Aly
Après une nouvelle journée éreintante où pour la première fois j'ai vu l'étincelle dans les yeux de ma fille s'éteindre, aujourd'hui, la maladie a pris le dessus, j'ai réellement saisi la définition du mot impuissance. Je suis à bout physiquement et psychologiquement. Je sais qu'il y a une lumière au bout du tunnel, qu'il nous suffit d'avancer, un jour à la fois, mais toujours marché sans s'arrêter, et pourtant plus le temps passe, plus le poids sur mes épaules s'alourdit, plus mon âme broie du noir, plus en l'absence d'Iris je me noie. J'ai tellement l'impression de ne pas être à la hauteur de son combat, j'ai l'impression que je dois faire plus, qu'elle a besoin de plus, mais de quoi exactement ? Cette putain de culpabilité qui ne me lâche pas, qui semble même avoir remplacé le sang qui coule dans mes veines. Jusqu'à aujourd'hui, je pensais être sur le point d'être récompensée avec un Oscar pour mon jeu d'actrice hors-norme j'étais loin d'imaginer qu'en quittant l'hôpital, je ne serais plus que l'ombre de moi-même. Comme d'habitude, j'ai pleuré, j'ai crié ma haine et ma colère au monde entier tout en ayant le cul posé dans ma voiture, puis j'ai pris la route pour le boulot. Et c'est tel un automate que j'arrive à destination sans parvenir à savoir par quelle route suis-je passé, si même j'ai grillé quelques feux, l'esprit toujours focalisé sur ma petite fille et son regard vide qui me hantera jusqu'à la fin de ma vie. Il est encore tôt, les clients se font rares à cette heure-ci, je vais directement dans les vestiaires, je n'ai pas loupé le regard de certaines personnes depuis mon arrivée, j'aimerais pouvoir éviter de leur donner de quoi m'achever. Quoi que peut-être qu'un petit crêpage de chignon me permettrait d'extérioriser, peut-être devrais-je me trouver un sport avant de commettre l'irréparable sur mon lieu de travail...
- Hey je t'ai pas vu arrivé Supergirl ! Ça ne va pas ? C'est Iris ? Me dit-elle les sourcils froncés.
- Je viens de me maquiller j'aimerais éviter de tout gâcher, répondis-je
- Au chiote le maquillage, de toute façon t'en a pas besoin. Suis-moi.
Je suis mon amie, car oui c'est ce qu'elle est devenue. Il faut croire que les liens forgés dans les épreuves, bien qu'invisibles, sont bien plus solides que certains tissés au fil des ans. Elle me fait m'asseoir au bar et je la vois passer de l'autre côté, prendre deux verres et y verser du whisky.
- Suzie... Pas au travail.
- Je suis ta responsable, et je le bois avec toi. Tu en as besoin pour vider ton sac et en tant que véritable amie, je vais en avoir besoin pour entendre ce que tu vas me dire... Allez, raconte-moi tout avant que les clients n'arrivent.
- Je crois qu'Iris abandonne, qu'elle est en colère. Aujourd'hui j'étais heureuse de retrouver ma fille, elle m'a accueilli en pleure, elle m'a dit que j'étais méchante de la laisser là, qu'elle m'aime plus. Suzie, quand ma fille s'est calmée, son regard était vide, elle a passé le reste de la journée à fixer le mur, à m'ignorer. Elle mérite tellement mieux comme Maman.
- Je t'interdis de dire ça, tu es une super maman, tu es sa Supergirl, tu te bats sans relâche pour ta fille, tu viens bosser pour lui offrir tout ce dont elle rêve alors que tu ne dors pas. Tes cernes ne m'échappent pas, tu sais. Ta fille est sous traitement, sous chimio, sans parler des ponctions lombaires et du fait qu'elle soit enfermée, elle est encore petite, et tout ça c'est les effets de tout ce qui est injecté dans son petit corps. Elle t'aime Aly, autant que tu l'aimes toi. Ça arrivera encore, les médecins t'avaient prévenu que les changements d'humeur font partie des effets secondaires, tu dois être forte Aly, tu dois l'être plus que jamais quand elle est dans '' les bas '', et après craque, quand tu sors de l'hôpital, lâche tout... Son papa ne t'aide pas dans cette épreuve ?
J'explique alors à ma copine notre histoire, elle ne me juge pas et je dois dire qu'elle est un excellent remède et sait me faire rire.
- Bah tu sais, j'ai déjà eu des coups d'un soir, et si tu veux une petite confidence, des fois c'est pas plus mal de ne pas s'en rappeler, c'est notre cerveau qui nous protège face à la déception, rigole-t-elle.
- Bonjour mesdemoiselles, de quoi parle-t-on ?
- Aly, je te présente Ash, Ash je te présente Aly, notre nouvelle serveuse. Chérie, ne te fais pas avoir par sa belle gueule d'ange, cet homme est un démineur sur pattes, prêt à se dévouer et désamorcer toutes les chattes en chaleur sur le point d'exploser.
- Suzie ? Vraiment ? Tu viens de me briser le cœur, quelle piètre opinion tu as de moi, lui répond le fameux Ash une main sur le cœur.
- Ça va mon lapin, feint pas l'ignorance ta sûrement baiser toutes les chattes qui se trouvent ici en ce moment. Sauf la mienne et maintenant la sienne.
- Il n'est jamais trop tard les filles, ont peut se faire ça à trois si vous voulez minaude-t-il.
- Tu sais mon chat, l'expérience à trois je connais, et si ça te tente pourquoi pas, dis-je en carressent son bras de l'ongle de mon index. Mais j'ai une condition pour que ce jour avec toi arrive.
- Laquelle ?
- Baisse ton froc.
- Quoi ? Là ? Maintenant ? Le boss est dans son bureau, pas sûr que je m'en sorte vivant... Il baisse son pantalon et oh bordel, il est sérieux, il l'a fait, et oh bordel il est plutôt bien équipé ! Je dois rougir car son sourire s'élargit et Suzie est au bord du fou rire. Bon, et maintenant ? Ta condition ? Tu voulais t'assurer que je sois pas percer ?
- Maintenant ? Essaie de te sucer et après seulement tu pourras me baiser.
- Mais c'est impossible !!
- Oui, c'est exactement ce que je pensais te faire comprendre mais il faut croire que l'un de tes cerveaux à perdu la capacité de réfléchir. Je ne suis pas là pour me faire baiser Ash, alors si tu pouvais éviter de baisser ton froc à la moindre occasion, toi et moi on pourrait être amis.
- Pourquoi tu la fixes ?
- Hein ?
- Bah ma queue, mes yeux sont plus hauts Aly...
- Ben elle me pointe ! On m'a toujours dit de ne pas baisser le regard face à l'adversité, dis-je innocemment.
- Je crois que je t'aime, répond Ash.
- Et moi, je crois qu'il est tant que tu te rhabilles, parce que tu l'as dit toi même si le boss te voit à poil au milieu de la salle tu risques de te faire virer, pote ou pas pote...
- Tu es serveur ? Demandais-je
- Non, tu as devant toi le sauveur de ses dames et l'ennemi des monsieur, la sécurité à votre service très chère !
Je sens que je vais adorer ce Ash ! Sa bonne humeur est contagieuse et l'amitié qui le lie à Suzie est belle à voir, ils semblent tout deux me laisser entrer dans leur petit groupe fou.
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Pour les yeux d'Iris
RomanceJe m'appelle Aly Orford, j'habite dans la merveilleuse ville de Greenport dans l'état de New-York. J'y menais une vie tranquille, jusqu'à ce que je souffle ma dix-huitième bougie ce soir du 13 mars 2020 et que je découvre trois mois plus tard, que m...