Trent
Après être sorti de l'hôpital, je suis venu m'enfermer chez moi, et je me suis retrouvé comme un con enseveli sous les regrets. Ces dernières semaines, Iris a été un point d'encrage, la voir tout les soirs, créer cette petite routine a été pour moi une sorte de révélation. Je sais que j'ai perdu Aly, que c'était la fois de trop pour elle et au fond comment pourrais-je lui en vouloir ? Elle a raison quand elle dit qu'une fois encore, j'aurai fui, que je l'aurai blessée. J'ai passé une bonne partie de la nuit à réfléchir à tout ça, mais rien, rien ne me vient à part son visage et celui d'Iris. Elle me manque, en fait, elles me manquent toutes les deux. Ce matin, c'est la tête dans le cul et d'une humeur massacrante que je suis arrivé au boulot, j'ai annulé mes rendez-vous et me suis plongé dans mes dossiers, je ne vois pas le temps passé, quand je lève à nouveau les yeux, ils est seize heures. J'attrape ma veste et je prends la route en direction du magasin de jouets ou je dois récupérer ma commande. Iris a quatre ans aujourd'hui, je ne peux pas être avec elle mais je veux qu'elle sache que je ne l'oublie pas. Suzie m'a assuré qu'Aly ne dirait rien si elle se ramenait avec des cadeaux de ma part, alors je me suis lâché. Une fois ma commande récupérée, je prends la direction du ''Alive Club'', Suzie me rejoint devant pour que l'on puisse transférer les jouets dans son dodge.
- Tu t'es transformé en père noël ? Rigole-t-elle
- Non, je me suis même restreint.
- Tu lui as pris quoi ?
- Le château de la reine des neiges, des puzzles, des livres, des poupées, un bandeau, une dinette et je crois que c'est tout. Ah non, il y a aussi des petites activités genre sable magique, peinture, coloriage etc mais ça, ça ne compte pas vraiment.
- Tu sais qu'un seul cadeau aurait suffit à son bonheur ?
- Je sais. Dis-je avec peine.
- Trent, tu n'as pas à te faire pardonner auprès d'Iris. Quant à Aly, laisse lui du temps.
- Le temps ne changera rien.
- J'en suis pas sûre, elle sait que tu es allé voir Iris a l'hôpital dans son dos et t'es toujours en vie. Alors je ne peux pas prédire l'avenir et t'assurer qu'elle reviendra, seulement elle t'as dis ce que tu devais faire, et le fait qu'elle veuille que tu le fasses pour toi, pas pour elle est en soit une première preuve d'amour. Aly vit des choses moches, elle n'a pas la force nécessaire pour mener de front deux combats, et celui dont elle te parle, c'est un combat entre toi et toi-même. Même avec nous tu n'as jamais vraiment parler de ça, mais on en a tous une idée. Ne laisse pas ton passé tracé ton avenir Trent, pas quand il peut-être radieux aux côtés des deux personnes que tu aimes le plus. Si tu veux les retrouver, tu vas devoir guérir.
- Depuis quand est-ce que tu es aussi philosophe toi ?
- Depuis que j'ai croisé la route d'une petite gamine de trois ans et qui m'a donné une sacré leçon de vie, une bonne claque qui te rappelle ce qui est important et ce qu'il l'est moins. Il n'y a que toi qui peut choisir l'avenir que tu veux Trent, personne ne pourra le faire à ta place.
- Merci Suzie. Merci d'être là pour elle et pour moi.
- Ça sert à ça les amis. Allez je te paie une bière ?
- Tu la paies ou tu vas me voler le verre que tu vas m'offrir ? Dis-je en rigolant.
Je la suis jusqu'au bar, c'est encore calme ici. La musique en fond, je me perds dans mes pensées, Suzie continue d'avancer dans son travail étant donné que ce soir elle ne bosse pas pour assister à l'anniversaire d'Iris. Je sens une présence derrière moi, mon corps réagit avant mon cerveau et se tend.
- Salut chéri, me dit une voix qui me file de l'urticaire. Tu m'as manqué.
- Nelly t'as deux secondes pour dégager ta main.
- C'est bon chéri, maintenant que l'autre pute est parti on peut reprendre où on en était. La colère gronde en moi, je tape du poing sur le bar et me retourne, Nelly recule sous le choc.
- Écoute-moi bien Nelly parce que je ne le répéterai pas. Tu n'es rien, et sache que tu ne lui arrives même pas à la cheville. Celle qui écarte les cuisses à tout va, c'est toi, pas elle. Alors maintenant et puisque tu n'as pas l'air de vouloir comprendre laisse moi tranquille. Tu viendras récupérer ton chèque demain matin.
- Comment ça ?
- T'es encore plus conne que t'en a l'air en fait, t'es virée et pour info la jalousie ne te va pas au teint.
- Tu vas te retrouver dans la merde, tu peux pas me virer.
- TU ES VIRÉE, j'appuie sur chaque syllabe pour qu'elle se l'imprime dans le cerveau. Tu n'es pas irremplaçable Nelly, je t'avais prévenu. Maintenant tu prends tes affaires et tu te casses de mon club ! Ne me force pas à appeler Ash pour qu'il te dégage de force.
Je la vois prendre la direction des vestiaires et je sens sur moi, les regards des personnes présentes. Suzie me regarde et le sourire sur ces lèvres me laisse penser que j'ai bien fait.
- Tu viens déjà de passer une étape. Elle me fait un clin d'oeil et l'adresse un sourire. Suzie est l'amie dont tout le monde rêve, je suis chanceux de l'avoir à mes côtés aujourd'hui plus que jamais.
Les pas de Nelly raisonnent et je peux dire rien qu'à l'entendre qu'elle n'est pas ravie, pour ma part, je me sens soulagé.- Tu paieras Trent. Me lance-t-elle en franchissant la porte.
- Amen, dis-je en levant ma bière. Mon téléphone vibre sur le comptoir et quand je vois le nom qui s'affiche, j'hésite à lire le SMS. ''Ali(ve)''
'' Salut, je sais que je t'ai dis que je voulais que tu restes loin de moi et je n'ai pas changé d'avis. Je n'avais pas la force de t'envoyer un message hier puisque je me suis enfermée dans ma bulle avec Iris, et même si je pense que tu le sais, Iris est en rémission, nous sommes rentrées à la maison. La route est encore longue et la prochaine phase risque d'être compliquée pour Iris. Je sais que tu as continué à aller la voir, le médecin me l'a appris hier. J'ai été en colère je te l'avoue, mais quand j'ai compris le bien que ça faisait à Iris de te voir, la colère s'est envolée, je ne peux que te remercier de prendre soin de ma fille malgré la situation. Ce soir, c'est son anniversaire et je sais combien tu comptes pour elle, ça ne sera pas simple, mais je suis prête à mettre nos problèmes de côté pour un moment comme celui-ci, alors si tu le souhaites, tu es le bienvenu. Je ne te promets rien pour la suite Trent, seulement pour ce soir, pour Iris, je te propose une trêve. Ce ne sera pas une grande fête, Iris fatigue vite, le repas ne sera pas royal non plus, son appétit étant perturbé, j'essaie de faire en sorte que tout ce qu'il y aura ce soir est susceptible de lui déclancher l'appétit. Pas besoin de te rappeler l'adresse...
Aly- Suzie, j'ai besoin de toi, je lui fais lire le message, mon cœur bat, ce n'est pas grand chose mais c'est déjà un pas. Je lui explique mon plan et si elle commence par rire en pensant que je plaisante, très vite un sourire attendrit éclaire son visage. Il nous reste deux heures, deux petites heures seulement. Mais tout est possible quand il s'agit d'Iris.
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Pour les yeux d'Iris
RomantizmJe m'appelle Aly Orford, j'habite dans la merveilleuse ville de Greenport dans l'état de New-York. J'y menais une vie tranquille, jusqu'à ce que je souffle ma dix-huitième bougie ce soir du 13 mars 2020 et que je découvre trois mois plus tard, que m...