Aly
Un peu plus de trois semaines que nous sommes installées chez Andrew et j'ai toujours du mal à m'habituer à cette ville, peut-être est-ce les raisons pour laquelle nous sommes là qui me font la détester chaque jour un peu plus. Ma vie n'est plus la même, la douleur à pris possession de mon cœur, mes jours et mes nuits sont plongés dans l'obscurité, j'avance sans savoir vers où avec pour seul guide, le sourire de ma fille. Sa force et sa combativité m'étonneront toujours, hier, nous avons posé son PAC, ce petit boitier qui n'a rien à faire dans le corps de ma petite fille, qui me rappelle inlassablement le mal qui l'habite et pourtant, alors qu'a sa place, je me serai surement effondrée, Iris à garder la tête haute et n'a jamais perdu son sourire. Elle a même décidé de lui donner un prénom " Victor ", alors, quand elle m'a dit ça, j'ai ris, comme elle. Elle est le rayon de soleil qui illumine mon chemin et me guide lorsque je me perds dans l'omniprésence du désespoir et de la peur.
Aucun jour depuis notre arrivée ne se ressemble, ni même depuis l'annonce du médecin, chaque jour est guidé par l'état de santé d'iris, et même si la fatigue ne nous permets pas de grosse sortie, je parviens encore à mettre des paillettes dans ces yeux. Aujourd'hui, comme le précédent, je vis dans l'ignorance, mon cerveau essai d'occulter le fait que demain, une nouvelle fois, nos vies seront chamboulées et que pour la première fois, je serai séparée d'Iris. Alors ce soir, comme les précédents, quand la réalité viendra à nouveau frapper à ma porte, j'irai m'isoler dans la salle de bain pour pleurer toutes les larmes de mon corps après quoi, je retournerais auprès de ma fille afin de puiser en elle, la force que je n'ai pas.
J'irai respirer son odeur, sentir ces cheveux qui comme d'habitude sentiront la fraise, je la regarderais dormir encore et encore, j'observerai inlassablement les mouvements de sa poitrine afin de m'assurer qu'elle respire encore. Ce soir encore, je l'aimerai plus que la veille, ce soir encore, parce que demain, c'est seule que je m'allongerai sur ce lit dont l'oreiller portera encore sa trace. Comme une enfant qui a peur du monstre qui se cache sous son lit ou dans son armoire, j'ai peur de m'endormir, l'insomnie ne me quitte pas, je ne sais d'ailleurs pas comment je fais pour tenir, je sais seulement que je veux profiter de chaque seconde auprès de ma fille. J'aimerai pouvoir arrêter le temps, au lieu de ça, le matin arrive bien trop vite.
Je passe bien plus de temps qu'il ne le faut pour le dire à coiffer ma fille, une dernière fois avant longtemps. Ces dernières heures à ces côtés me comprime le cœur, j'ai cette impression de la perdre alors que je la verrais tout les jours même si c'est derrière une vitre, je pourrais entendre sa voix qui viendra panser mes plaies. Iris rit beaucoup, elle ne me le dit pas, mais je vois dans ses yeux et dans son comportement qu'elle à peur. Ma petite princesse n'a pas encore quatre ans et pourtant, la vie met sur sa route son plus grand combat. Je donnerai tout ce que j'ai pour être à sa place.- Maman, j'ai peur, me confie-t-elle d'une petite voix.
- Je sais ma puce, moi aussi. Mais tu sais, tu es la plus merveilleuse de toutes les petites filles et la plus forte, je sais que tu vas y arriver.
- Mais je veux pas être sans toi maman, les larmes dans ses yeux et l'intonation dans sa voix me donne envie de mettre la planète à feu et à sang, de crier au monde entier l'injustice de cette vie.
- Ma puce, regarde moi. Ne pas pouvoir te prendre dans mes bras pendant tout ces jours me fait déjà très mal, mais sache que malgré ça, je serais là tout le temps, et quand la nuit, je ne pourrais pas être présente, tu as juste a appuyé sur le bouton et le docteur t'as promis que tu pourrais m'appeler. Et surtout, je serais toujours là, dis-je en pointant son petit cœur. Et toi, ici, en montrant le mien. Rien ne nous séparera jamais, j'aimerais plus que tout au monde pouvoir rester avec toi, mais pour guérir on doit passer par là.
- C'est promis tu viendras ?
- N'en doutes jamais. Je serais derrière la vitre à la première heure et j'en partirais seulement quand il sera l'heure.
- Et ton nouveau travaille ?
- Je te raconterai absolument tout, tu es ma meilleure amie, tu te souviens ? J'irais travailler après t'avoir lu ton histoire du soir, je te l'ai promis. Et bientôt, quand tu pourras sortir, on ira fêter ça où tu veux, on fera de grandes soirée pyjama.
- Et on mangera plein de pop corn ? Et on pourra aller faire du manège ? Et voir le père noël ?
- On fera absolument tout ce que tu voudras ma puce.
C'est la boule au ventre, la gorge nouée et les larmes aux yeux que je demande à ma fille si elle est enfin prête. Le trajet, trop court à mon goût, se fait en musique, entendre les rires de ma fille, la voir se trémousser sur ses musiques préférées me fait un bien fou. Quand je regarde dans le fond de ses yeux, je sais avec certitude que peu importe la douleur, la difficulté du combat, elle s'en sortira, on s'en sortira, plus unies et plus fortes que jamais avec pour seul but, y croire toujours et vivre, vivre pleinement.
Dans cette journée qui est le début d'une longue lignée et qui s'annonce sombre, un arc-en-ciel apparaît quand le médecin nous annonce, tout sourire, qu'après en avoir parlé avec ses équipes et si tout se passe bien, je pourrais, muni de toutes les protections nécessaires rejoindre ma fille dans sa petite bulle de protection, et même si je ne pourrais pas lui lancer d'attaques de bisous, je pourrais au moins tenir dans ma main, sa petite main de guerrière.
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Pour les yeux d'Iris
RomanceJe m'appelle Aly Orford, j'habite dans la merveilleuse ville de Greenport dans l'état de New-York. J'y menais une vie tranquille, jusqu'à ce que je souffle ma dix-huitième bougie ce soir du 13 mars 2020 et que je découvre trois mois plus tard, que m...