Des décisions pour le restant de notre vie

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Trent

Quand j'ai vu Ali s'effondrer j'ai pas réfléchi et j'ai réussi à la rattraper avant qu'elle n'ait le temps de se faire mal dans sa chute, je l'ai allongée avec l'aide du médecin qui lui a relevé les jambes. Elle semble reprendre peu à peu ces esprits, ça fait peut-être de moi un trouillard mais son malaise m'a donné un petit délai avant qu'elle et moi soyons obligé de discuter car pour être honnête je crois que je ne réalise toujours pas.

- Attendez un peu avant de vous relever, je vais vous laisser un peu d'intimité et si jamais vous souhaitez discuter de tout ça à l'abri de petites oreilles curieuse je serais dans la salle du personnel qu'on peut vous laisser un petit moment, il n'y a qu'à le demander.

- Merci, Doc, répondis-je.

Je m'éloigne un peu d'Aly pour ne pas qu'elle se sente oppressée et j'ai moi aussi besoin de mettre de l'ordre dans ma tête. Je m'approche de la fenêtre avec l'intention de trouver dans le paysage la meilleure approche a avoir pour faire face à la situation, mais n'y trouve aucune réponse. Je finis par me retourner et dans un silence pesant, je regarde Iris qui dort encore profondément, ma fille. J'ai une fille de quatre ans dont j'ignorais l'existence il y a peu, une fille malade, fruit d'un amour que je pensais impossible. Je m'en veux, je m'étais juré de protéger Aly de celui que j'étais, et force est de constater que j'ai échoué, j'ai couché avec elle et je ne m'en souviens absolument pas, j'ai oublié l'unique instant d'amour que nous avons partagé. Je culpabilise pour ça, mais d'un côté, je sais que sans ça, Aly n'aurait pas Iris dans sa vie et je sais que rien que pour ça, elle ne me jettera pas la pierre. Sa fille, notre fille, est ce qu'elle a de plus cher, de plus beau, j'ose espérer qu'elle ne regrettera pas. Viens aussi les remords, si je n'avais pas fui, j'aurais vu ma fille grandir, j'aurais été là, sûrement pas en temps que père puisque nous l'ignorions, mais j'aurais pu assister à toutes ces première fois que j'ai loupé, les premiers pas, le premier éclat de rire, les premiers mots.

- Comment tu vas ? Me demande Aly que je n'ai pas vu se relever.

- Je ne sais pas, et toi ?

- On va discuter ?

D'un signe de tête je lui montre la porte, elle se rend directement dans la salle d'attente où elle sait qu'elle trouvera nos proches. Je ne sais pas comment elle sait qu'ils sont encore là, peut-être est-ce sa une famille ? Savoir qu'ils seront toujours là. Aly prend Matt dans ces bras qui semble le seul à comprendre ce qu'il se passe.

- Est-ce que vous pourriez rester avec Iris un petit moment le temps que Trent et moi discutions ?

- On s'en occupe, prenez votre temps.

La salle du personnel n'est qu'à quelques mètres mais j'ai l'impression d'effectuer un marathon, mon cœur bat vite, trop vite. C'est notre avenir qui va se jouer d'ici quelques instants. Le docteur vient à notre rencontre lorsque l'ont frappe à la porte restée ouverte.

- N'hésitez pas à fermer derrière vous et a vous servir de la machine à café. Je préviens mes collègues, ne vous en faites pas.

- Merci Doc, lui dis-je alors qu'il referme la porte derrière lui, nous laissant sans aucun échappatoire face à la réalité des choses. Le silence règne, ni elle ni moi ne savons par où commencer, pour ne pas perdre le fil de l'instant, je decide de nous faire un café. Je dépose devant Aly son café et m'installe face à elle lorsque tout est prêt, et j'attends. Elle comme moi avons besoin de faire le vide, le point, d'être seul mais ensemble.

- Qu'est-ce qu'on va dire à Iris ? Commence-t-elle

- La vérité si tu es d'accord, avec ça.

- Trenton, es-tu conscient de ce que ça représente ? Je ne t'oblige à rien.

- Qu'est-ce que tu me demandes au juste Aly ?

- Avoir un enfant c'est pour la vie, avec autant de moments de joies que de peur, c'est une présence constante, c'est un engagement, ce n'est pas ton choix Trenton, c'est moi qui ai décidé de garder Iris, pas toi, je n'ai pas le droit de t'obliger à changé toute ta vie.

- Ma vie à changé il y a bien longtemps, j'ai pas eu besoin de mourir pour perdre la vie Aly, il m'a suffit de te perdre, toutes ces années j'ai continué à respirer en étant déjà mort de l'intérieur, te retrouver ma ranimé, rencontrer Iris m'a offert un second souffle, un nouveau but. Ça à toujours été toi, maintenant c'est vous deux.

- Trenton...

- Je ne te promets pas la lune, j'ai encore du travail à faire sur moi-même, j'en suis conscient. Je t'explique juste qu'avec le temps, je serais ce qu'il te faut mais qu'en attendant, Iris est ma fille et je veux qu'elle face partie intégrante de ma vie.

- Alors quoi, on fait une garde partagée ?

- Je ne compte pas te priver d'elle, elle a besoin de toi tout comme tu as besoin d'elle. Le lien qui vous unis est bien trop fort pour que je veuille vous en défaire. Je ne veux pas de garde partagée. Je te demande seulement de me laisser passer du temps avec ma fille, avec et sans toi. Que nous apprenions elle et moi à nous connaître, que nous apprenions petit à petit à devenir une famille.

- Iris restera ma priorité Trenton, je te demande seulement d'être sur de toi, j'essaie seulement de la protéger, il s'agit là de ne plus fuir pour une quelconque raison, si tu lui fais du mal je jure de te tuer de mes propres mains.

- Je te promets que tu n'auras pas à la protéger de moi Aly, ne t'ai-je pas prouvé que j'étais là pour vous ces derniers temps ?

- Il ne s'agit pas de moi, mais d'Iris. Tu feras parti de ma vie à travers elle Trent, mais je ne suis pas prête à me battre pour nous deux, à attendre que tes belles paroles et tes promesses prennent vie, je ne te priverais pas d'elle, mais à l'heure actuelle, il n'y a pas de nous.

- Je lutterais pour deux alors et je te promets que si ni toi ni moi sommes prêt a un nous pour l'instant, ça arrivera Aly. Est-ce que je peux te demander quelque chose ?

- Je t'écoute, je me lève et m'approche d'elle.

- J'ai besoin de me souvenir Aly, j'ai besoin d'essayer de me rappeler ce que j'ai ressenti ce soir-là, j'ai besoin que ce soit différent de deux corps qui s'unissent dans une cuisine, je veux revivre ce moment où j'ai scellé mon âme à la tienne il y a quatre ans. Je veux le faire en sachant qu'à ce moment-là, j'ai fait de toi la mère de mon enfant.

- Trent, sa voix me repousse mais ses yeux et son corps m'appelle. Je n'ai pas oublié ce qu'il s'est passé dans la cuisine de son appartement provisoire, mais aujourd'hui ce qui nous lie ce n'est pas l'empressement ou le besoin de deux corps de s'unir, c'est bien plus profond, c'est prendre le temps comme s'il s'agissait de la première et la dernière fois que l'on se découvrait, s'est unir deux âmes qui s'étaient égarées. Je l'embrasse comme si je l'avais toujours attendu et que demain n'existait pas.

Pour les yeux d'Iris Où les histoires vivent. Découvrez maintenant