Pour les yeux d'Iris

Une journée particulière

Trent

Je sais que je lui ai promis de me tenir à l'écart, mais dans cette voiture, si proche d'elle j'ai su que je ne saurai tenir cette promesse. De près ou de loin, Aly fera toujours partie de ma vie. Je la vois hésiter devant cette porte de chambre d'hôpital et je ne sais pas pourquoi, à vrai dire, je ne sais même pas ce qu'on fait ici. Si sa mère était malade, Matt me l'aurait dit, enfin j'espère. Aly ouvre la porte qui donne dans un espèce de petit hall, il y a des chaises et une grande vitre. Elle essaie de me tourner le dos et je vois une unique larme rouler sur la joue qu'elle essuie rageusement.

- Est-ce que ça va ? Lui demandais-je.

- Ça ira mieux dans quelques instants.

- Tu veux que j'aille te chercher un café ?

- Non, ne pars pas, reste. S'il te plaît.

- D'accord, dis-je, elle me regarde et je donnerai ma vie pour enlever la douleur qui l'habite à cet instant. Aly est réellement à l'opposé de toute cette tristesse que ça m'en broie le cœur. Je m'approche lentement et prends sa main dans la mienne que je presse lentement. Je ne sais pas ce qu'elle s'apprête à me révéler, ce que je sais c'est qu'aujourd'hui je mets de côté tout ce qui nous éloigne pour la soutenir.

Elle appuie sur un bouton et l'opacité de la vitre s'estompe pour nous offrir la vue sur une chambre d'hôpital, ou repose sur le lit un petit corps dont j'ai du mal à apercevoir le visage.

- Je te présente Iris.

- Qui est-ce ?

- Ma fille.

Je la regarde sans savoir quoi dire, j'étais prêt à tout sauf à ça. Je me demande avec qui Aly a-t-elle fait sa vie ? Où est cet homme ? Qu'est-ce qu'à Iris ? La colère gronde sous ma poitrine mais je la contient. Je viens d'apprendre de mes erreurs, je lui ai balancé toutes les atrocités du monde et pourtant elle, combattante plus que jamais, me laisse entrevoir ce qu'elle a de plus cher en me prouvant que je ferais mieux d'avoir toutes les informations avant d'apporter un jugement.

- Maintenant que tu sais réellement  pourquoi je suis ici, je n'ai plus rien à te prouver Trent. Dans quelques semaines si tout va bien, Iris et moi reprendrons nos vies loin de toi. Soit heureux Trent, c'est tout ce que je te souhaite, la vie est précieuse. Appuies là pour sortir. Me dit-elle avant de s'en aller.

Je reste là comme un con a observer cette petite fille qui se bat pour sa vie. Aly est parti je ne sais où, je devrais partir aussi, ce n'est pas ma place et je le lui avais promis et pourtant, c'est moi qui me retrouve à appeler ma secrétaire pour lui dire d'annuler mes rendez-vous de la journée.
La porte de la chambre s'ouvre sur Aly, à peine la petite voit-elle sa mère qu'elle lui saute dans les bras. L'amour qui les lie me remue de l'intérieur, je n'ai jamais connu ça, je ne l'ai jamais vu de mes propres yeux. Et plus que jamais je me sens comme une merde. Je m'en veux d'être parti, de ne pas avoir été là, pour la soutenir, pour les soutenir toutes les deux. Aly me tuerait pour ce que je m'apprête à faire, mais ce besoin m'est vital, j'ai besoin de connaître Iris, je ne saurais expliquer pourquoi, mais il le faut. J'appuie sur le bouton et part à la recherche d'une infirmière. Après avoir répondu à ses sourires, je suis équipé et ouvre la porte de la chambre.

- Trent ? Tu n'as pas le droit d'entrer ici.

- J'ai l'accord du médecin, elle m'a équipé.

- Maman c'est lui Trent ?

- Hey salut princesse ! Dis-je en m'agenouillant à leurs côtés. Je ne sais pas de quel Trent tu parles, mais une chose est sûre je suis le meilleur de tous.
Entendre son rire résonner dans cette pièce aseptisée agaie ma journée.

- Salut Trenton ! Me dit-elle

- Hey, je déteste qu'on m'appelle par mon prénom en entier. Tu sais que ta maman l'utilisait pour m'embêter ?

- Je sais, c'est tonton Matt qui me l'a dit.

- Tonton Matt dit que des bêtises ma puce, répond Aly.

- Même quand il dit que t'es la meilleure des mamans ? Et moi la plus belle ?

- Quand il dit ça, il dit la vérité, impossible que ce soit un mensonge. Tu veux bien que je reste un peu avec vous ?

Et c'est comme ça que j'ai fini par passer la journée, avec Iris et Aly. Mon cœur s'est gonflé d'amour face à ce spectacle. On a ri, on a chanté, enfin, Aly plus que moi. On a su se satisfaire de nos silences quand Iris se reposait. Et la fin de journée est arrivée, bien trop vite. Aly ai lu son histoire à Iris, et je lui en ai lu une deuxième. Je suis étonné par ce petit bout de femme, elle est plus forte et courageuse qu'un adulte saura l'être. Iris est une leçon de vie, leur parcours sera long et semé d'embûches mais je m'en fait la promesse, je serais là, pour Aly, pour Iris. J'ai promis à la petite que je reviendrais après que sa maman ait donné son accord bien-sûr.

Ce a quoi je ne m'attendais pas c'est à ce qu'il se passe alors qu'on referme la porte derrière nous. Aly s'effondre littéralement. Ses mains en appuies sur le lavabo, elle tente de reprendre une respiration normale, je fais ce que je m'étais promis de ne jamais faire, je la prends dans mes bras.