Chapitre 33 : Mon beau-père, mes parents et moi

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Comme un rappel à notre journée placée sous le signe de la torture auditive, les notes du carillon deviennent dissonantes à mes oreilles, presque comme la bande sonore d'un thriller.

— J'y vais ! je lance en appuyant sur l'épaule de Tony à ma gauche, pour l'empêcher de continuer à se lever. Il l'a fait par réflexe mais ma famille trouverait ça vraiment étrange qu'il aille ouvrir leur porte à leur visiteurs.

— Merci ma chérie, dit seulement ma mère, pendant qu'elle ressert de la salade à Tony.

Je me rends à la porte avec appréhension. Même si je sais que je ne risque rien.

Une agression est peu probable avec tout ce monde.

Mais par précaution, je jette quand même un œil au juda. Je ne vois qu'un amas de volutes blanches. Des fleurs ? Encore un livreur ?

Je finis par ouvrir, à cause de la pression. Les cloches qui carillonnent à nouveau me stressent terriblement.

— Bonsoir Gingerbread ! Nous sommes désolés pour le retard !

Nous ? je répète, stupéfaite à la vision de Nick debout sur le perron de la brownstone de mes parents, et portant un bouquet aussi gros que le précédent, si ce n'est plus, mais blanc celui-ci.

— Bonsoir Miss Garland, dit un homme que je n'aurais jamais cru voir ici lui non plus, en se déplaçant vers la droite pour sortir de l'ombre de Nick, tout en levant son Borsalino en feutre de sa tête pour me saluer à l'ancienne.

Monsieur Paxton ? je m'étonne.

— Oui, me répond-il. Je suis là pour affaires, précise-t-il en me montrant la grande enveloppe Kraft qu'il tient entre ses mains.

Ils ont fait tout ce chemin pour être sûrs que je reçoive bien ma lettre de licenciement ?

— Holly ? Qui est-ce ma puce ? demande mon père derrière moi, venu voir qui nous rendait visite à cette heure. Oh, c'est Nick ! Vous avez pu venir finalement ?

— Oui, j'ai fait au plus vite pour me libérer en avance. Et je vous ai amené mon père, comme je vous l'ai promis à Noël.

— Bonsoir M. Garland, Daniel Paxton de Paxton Software, se présente ce dernier en lui serrant la main. Navré de me présenter chez vous à l'improviste, mais je devais absolument parler à votre fille.

— Ce n'est rien voyons, vous êtes les bienvenus ! Allons Holly, qu'est-ce que tu attends pour les faire entrer ? Venez messieurs.

Mon père m'écarte du passage pour leur ouvrir la porte en grand et les fait entrer avant de les inviter à nous précéder. M. Paxton suit son fils qui fait comme s'il était chez lui et je remarque à l'instant qu'ils sont tous les deux arrivés avec des bouquets de fleurs.

C'est pour mieux faire passer la pilule ?

Je n'en reviens pas de leur culot mais je n'ai pas d'autre choix que de les suivre jusqu'à la salle à manger en soupirant de dépit.

Ils ont apparemment décidé de venir laver leur linge sale dans ma famille et je sens déjà que ça va être embarrassant...

Ma mère les accueille avec son hospitalité habituelle et leur propose de se joindre à notre table, ce qu'ils acceptent volontiers.

Drew et Becca ont l'air surpris de l'arrivée impromptue de nouveaux invités. Mais après de courtes présentations et un accueil enthousiaste envers Nick, l'atmosphère reprend un tour plus cordial.

Bizarrement, Tony, lui, n'a pas l'air étonné du tout.

Je suis sûre qu'il est responsable de ce guet-apens tordu. Le traître !

Holly Garland sur les genoux du Père Noël [FINI]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant