Pour les yeux d'Iris

Kinder surprise

Aly

J'ai rencontré Béné au collège, elle est plus âgée de deux ans, on s'est retrouvé dans la même classe et celle l'une des seules qui ne m'a pas jugée. Quand elle m'a demandé de l'aider sur ses cours, je n'ai pas hésité. J'ai sauté deux classes ce qui me permet aujourd'hui, à seulement dix-huit ans d'être en seconde année d'université. J'étudie l'économie et la gestion, non pas que ça me plaît réellement, il s'agit surtout là de faire quelque chose de ma vie. Ça c'est joué au hasard, je me rappelle de ce soir là avec Matt comme si c'était hier. Je déprimais à l'idée de ne pas savoir quoi faire plus tard en me disant que plus tard serait bien trop vite là, j'ai écris toutes les possibilités sur des petits bouts de papier, j'en ai pioché cinq. La règle était simple, sur les cinq, la branche qui ressortirait le plus, serait celle que je choisirai. Voilà comment j'en suis arrivée là. Béné m'a suivi, elle et moi sommes faites du même bois. Nous sommes de grandes rêveuses, amoureuses de la vie et de tout ce qu'elle a à nous offrir, on aime l'aventure, la découverte. D'ailleurs, ce soir nous partons en long week-end entre filles, enfin, c'est vite dit, ma mère ne me laisse pas partir plus loin que New-York chez le frère de Béné car elle ne supporte pas l'idée de laissé son bébé seule sans surveillance... Alors, je me contente de ça, même si soyons claires qu'une fois sur place, je ferai ce que je veux. Ça la rassure, et pour moi, partir en la sachant sereine est ce qu'il y a de plus important. Maman n'a pas besoin de s'inquiéter pour moi. Ça fait trois mois que Matt est parti, et j'ai besoin de me changer les idées, de fuir se silence permanent qu'il a laissé en partant. On rentre dimanche, je n'ai que quatre jours de repis avant le fameux repas dominical avec Trent et sa nouvelle pouffiasse du moment, j'aimerais pouvoir plaider une panne de voiture mais ma mère viendrais me chercher où que je sois pour que je ne loupe pas ce moment. Comme s'il était important, comme si notre famille était toujours là même sans Matt, comme si, voir Trent m'emplissait de joie alors qu'il me calcul à peine. Il est là pour ma mère, je suis un fantôme à ces yeux, et Béné le sait.

- Mon frère rentre à la maison en même temps que nous, pourquoi tu lui demandes pas de jouer ton mec pour dimanche soir ? Histoire que ce connard de Trent comprenne ce que tu ressens quand tu le vois avec une conasse différente à chaque fois...

- Poufiasse, pas connasse. Puis, Trent s'en fou, c'est à peine s'il remarque ma présence ! Laisse ton frère tranquille, il a  d'autres choses à faire que de traîner avec moi.

- Ohh non, Andrew jouerait le jeu pour deux raisons, la première il déteste Trent au plus au point, la seconde, il t'adore. Essai tu verras bien ? Après tout, tu n'as rien à perdre, non ?

J'ai haussé les épaules, à quoi bon, Béné obtient toujours ce qu'elle veut, alors je sais, que même si cette idée est tordue, Dimanche, j'irai à ce dîner accompagnée de son frère.

Nous sommes arrivés hier soir, j'ai dû écourter notre soirée car je commençais à être malade, fait chier. Ça fais des mois que j'attends ce week-end et je suis clouée au lit. Andrew est adorable avec moi, aux petits soins mais je ne peux m'empêcher de rêver qu'un autre soit à sa place.

- Laisse la se reposer Béné !

- Oups, du balai ! Je lui ai rapporter ses beignets favoris. Il faut qu'elle se nourrisse, tes soupes la font gerber !

- Tu me fatigues !

- Je t'aime aussi grand frère ! Lui cri Béné en entrant dans ma chambre, ou plutôt la chambre d'ami d'Andrew.

- C'est vous qui me fatiguez. Lui dis-je

- Tu nous as entendu ?

- Ses soupes sont très bonnes, c'est juste que rien ne passe. Et oui, je vous ai entendu, t'as une grande gueule je te rapelle.

- Oui, mais je suis la meilleure amie du monde alors tu me pardonnes. En plus, je t'ai ramener des beignets, tiens.

Je prends le sachets des mains et un truc qui n'a rien à faire la attire mon attention, je le sort du sac et le temps à ma meilleure amie.

- Sérieux Béné ?

- Écoute, je veux juste t'enlever un doute.

- Il n'y a pas de doute à avoir Béné, j'ai mes règles tout les mois depuis ce soir là, et jusqu'à maintenant je n'ai aucun symptôme.

- Hum hum... Tu n'as surtout aucun souvenir de ce soir-là, seulement que tu t'es réveillé avec des douleurs à la minette et des saignements, ce qui soit dit-en passant laisse penser que tu as perdu ta virginité, le problème, je te le rappelle c'est que tu ne sais pas avec qui, ni même s'il s'est protégé, alors c'est bien d'avoir fait le test de mst, maintenant fait celui-là.

- Ce sera négatif. Lui dis-je.

- Et bien, tant mieux mais au moins on est fixées.

- Tu m'épuise !

- Je t'aime ! Ça, c'est sa réponse à tout. Grrr.

Je mange un morceau de beignet quand des hauts le cœur me reprennent, je fonce au toilette pour vomir, encore ! Foutu intoxication alimentaire ! Je me rince la bouche, tire la chasse et pose mon fessier sur le trône pour pisser sur ce petit bout de plastique ! J'aurais jamais cru en arriver là et pourtant, j'attends patiemment les trois minutes indiquées sur l'emballage, je suis en train de me brosser les dents quand sans le vouloir je jette un coup d'oeil sur le test et que j'y vois deux petits traits. J'ai vu assez de film et lu assez de roman pour savoir que deux traits le rendent positif. Je fini une fois de plus, la tête sur le trône à vomir ce que je viens de lire. Béné avait raison. Que vais-je devenir ? Comment vais-je l'annoncer à ma mère ? À Matt ? Comment leur dire que j'ignore qui est le père ? Que va penser Trent ? Ma vie n'est plus qu'un cauchemar. J'ai tout oublié de ce soir là, mais il y a une vérité inéluctable, un fait que je vais devoir assumer. Je suis enceinte.

Dimanche est bien trop vite arriver à mon goût, faire face à ma mère et Trent et devoir leur annoncer la nouvelle fut l'une des épreuves qui m'effraie le plus. Je ne suis pas prête à voir le jugement dans leurs yeux, dans le sien surtout. Trent, l'amour de ma vie, le seul et unique que j'emporterais jusqu'à ma tombe. Cet amour secret, à sens unique.
Andrew, au courant de la situation, m'a comme toujours été d'un soutien inconditionnel, mais j'ai décidé de décliner son invitation à m'accompagner pour ce soir. Je dois assumer et le faire seule, pourtant, il aurait été facile de faire croire que cet enfant est le sien, et même s'il me l'a proposé, je refuse de lui faire ça.

Quand j'entre dans la maison, la mine fatiguée, les yeux cernés et encore plein de larmes, c'est le silence qui m'accueille. Aucune odeur de cuisine, aucune voix, pourtant, Trent devrait être là depuis un moment. J'avance, le silence m'angoissant, je trouve ma mère endormie sur le divan, je la réveille lentement et quand je lui demande ce qu'il se passe, je m'attendais à tout sauf à ça.

- Trent ne viendra pas, il ne viendra plus.

- Comment ça maman ? Qu'est-ce que tu racontes ?

- Il est parti.

Mon cœur loupe un battement, puis deux, je crois qu'il se brise, puis finalement ma vue se floute, la dernière chose que je vois, c'est le regard apeurée de ma mère au dessus de moi, son téléphone à l'oreille avant de sombrer.