Lien du cœur ou lien du sang ?

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Aly

Quand Matt m'a fait part de la possibilité que Trent soit le père d'Iris, je lui ai rigolé au nez, ou peut-être est-ce mes nerfs qui étaient sur le point de lâcher ? Comment Trent pourrait-il être le père de ma fille ? Comment aurais-je pu oublier la seule nuit passée avec lui ? Je n'en sais rien, mais toujours est-il que le doute c'est immiser profondément en moi. D'un côté je nourris l'espoir que ce test nous revienne positif, ma fille aurait enfin un visage à associer au nom de papa, mais est-ce horrible de dire que j'ai peur ? S'il s'avère que Trent est bien le père d'Iris tout va changer. Nous n'avons toujours été que toutes les deux, il va falloir ajouter quelqu'un a l'équation, et Trent fera alors toujours partie de ma vie. Il voudra avoir des droits sur Iris, exigera d'avoir la garde partagée alors que l'ont est censé repartir à Greenport. Je sais qu'il l'aime déjà comme sa fille, il a su me prouver que quel que soit nos désaccords, il est présent pour elle, ce soir me l'a prouvé une fois de plus. Mais un résultat positif rendrait la chose plus réel, c'est égoïste, j'en ai conscience mais je ne suis pas prête à partager ma fille.
Il fait chaud dans cet hôpital et pourtant je tremble de froid, mon monde est sans dessus dessous et je me demande quand est-ce qu'enfin, la tempête cessera. J'ai l'impression que chaque pas m'enlise dans un puit sans fond duquel je ne saurais sortir.
En fait, je crois que j'en ai simplement marre d'être forte, sans cesse, j'aimerais pouvoir craquer, laisser sortir ce tourbillon d'émotion qui me retourne de l'intérieur, me change. J'aimerais mené seulement le combat aux côtés d'Iris, oublier ce qui m'entoure, ne plus m'inquiéter pour ma mère, ne plus me faire un sang d'encre pour Matt, ne plus pleurer pour Trent. J'aimerais tout envoyer bouler, partir loin, nous enfermé ma fille et moi dans un cocon impénétrable. Je me dirige vers les fauteuils et m'assieds, j'ai besoin de souffler et faire le vide avant d'aller retrouver Iris qui s'est endormie.

- Comment tu vas ? Me dit Trent dont j'avais presque oublié la présence.

- Pas maintenant s'il te plaît. Je le regarde en essayant de trouver dans ses yeux des réponses aux questions que je n'ai pas, mais rien.
Je souffle et me relève, je sens sa présence derrière moi, il me suit jusqu'à la chambre d'Iris dont j'ouvre la porte.
Mon bébé est là, allongée sur ce lit dans sa petite blouse d'hôpital, son teint est pâle et comme par réflexe, je pose ma main sur sa poitrine en déposant un baisé sur son front. Les mouvements de celle-ci me rassurent, je sens la main de Trenton se poser dans la bas de mon dos,  comme pour m'apaiser sauf que cette fois-ci, en réflexe involontaire, mon corps se crispe. Il s'éloigne et je lui jette un coup d'oeil discret, il semble lui aussi dépassé par la situation, l'une de ses mains est dans ses cheveux qu'il semble tirer, l'autre est sur son visage, il se calle devant la fenêtre et semble se perdre à la contemplation des lumières de New-York. J'enleve mes chaussures et m'allonge aux côtés de ma fille, me laisser envoûtée par son odeur et le bruit de sa respiration, lentement, doucement, je rapproche son petit corps du mien, j'ai besoin de la sentir prêt de moi, de ne faire plus qu'une avec elle. Le sommeil me guette alors que le jour commence à pointer le bout de son nez . Alors que je somnole, je sens les lèvres de Trenton se déposer sur mon front, et le bruit qui raisonne ensuite, m'informe que ma fille a eu elle aussi le droit à un baiser sur le front, je sens une chaleur nous envelopper Iris et moi, Trenton vient de déposer une couverture sur nous. Son attention me touche, sa présence aussi. Je sais qu'il souffre de tout ça, j'aimerais tellement pouvoir l'aider, mais j'ai déjà du mal à me sauver moi-même de mes propres pensées. Je m'endors en me demandant si un jour, nous aurons la chance d'être heureux, que ce soit ensemble ou séparément.

Je me réveille un peu plus tard en sursaut en ne sentant plus la présence de ma fille à mes côtés. Puis, le rire de ma fille raisonne dans la pièce, je me tourne et la trouve sur les genoux de Trenton, ils sont en train de regarder quelque choses sur son portable, je ne sais ce que c'est mais la voir comme ça me met du baume au coeur.

- Maman t'es réveillée !

- Coucou ma princesse ! Comment tu te sens ?

- Je suis fatiguée mais Trenton m'a dit que je pouvais me reposer sur ses genoux et qu'il me mettrait dans mon lit si je m'endors.

- D'accord, je suis désolée de m'être endormie ma puce.

- Toi aussi t'es fatigué maman, mais Trenton c'est occupé de moi pour que tu puisses te reposer. Et tu sais, les infirmières elles m'ont donné un petit déjeuné c'était trop bon mais j'ai pas beaucoup mangé, j'ai pas trop faim, me dit-elle en bâillant.

Elle se rallonge sur le lit et m'entraîne avec elle, je remercie celui qui fait battre mon cœur en un regard, il me remercie par un sourire, avant de quitter la pièce, quant à moi, je carresse les cheveux d'Iris qui finit par se rendormir en quelques minutes. Trent fini par ouvrir à nouveau la porte, dans les mains un café et ce qui semble être un beignet qu'il me tend.

- Merci, tu n'étais pas obligé.

- Tu n'aurais pas quitté cette pièce sinon, et tu as besoin de te nourrir, Aly, tu es aussi pâle qu'Iris. Depuis quand n'as-tu pas pris un vrai repas ?

- J'en sais rien Trent, c'est compliqué en ce moment.

- T'es pas seule Aly.

- Non tu as raison, j'ai Matt, ma mère, Suzie et les garçons, Béné m'appelle tout les jours mais tu sais quoi ? Je ne me suis jamais senti aussi seule que ces derniers jours. Je n'avais pas besoin de ça Trent, ta présence, toutes ces belles paroles, pour quoi au juste ? Que tu te casses sans prévenir, sans donner de nouvelles. Je te remercie d'être présent pour Aly, de laisser tomber tout ce que tu fais pour elle, mais s'il te plaît arrête de nourrir des espoirs pour les tuer avant même qu'il n'aies le temps de fleurir. Je n'ai pas besoin de ça, pas en ce moment, je ne suis pas assez forte pour me battre sur plusieurs fronts.

- Tu te trompes Aly, tu es la femme la plus forte que je connaisse, et si je ne t'ai pas répondu des derniers temps, c'est parce que j'ai fait ce qu'il fallait pour te mériter, mais j'avais besoin de distance pour ça.

- C'est à dire ? Lui demandais-je quand ça toque à la porte. Entrez.

- Bonjour, comment allez-vous ce matin ?

- On fait comme on peut.

- Bien, les infirmières m'ont dit que le traitement à l'air de faire effet, nous allons continuer et surveiller. Pour l'instant, la transfusion n'est plus d'actualité, mais dans l'éventualité où, les prochains résultats ne seraient pas bon, nous avons quand même tester votre compatibilité et vous l'êtes. Trenton, si Iris à besoin de sang, vous pouvez être son donneur. J'ai aussi les résultats du test ADN dans cet enveloppe, tenez, je vous laisse les découvrir ensemble.

- Non, allez-y docteur, dites nous. Le suppliait-je en me levant, je dois m'occuper en attendant la réponse, je sais les cent pas, mon cœur palpite, je ne me sens pas bien.

- Bien, le test est positif, Trenton, vous êtes bien le père biologique d'Iris. À peine a-t-il fini sa phrase que ma vue se trouble et puis, le néant.

Pour les yeux d'Iris Où les histoires vivent. Découvrez maintenant