Trent
Le 18 Décembre
Je me lève l'esprit encore embrumé par l'alcool ingurgité la veille, je me dirige vers la douche et laisse l'eau détendre mes muscles, mon esprit s'évade vers la soirée d'hier.
- Trenton. Contente de te revoir.
- Tu m'excuseras mais j'ai oublié ton nom, je regarde sa main qu'elle ne semble pas vouloir enlever de ma cuisse.
- Cindy. Moi je ne t'ai pas oublié... Son regard plein de sous entendu me file de l'urticaire et sentir ses doigts même au travers de mon fut me donne la gerbe.
- Tu sais que je ne suis pas une boule anti- stress ? Balancé-je
- Pardon ?
- Ta main. Si toi tu aimes te faire tripoter par n'importe qui, c'est pas mon cas.
- Fait pas ton coincé, c'est pas ce que tu disais à l'époque.
- Il faut croire que je devais préférer la quantité à la qualité. Sarah-Maude, ce fut un plaisir, mais je ne vais pas m'éterniser, je dois appeler ma femme.
- Mais non? Trenton un homme marié ?
- Pas encore, bientôt je l'espère.
- Prends soin de toi, me dit-elle en me faisant une accolade.
- Merci, et félicitations pour ton mariage.
La discussion s'est terminée aussi rapidement qu'elle a commencé, même si, je suis sincèrement ravi de l'avoir revu, son amie a réussi à me faire fuir. Il est encore trop tôt pour rentrer et retrouver ma solitude, je ne suis pas prêt à affronter le bordel dans ma tête. Sur le chemin de l'hôtel je m'arrête dans un bar qui m'a l'air sympa et plus intimiste que le précédent. Le serveur me regarde bizarrement quand je m'approche pour lui dire ce que je veux mais je n'y prête pas plus attention que ça puis je pose mon cul et mon esprit s'évade à New-York. Aly et Iris me manquent effroyablement mais je ne peux pas retourner à New-York tant que je n'ai pas apaisé l'enfant en moi. Je sais qu'elle va m'en vouloir pour mon silence, qu'elle va sûrement même me détester, mais je me dois de m'isoler pour surmonter l'épreuve qui, je l'espère se présentera rapidement à moi. J'ai mis des années à comprendre que j'avais besoin de guérir de maux invisibles, que j'avais préféré souffrir de l'absence d'Aly à mes côtés plutôt que de souffrir du manque de mes parents et de cette famille que je n'ai pas. J'ai soigné ma douleur par une autre, je me suis jeté à corps perdu dans une vie à mille à l'heure dont elle ne faisait plus partie, me punissant pour celui que j'avais peur de devenir en sa présence, sans réaliser qu'en fait, elle était l'essence même de ma guérison. Je déplore amèrement le temps perdu, où je nous ai fait souffrir en silence chacun de notre côté. Je regrette d'avoir fermé les yeux si fort, de ne pas avoir su voir dans les siens ma rédemption. Aly a toujours été mon souffle de vie et même si je l'ai mal aimé, je l'ai toujours aimé de loin. J'ai essayé de faire pour elle ce que je n'ai pas su faire pour moi, la protéger. Rien autour de moi n'existe, ni la musique ni les gens, enfermés dans ma bulle, je me remémore ce que j'ai ressenti quand je l'ai aperçu dans mon club, cette impression d'avoir suffoquer des années durant et de retrouver enfin ma respiration. Cette sensation de bien-être quand je l'ai portée tout contre moi pour l'emmener dehors. Cette impression d'avoir trouvé ma place dans un monde où je me perdais. J'ai la vie que je souhaite à portée de main, à conquérir à force des bras et du cœur et c'est dans cette direction que j'avance. Je ne veux plus qu'Aly fasse partie de mon passé, je ne veux plus qu'Iris grandisse loin de moi. J'ai trouvé en elles ce que j'ai toujours espéré et peu importe que les liens du sang ne nous unissent pas, ceux du cœur ont su me prouver qu'ils étaient bien plus forts.
- Excuse-moi petit, t'es bien Trenton n'est-ce pas ? Le serveur de tout à l'heure me sort de mes pensées
- Et vous êtes ?
- Un vieil ami m'a demandé de te dire que tu dois le retrouver ici à vingt et une heures demain. Je pense avoir compris alors même qu'il refuse d'en dire plus, j'ai recommandé un verre, puis deux, puis trois, après quoi, je préfère appeler un taxi pour qu'il me ramène au bercail.
Je pourrais presque sentir l'eau refroidir sur mon corps signe qu'il est temps de sortir de la salle de bain. Je me regarde dans le miroir, le regard noir qui me fixe s'était fait la malle depuis un bail, je crois même que la dernière fois que je l'ai vu c'était ici, à Greenport.
J'avais prévu d'aller faire un tour à la salle de sport mais je suis censé retrouver Mason en fin de matinée et le temps me manque. Après un rapide repas, mon vieil ami et moi prenons la direction d'un lieu qui je le sais, lui tient à cœur. Lorsqu'il reconnaît l'endroit au moment où je me gare, ses yeux emplit de gratitude se posent sur moi. Je l'aide à descendre les marches qui nous mènent à ce petit morceau de plage qui lui est cher mais où personne ne vient jamais. Nous nous asseyons sur des roches, le bruit des vagues remplaçant le silence, apaisant nos cœurs, l'océan à perte de vue nous rappelle à quel point nous ne sommes rien.- Est-ce que tu sais pourquoi j'aime tellement cet endroit, fils ? Pourquoi est-ce que c'est ici que je t'emmenait pour faire le vide ? De ma tête, je réponds par la négative. Elisa, l'amour de ma vie était tombée amoureuse de cet endroit ce soir d'été ou nous nous sommes embrassés pour la première fois, un rire nostalgie transperce la barrière de ces lèvres. Ce soir-là, je n'ai pas seulement chavirer pour le spectacle que la nature m'offrait, mais aussi pour le vue que j'avais depuis ce même rocher où je suis assis aujourd'hui. Elisa se tenait juste là, dos à moi, elle contemplait le coucher du soleil qui se reflétait dans l'eau, le vent faisait s'envoler ces cheveux de blé. Elle était la plus belle chose que je n'avais jamais vu et quand elle s'est retournée, que son regard attendris s'est posé sur moi, que ces lèvres ont esquissé le plus beau des sourires, j'ai su que peu importe ce que la vie pouvait encore me réserver, peu importe les chemins que j'emprunterais Elisa serait toujours ma destination, et je ne me suis pas trompé, j'ai passé le restant de ma vie à ces côtés. La perdre m'a anéanti, l'omniprésence de son absence me tue à petit feu. Je l'ai aimé bien plus que j'ai aimé la vie, et je l'aime encore. Les souvenirs sont ancrés en moi, et tu sais ce qui me fait encore tenir aujourd'hui ? L'espoir Trenton, l'espoir est la seule chose qui vit encore en moi, l'espoir que quand viendra mon heur, même dans un autre monde, Elisa sera toujours ma destination. Ne perds jamais espoir Trent.
- Mon père sait que je suis ici. C'est la seule chose que je trouve à lui répondre, tant son discours m'a noué la gorge. Mason a toujours fait office de figure paternelle à mes yeux, le seul qui sache tout en dehors de Matt et qui puisse me conseiller. Je dois le retrouver ce soir, c'est ce que je voulais et pourtant j'ai une peur bleue de le confronter.
- La peur et la fuite ne t'empêcheront jamais de souffrir Trenton, au contraire au lieu de te libérer de la douleur, elles ne feront que t'enfermer dans une spirale infernale. Tu dois y aller, tu dois lui dire ce que tu as sur le cœur, et même si je ne te demande pas de comprendre ou de pardonner, je te demande de l'écouter. Ne le fais pas pour lui, fils, fais-le pour toi, parce que c'est à ce moment-là que tu comprendras que l'adulte que tu es et le père que tu espères devenir est l'exact opposé de ce qu'a été cet homme pour toi. Et si tu doutes, si ça ne va pas, repense à ta destination, et sache que le lit dans la chambre d'ami n'est toujours que le tien.
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Pour les yeux d'Iris
Romance~TERMINÉ, NON CORRIGÉ~ Je m'appelle Aly Orford, j'habite dans la merveilleuse ville de Greenport dans l'état de New-York. J'y menais une vie tranquille, jusqu'à ce que je souffle ma dix-huitième bougie ce soir du 13 mars 2020 et que je découvre troi...