Chapitre 24 : Paix sur la Terre

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Dernier jour de l'année.

Je suis encore vivante.

Pour l'instant...

Nick se prend pour mon père et pour mon geôlier par la même occasion. Hier, il a dû commander à dîner car je n'avais toujours pas envie de cuisiner et lui non plus. Ou alors il avait épuisé l'éventail de ses capacités culinaires. Je n'ai pas craché sur la nourriture parce que j'étais affamée. Je n'avais pas mangé depuis la veille. Et puis c'est une prison de luxe ici, au lieu d'avoir du pain sec et de l'eau, j'ai eu droit à des lasagnes au saumon. Comment aurais-je pu résister et continuer à faire la grève de la faim pour montrer mon désaccord ? Des lasagnes. Au saumon ! Mon plat préféré. Le traître. Il essaie par tous les moyens de m'amadouer. Mais ça ne m'a pas empêchée de m'endormir en lui tournant le dos et en prenant bien garde de ne pas empiéter sur son côté de lit pendant la nuit, malgré ses tentatives pour me séduire en dormant complètement nu.

L'idiot. Si on avait encore été attaqués au beau milieu de notre sommeil, il aurait eu l'air malin avec son engin à l'air !

Bref. Ce matin, je me sens d'une humeur maussade. Je me dis que si c'est mon dernier jour sur terre, je n'aurais même pas eu le temps de dire adieu à ma famille. Et en plus, je partirai avec la culpabilité de leur avoir menti pendant notre dernier moment ensemble.

— Bonjour Gingerbread. Est-ce que tu veux goûter à mon sucre d'orge... ?

Le lit tremble dans mon dos, mais je ne me retourne pas et je garde mes yeux volontairement fermés pour répondre.

— Si tu commences à faire des jeux de mots salaces et ringards, je te préviens, je rentre chez moi pour de bon !

Son rire éclate haut et fort dans la chambre. Et malgré moi, je ne peux m'empêcher de ressentir un certain contentement me gagner. Son rire est agréable à entendre, apaisant et contagieux. Comme si tous nos problèmes n'existaient pas.

Comme si on était simplement un couple qui se rabiboche doucement après une petite dispute.

Je laisse un sourire m'échapper involontairement mais je le réprime avant de me retourner vers lui.

— Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle ! je grommelle.

Nick a finalement décidé de s'habiller. Du moins, il porte un boxer et un t-shirt. Il est allongé face à moi et dans sa main, il y a réellement un sucre d'orge, qu'il porte à sa bouche et suce malicieusement avant de me répondre.

— Tu as raison, ce n'est pas drôle, il n'y a rien à manger pour le petit-déjeuner ! J'ai dû m'attaquer à la réserve de secours stockée sur le sapin. Tony demande si on aura droit à des pancakes ce matin... ?

— Tu n'as qu'à en préparer... Il y a tout ce qu'il faut dans tes placards !

— Tony a dit que ma cuisine avait le goût et la texture du carton...

— Eh bien dit à Tony qu'il n'a plus qu'à se faire livrer une cargaison de petits enfants à la place...

— Naaannn... ! Je crois que tu avais raison. Se faire livrer de la mal-bouffe, c'est pas bon pour sa santé. Je m'inquiète pour lui tu sais... Tous ces produits chimiques et ces perturbateurs endocriniens contenus dans les aliments transformés, c'est très mauvais pour sa croissance. Et puis, il a une baisse de moral depuis hier. Je pense que tes pancakes maison lui feraient le plus grand bien ! Tu ne penses pas... ?

Cette fois, je n'arrive pas à me retenir de sourire. Un petit rire parvient même à franchir la barrière de mes lèvres.

Nick en profite pour glisser le bout de son sucre d'orge entre ces dernières entrouvertes. Celui qu'il a copieusement léché à l'instant. Il le fait rentrer dans ma bouche, le passe sur ma langue et le frotte ensuite le long de ma lèvre inférieure.

Holly Garland sur les genoux du Père Noël [FINI]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant