Chapitre 25 : L'incroyable vérité

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Je fixe dans les yeux cette femme qui me fait face.

Et je ne la reconnais pas.

C'est pourtant la même que j'ai observée il y a exactement dix jours, dans le miroir du hall d'entrée de ma petite brownstone. À peu de choses près.

Avec mes cheveux lissés impeccablement, coiffés en masse sur le côté, mon fond de teint recouvrant quasiment toutes mes tâches de rousseur et donnant à ma peau l'aspect d'une porcelaine blanche et fine, je ressemble à une étrangère.

Cependant, je dois me rendre à l'évidence. L'image que me renvoie le miroir de la salle de bain de Nick est très flatteuse.

C'est bien la première fois que je me vois sous un angle favorable. La couleur de mes yeux est effectivement assez frappante, ma mère avait peut-être raison...

Et il faut avouer que le reste de mon visage est plutôt intéressant. Mes pommettes sont hautes et bien dessinées, mon nez est droit et fin, mes lèvres sont pulpeuses et délicatement ourlées, et enfin, mon cou est long et gracile.

Quant à ma silhouette, elle est parfaitement proportionnée. Même si je ne possède pas une taille de guêpe et un corps en forme de sablier. Oui, le mien est plus harmonieux, il correspond davantage à une morphologie en huit. Ma taille est fine, certes, mais pas trop, et mes courbes sont douces, pas anguleuses, aussi bien pourvues à la poitrine qu'aux hanches et aux fesses.

C'est ce qui m'a toujours fait croire que j'étais aussi banale qu'une autre. Mais maintenant que je scrute mon reflet avec un autre œil, je me trouve particulièrement belle. Je me trouve sexy.

Et ce n'est pas à cause de cette robe bustier vert émeraude qui épouse ma poitrine et mes hanches comme une seconde peau avant de s'évaser en corolle autour de mes jambes.

Non.

Serait-ce à cause du regard plein de luxure et de désir que Nick porte sur moi ?

Et si c'était parce que j'avais enfin ouvert les yeux sur la véritable raison qui avait poussé les garçons de mon entourage à me fuir comme la peste ? Eh bien oui, réfléchissez. Si c'était parce que mes idiots de frères jouaient au croque-mitaine avec eux et pas parce que j'étais repoussante, alors ça signifie que peut-être, je dis bien peut-être, j'ai tout ce qu'il faut là où il faut et que je suis physiquement capable de séduire un homme.

Je suis peut-être normale finalement. Et si j'ai autant de sex-appeal à revendre que d'intelligence dans ma petite tête, alors j'ai les moyens de garder Nick pour plus que quelques nuits de sexe intense.

Il n'y a aucune raison pour que ça se passe comme ça s'est toujours passé avec les hommes dans ma vie.

D'abord Kiss-kiss bang-bang et puis très vite, kiss-kiss bye-bye...

Cette fois ce sera différent.

Je sors de la salle de bain et gagne la chambre avec une démarche chaloupée mais déterminée.

Nick est au centre de son immense dressing. Il lève la tête à mon arrivée.

— Bon dieu Ginger, tu veux ma mort ?

Je souris avec une satisfaction éhontée en m'approchant de lui pour refermer les derniers boutons de sa chemise blanche. Ils sont noirs et minuscules, ce qui m'oblige à me concentrer un peu pour le faire. C'est d'autant plus difficile quand son parfum boisé fraîchement appliqué vient enivrer mes sens. Son smoking met singulièrement sa carrure en valeur et la blancheur de sa chemise relève le teint hâlé de sa peau.

— Tu n'es pas mal non plus, je lui sors en même temps, avec une voix profonde et sensuelle.

Je me sens d'humeur coquine, mais ça tombe mal, c'est presque l'heure pour nous de partir. Nick enlace ma taille.

Holly Garland sur les genoux du Père Noël [FINI]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant