Instants précieux

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Trent

Je n'ai jamais autant squatté mon penthouse que depuis ce soir là où j'ai retrouvé Aly. Ma vie est simple depuis quinze jours, maison, boulot, hôpital, dodo. Je passe mes journées à me tuer sur mes dossier, à finaliser des achats comme par exemple cet ancien entrepôt que j'ai acheter à Chicago pour y implanter un '' Alive Club '', ou ces immeubles un peu partout aux États-Unis qui deviendront bientôt des hôtels de luxe. Quand ma journée de travail est finie, je passe voir Iris à l'hôpital. Je connais les horaires d'Aly, et je sais qu'elle m'a demander de me tenir loin d'elle, c'est ce que je fais d'ailleurs, mais j'ai besoin d'être présent pour Iris, peut-être est-ce une manière de réparer les erreurs que j'ai commises avec sa mère. J'en sais fichtrement rien. Ce que je sais, c'est que voir sa petite bouille apaise la douleur sur mon cœur. Cette petite fille est un rayon de soleil, elle m'épate. La joie qui émane d'elle quand elle me voit arriver vaut bien tout les risques que je prends en lui rendant visite dans le dos de sa mère. Le club, j'y vais plus, ou presque, j'essaie de tout faire de chez moi ou du bureau, et si vraiment je dois y aller, je le fais quand elle ne travaille pas. Je ne veux pas lui faire plus de mal que je lui en ai déjà fait, alors si pour ça, je dois l'éviter, je le ferai. J'aurai pu la virer, ça aurait été choisir la facilité, c'est peut-être même ce que j'aurai fait en temps normal, mais je sais ô combien son job est important pour elle. Elle s'est liée d'une forte amitié avec Suzie, Jacob et Ash, ça me fait chier d'ailleurs, mais je sais qu'elle pourra compter sur eux, alors quelque part ça me rassure. À côté de ça, je sais qu'elle a besoin de travailler pour ne pas se laisser submerger par tout ce qu'elle traverse, savoir que le ''Alive club'' est un exutoire pour elle me fait quelque chose.
J'aurai aimé que les choses se passent autrement, qu'on ait une chance d'être heureux tout les deux, qu'on deviennent une famille avec Iris, au lieu de ça, je vais rester le tonton caché, le papa de substitution. Petite princesse à un don, elle saurait transformer un vilain troll en prince charmant, je sais pas ce qu'elle a vu en moi, mais ce qu'elle a apporté dans ma vie est intense. En à peine quelques heures elle a pris une place si importante dans mon cœur, c'est un peu comme s'il l'a reconnaissait, comme s'ils étaient liés, sans que j'en comprenne le sens. J'ai besoin de la savoir en bonne santé.
En prenant la route de l'hôpital comme tout les soirs, je me remémore ce premier jour avec une telle émotions que les larmes me montent.

DOUZE JOURS PLUS TÔT

Aly m'a clairement dit qu'elle ne me voulait plus dans sa vie, j'ai vu la douleur et la peine prendre possession de tout son être. J'ai pas compris comment on avait pu passer d'un instant d'amour pur à tout ça. Le fait de partir il y a quatre ans sans regarder en arrière m'a fait me sentir vide ces dernières années, je pensais avoir déjà touché le fond, pourtant, aujourd'hui je peux dire ce que ça fait que d'avoir le cœur en miette, d'avoir l'impression d'avoir perdu une partie de soi. J'ai mal de voir que le monde continue de tourner alors qu'elle ne fait plus partie de mon quotidien. Ces sentiments de vide, de solitude, de manque que je ne connais que lorsqu'il s'agit d'elle, m'envahissent. Tellement de ''et si ?'' qui prennent possession de mon esprit et qui pourtant peu importe les réponses, ne me feront jamais rattraper le temps perdu. J'ère telle une âme en peine, tel un alcoolique à la recherche de sa bouteille de bourbon ou comme le petit junk du coin en attente de sa dose. Je sais pas où je vais, j'ai l'impression qu'en sa présence, l'avenir s'illuminait devant moi, je n'avais qu'à me laisser porter et depuis, l'obscurité a de nouveau envahi mon chemin. À peine ai-je ouvert la porte de sa chambre, qu'Iris crie mon prénom, le sourire aux lèvres.

- Hey, salut princesse. Comment tu te sens aujourd'hui ?

- Ça va, on a fait des jeux avec maman et elle m'a lu des histoires. Dis pourquoi t'es pas venu avec maman ?

- Maman est un peu fâchée, lui dis-je. Je ne veux pas lui mentir, le mensonge détruit.

- Pourquoi ?

- Dis-moi princesse, qu'est-ce que maman fait quand tu fais une bêtise ? Parce que même les princesses font des bêtises n'est-ce pas ? Elle me regarde et fait mine de réfléchir, son petit index sur le menton, j'ai l'impression de voir Aly dans ces mimiques.

- Hum, elle fait comme ça, dit-elle en mettant ses poings sur ses flancs et en fronçant les sourcils. Puis après, elle me gronde, puis après des fois elle me punit.

- Et bien tu vois, j'ai moi aussi fait des bêtises, du coup maman est fâchée.

- Est-ce que maman sait que tu es venu me voir ? Si elle est fâchée et que tu fais pas ta punition correctement, elle va te gronder tu sais.

- Non, je n'ai pas dis à ta maman que j'étais là. Mais je ne te demanderai jamais de mentir princesse, le mensonge c'est pas bien, alors si tu veux lui dire tu peux, elle ne me grondera pas t'en fais pas.

Bon, je lui dis ça, mais c'est surtout pour ne pas lui dire que si sa mère l'apprend, je vais sûrement finir sur un bûcher sans aucune chance de voir le soleil se lever.

- D'accord alors je lui dirais quand tu seras plus puni, puis après la punition de toute façon maman elle me parle toujours pour m'expliquer pourquoi ce que j'ai fait est pas bien alors toi aussi elle viendra te parler, puis après, peut-être qu'elle te fera un câlin et un bisou, moi c'est ce qu'elle fait mais c'est parce que moi je suis sa préférée. Elle hausse les épaules et déclenche mon rire, ce petit air nonchalant m'a surpris.

- Est-ce que tu veux qu'on lise une histoire ? J'attrape un livre qui traîne et le lui montre.

- Dis Trent ?

- Oui princesse. Je me rapproche et m'assieds à sa hauteur, elle s'est rallongé sur le lit et accroupis devant celui-ci, j'attends.

- Est-ce que tu veux bien être mon papa ? J'ai pas de papa moi et je veux que ce soit toi mon papa.

AUJOURD'HUI

C'est le sourire au lèvre que je franchis les portes de l'hôpital, sourire que je perds très vite quand je vois la chambre vide d'Iris. Plus de jouets, de peluches ou de livre, plus rien si ce n'est que son odeur d'enfant qui ère dans la pièce. La panique me prends, non, non, non impossible. Iris allait bien hier encore, Aly m'aurait prévenus quand même ? Je cours en direction des bureaux des soignants. Et enfin le soulagement, mon cœur repart quand j'entends ces mots.

- Iris a quitté l'hôpital ce matin, Monsieur. Elle est en rémission. Je suis désolée d'apprendre que vous ne le saviez pas.

Je la prends dans mes bras et court dans le sens inverse. Les mains sur les genoux j'inspire profondément l'air new-yorkais de cette fin de journée. Puis, la réalité fini de me mettre à genoux. Seuls les moments passés avec Iris me permettaient de recoller petit à petit les morceaux éparpillés de mon palpitant. Maintenant qu'elle est rentré et même si c'est ce que j'espérais le plus au monde, que me reste-t-il à part des souvenirs ?

Pour les yeux d'Iris Où les histoires vivent. Découvrez maintenant