Chapitre 4 : En cavale

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— Alors,  on fait quoi ? je demande, exaspérée, en attachant ma ceinture pendant qu'il s'assoit derrière le volant.

Il tient mon trousseau dans sa main droite.

— Allons chercher un coin tranquille pour passer la nuit. Pour le reste, on verra demain matin.

— Quoi, dans la voiture ?

Il hoche la tête.

— Mais on est en plein hiver nom de Dieu ! Il doit faire à peine cinq degrés dehors ! Bon, ça suffit maintenant, rendez-moi mes clés, je rentre chez moi !

Je lui subtilise les clés rapidement avant de continuer mon plaidoyer.

— À quoi bon essayer d'échapper à la mort à cause d'un mercenaire si c'est pour mourir d'hypothermie ? Je regrette mais je préfère attendre ce meurtrier bien au chaud sous ma couette plutôt que de me faire des courbatures et des engelures dans cette bagnole !

— Ne dites pas de bêtises ! s'énerve-t-il en me reprenant les clés d'office. Personne ne va mourir, et personne ne rentre dans sa maison tant que je ne l'ai pas décidé !

Devant ma mine butée et renfrognée, il reprend plus gentiment.

— Ça va aller, Scarlet ! Vous allez voir. On va se tenir chaud tous les deux...

Il achève sa phrase avec un sourire et un petit clin d'œil équivoque.

Je grogne.

Il essaie sans doute de dédramatiser la situation, mais ça ne fonctionne pas.

— Je ne suis pas une de vos petites amies, et je n'ai pas l'intention de vous tenir chaud ! J'ai des plaids dans le coffre et je m'en contenterai. Merci.

— Comme vous voulez. Vous avez faim au fait ? On devrait peut-être acheter quelque chose à manger ici avant de partir.

À cette idée, mon ventre grogne bruyamment. J'ai été bien trop occupée pendant cette soirée pour avoir le temps de toucher au buffet. Je meurs de faim. Littéralement. Cette nuit de folie finira par avoir ma peau.

— On dirait que c'est un oui, dit-il en ricanant. Restez ici, je reviens vite.

— Non, je viens avec vous.

— Quoi, vous avez toujours peur que je m'enfuie avec votre argent ?

— Pas du tout ! Il faut simplement que je me rende aux toilettes. Si on doit passer la nuit au beau milieu d'un terrain vague quelconque, autant prendre mes précautions maintenant. Je n'ai pas l'intention de me soulager dans la nature comme si on faisait du camping en pleine forêt.

Il hausse les épaules et ressort de ma voiture. Je l'imite et cette fois, je lui remets tout l'argent que je possède avant qu'on se sépare. Ben quoi ? J'ai vraiment très faim...

À contre-cœur, j'emprunte les toilettes répugnantes de la station essence et en me lavant les mains, j'observe mon reflet dans le miroir.

J'ai une tête à faire peur. Je suis toute pâle (enfin encore plus que d'habitude), mes traits sont tirés, mes yeux cernés, et mes cheveux tout emmêlés. Super...

Ah ! Moi qui croyais que j'avais clôturé cette soirée avec brio, que je m'en étais bien sortie pour une fois, je n'étais pas au bout de mes surprises ! Et la nuit n'est pas finie, Dieu sait ce qui m'attend encore...

Lorsque je retourne à la voiture, Nick est déjà à l'intérieur, prêt à prendre la route.

— Montez. Vite, on est là depuis bien trop longtemps, lance-t-il nerveusement en scrutant les alentours.

Holly Garland sur les genoux du Père Noël [FINI]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant