Chapitre 20 : Petites confidences sur l'oreiller

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Dans notre chambre, et dans notre  lit, j'attends avec appréhension que Nick revienne de la salle de bain pour se coucher.

Je me suis douchée la première, pas certaine d'avoir autant d'assurance et de courage que la veille pour me mettre à poil devant lui. J'ai enfilé un shorty en dentelle noire sous mon t-shirt fétiche et j'ai attrapé le premier bouquin qui traînait dans le chevet de Nick pour me donner une contenance quand il arrivera.

Moi qui craignais de m'ennuyer ici, je dois avouer que la journée est passée très vite. C'était même une bonne journée. Nous avons décoré ensemble l'appartement et le sapin de Noël. Nick a même tenu à rajouter des sucres d'orges et des guirlandes de pop-corn que nous avons confectionnées nous-mêmes. Juste au cas où on viendrait à être à court de petits-déjeuners, a-t-il expliqué.

Maintenant, je me sens bizarre. Pour ne pas changer. Oui... c'est vrai. µ

En fait, je me demande un peu où j'en suis. On est en danger, mais on se prépare tranquillement pour les fêtes de fin d'année... Nick est mon faux petit-ami, mais on fait vraiment l'amour... Il est aussi mon patron, mais je ne suis pas réellement son assistante de direction... Bref, je suis un peu troublée et je ne sais plus trop comment je dois réagir...

Nick finit par pénétrer dans la chambre et Dieu soit loué, il est habillé d'un t-shirt et d'un caleçon.

Je fais semblant d'être absorbée par la lecture de son bouquin.

Le lit s'affaisse et il s'allonge  sous les draps. Il se tourne vers moi, puis tend la main vers une de mes boucles de cheveux, fraîchement lavés et séchés comme la veille.

J'arrête de respirer, mais je ne bouge pas d'un pouce.

— Dis Ginger... Est-ce que tu détestes vraiment ta couleur de cheveux ?

Ah, tiens... Il veut seulement discuter ?

— Oui. Euh..., non. Enfin, plus vraiment..., bafouillé-je, en posant mon livre sur le côté pour lui faire face. Disons que... quand j'étais ado, c'est vrai que j'aurais tout donné pour avoir la couleur de cheveux de ma mère et être blonde comme 80% des filles de mon école, dont la moitié étaient tout bonnement décolorées. Alors que, quand j'étais toute gamine, je me serais seulement contentée d'être une brune comme mon père, pour pouvoir me noyer dans la masse et échapper aux humiliations récurrentes.

— Et pourquoi n'as-tu pas simplement essayé de te teindre les cheveux ?

— Ma mère refusait catégoriquement. Et quand j'ai eu l'âge de faire mes propres choix, j'étais à la fac et le plus dur était passé. J'imagine que je m'étais fait une raison...

— Ça a été si dur que ça ?

— Eh bien, je ne vais pas te la jouer façon tragédie grecque, toute ma famille n'arrête pas de dire que j'en fais trop, mais oui, j'ai mal vécu toute cette période de ma vie.

— Et tu n'avais personne pour te soutenir, des amis ou des petits-amis ?

— Non, avec mon nom et ma poisse de Noël assortie, j'étais mal dans ma peau, et en plus pas très gâtée par la nature, alors ça ne m'a pas aidée...

— Tu veux dire que tu étais couverte de boutons, avec un affreux appareil dentaire, ou bien obèse ?

— Non, je n'étais pas différente d'aujourd'hui. Seulement les mêmes cheveux poil de carotte et ces vilaines tâches de rousseur que tu vois là... De quoi repousser tous les garçons à un kilomètre à la ronde !

— Ginger, tu es loin d'être repoussante. Je n'arrive pas à croire qu'un seul mec ait pu manquer de voir à quel point tu es sexy...

— Tu es adorable Nick ! Tu dis ça parce qu'aujourd'hui, je sais m'habiller de façon à paraître à mon avantage. Mais je peux te garantir que, aussi bien au collège qu'au lycée, personne n'a jamais osé m'inviter à sortir. Tout ce à quoi j'avais droit de leur part, c'était des regards lourds et des chuchotements dans mon dos. J'étais une paria...

Holly Garland sur les genoux du Père Noël [FINI]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant