déjà nuit et c'était trop tard pour tenter quoi que ce soit d'autre. J'ai renoncé. Du moins, temporairement.

C'est Nick qui a cuisiné. Et il a fait des pâtes et des oeufs frits. Cette andouille ! Je ne sais pas si c'était pour se moquer de moi ou bien parce qu'il ne sait rien faire d'autre.

Ha ! Sûrement les deux !

J'ai refusé de manger. Tout comme j'ai renoncé à prendre une douche et gardé mes vêtements pour dormir. J'ai à nouveau l'impression d'être en prison ici. Pourtant, la porte n'est pas fermée à clé. Je le sais, j'ai vérifié...

Je pourrais peut-être appeler mes parents ou mon frère Drew. Ils n'habitent pas très loin, contrairement à mes autres frères. Mais si je décidais de faire ça, de leur demander de venir me récupérer en bas de l'immeuble, il faudrait que je commence par leur expliquer ce que je fais pieds nus dans la rue, et immanquablement, il me faudrait ensuite leur raconter tout depuis le début.

Je ne sais pas si je suis capable de faire ça. D'assumer les conséquences. D'encaisser les remontrances de mon père ou de mes frères pour n'avoir rien dit plus tôt. Pour avoir fait confiance à un étranger qui m'a mise en danger.

J'ai déjà du mal à ne pas me blâmer moi-même...

Et je me retrouve là, comme une gamine capricieuse qui refuse de faire ce qu'on lui demande, ou comme une femme qui s'est fâchée avec son mari et qui refuse de partager son lit.

Mais non ! Qu'est-ce que je raconte ? Si on était vraiment M. et Mme Paxton comme je me suis plu à l'imaginer une bonne demi-douzaine de fois, c'est Nick qui aurait fini dans ce canapé, pas moi !

Et c'est lui qui serait obligé de supporter ces bêtes sorties tout droit d'un film d'épouvante !

À la faible lueur qui s'échappe des stores fermés et des différents appareils électroniques en veille, j'arrive à y voir suffisamment clair pour me déplacer sans me cogner partout, et décide de recouvrir ces horreurs avec mes vêtements propres encore empilés au bout de la banquette.

Et puis je tente de me rendormir, même si je continue à flipper encore un peu.

Le sommeil finit par me gagner.

Mais je m'enfonce au beau milieu de rêves tourmentés et épuisants, où je fuis sans cesse avec Nick. Nous courons sans nous arrêter, poursuivis par des monstres aux tentacules de métal. L'une d'elles s'enroule autour de mon bras et me fait trébucher. Je m'écroule au sol sur le dos, et me retrouve seule. Nick n'est plus là. La créature s'approche de moi inexorablement et je tente de me soustraire à son emprise en rampant sur mes fesses vers l'arrière, mais elle me retient toujours par le bras. Sa figure monstrueuse se rapproche tout près de la mienne et laisse échapper une haleine si toxique que je suis forcée de détourner le visage.

Holly Garland sur les genoux du Père Noël [FINI]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant