Chapitre 31 : Nouvelle année, nouvelles résolutions

15 4 0
                                    

Forte de cette décision, je m'approche du bureau de l'un des inspecteurs qui est sur place et lui emprunte un bout de papier sur lequel j'écris à Nick que je rentre chez moi, que je démissionne et que je ne veux plus jamais le revoir.

— Vous pourrez remettre ça à M. Paxton quand il sortira s'il vous plaît? je demande encore au même homme, qui acquiesce sans un mot. Oh, et j'aimerais rentrer à la maison mais je suis venue dans l'une de vos voitures, c'est possible qu'on me ramène chez moi ?

— Bien-sûr Miss Garland, je vais demander à un officier qu'il vous raccompagne.

Je lui offre un mince sourire de remerciement.

Et en quittant le commissariat, je pousse un triste soupir de soulagement.

Au moins cette fois, j'ai des chaussures aux pieds...

La voiture de police me dépose juste devant les marches de ma petite brownstone. Elle a toujours fait ma fierté et mon bonheur.

Mais pour la première fois depuis que je l'ai achetée, me retrouver là ne m'apporte pas autant de joie. C'est même le contraire. Mon chez moi n'a plus l'air aussi accueillant qu'avant.

Après avoir sonné chez la vieille voisine pour récupérer mon double de dépannage, je glisse la clé dans la serrure et entre.

Et ça me fait une sensation étrange.

C'est comme si je pénétrais dans un autre monde.

Un autre temps.

Une autre vie.

Ce n'est que lorsque je me trouve au beau milieu de mon salon que je comprends ce qui se passe.

Mon horloge style Grand Central Station indique qu'il est minuit.

On est le 2 janvier.

Je retrouve ma vie ordinaire.

Ma vie d'avant.

La vie normale quoi.

Enfin, si par "normale", on entend triste, vaine, et sans intérêt. Alors là oui. Ma vie est redevenue normale.

Et si bien sûr on met de côté le fait que je n'ai pas de boulot, pas de voiture, pas de téléphone portable, et que mon salon est dans un état inqualifiable !

Je me résigne à contre-cœur à ranger les rouleaux de papier et les cadeaux, emballés ou près de l'être, qui jonchent le sol, le canapé et à peu près toutes les surfaces disponibles de la pièce.

Quand j'en suis enfin débarrassée, je m'affale dans mon canapé en velours, laminée.

Combien de temps encore ça va durer tout ça ?

Est-ce que l'Univers cherche à me détruire petit à petit ?

Je ne sais pas si j'aurais la force de vivre encore un autre épisode de poisse de Noël.

Même si personne n'y croit à part moi, les faits sont là.

Il se passe vraiment un truc. Quelque chose de mystique. Et non, je persiste et signe, ça n'a rien d'une blague ! Est-ce que j'ai l'air de rigoler là ?

Ou alors je suis folle.

Et dire que maman avait soi-disant un bon pressentiment pour cette année !

Je m'extirpe de là mollement, dans l'idée de lui passer un coup de fil. Il est tard mais je sais qu'elle répondra. J'en ai bien besoin.

Je monte dans ma chambre et me déshabille pour me coucher sans même passer par la salle de bain avant. Trop fatiguée... J'enfile un maxi t-shirt confortable pour la nuit avec une petite pensée pour le T-shirt de Lorna que je n'ai pas pu emporter avec moi. Mais j'essaie de l'oublier rapidement en me glissant en position assise sous la couette. J'allonge le bras vers ma table de chevet pour attraper le combiné de l'étage et appuie sur la touche d'appel pré-enregistrée au numéro de ma mère.

Holly Garland sur les genoux du Père Noël [FINI]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant