Coups bas

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Aly

Deux semaines. Deux semaines que la vie de ma fille dépend des médecins, des traitement. Deux semaines que je me sens inutile, que je ne parviens pas à apaiser ses maux ni la douleur psychologique que l'éloignement nous cause. Iris fait des projets pour ''après'', ce simple mot qui me donne tant espoir mais qui paradoxalement me fait atrocement mal. Est-ce qu'il y aura un après ? À quoi ressemblera t'il ? Nous n'en sortirons pas indemne, on aura toujours des '' et si ? '' dans la tête, dans le cœur. Chaque jour depuis deux semaines je revêt ma cape invisible de super-héros, chaque jour je porte ce masque de clown, et le sourire d'Iris devient mon remède. Ce costume qui pèse si lourd sur mes épaules et qui pourtant, m'offre la meilleure des récompenses. Je franchis chaque matin cette porte en priant pour que le temps s'arrête, et pourtant, quand je la franchis dans l'autre sens, je ne peux que constater que la vie continue. New-York, cette ville qui sauvera sûrement ma fille, est celle où je me perds, où pendant que mon existence est mise sur pause, celles des autres semblent filer à vive allure. Oubliant un instant de respirer dans cette fourmilière géante, oubliant l'essentiel. Boulot, métro, dodo, le quotidien de millions de gens qui, une fois face à la mort, se poseront tous les mêmes questions ''ai-je assez vécu ? Profiter ?''. Et c'est là, seulement qu'ils se rendront compte que la plus belle richesse que l'on possède, c'est l'amour, la santé et le temps. J'étais comme eux avant. Je courais après le temps pour offrir le meilleur aux autres, à Iris. Aujourd'hui, face au combat que mène chaque jour ma fille, je me rend compte que la plus belle chose que je puisse lui offrir, c'est des souvenirs. Une fois encore, c'est comme un automate que j'arrive au boulot, Suzie est déjà là, elle sait combien c'est difficile, elle m'offre un sourire réconfortant et ses bras. La leucémie d'Iris à été, avec mon accord, annoncer à mes collègues par Trent. Il a tenu à ce que la compréhension soit de mise. Certaines avec qui c'était tendues, me sont aujourd'hui d'un grand soutient. Nelly, elle, est toujours la même pute qu'elle était. Son air méprisant ne m'a pas quitter. Si elle pense que je suis là pour lui piquer son mec, elle rêve. Ne suis là pour ma fille. Et même si, Trent est présent, qu'il est repassé voir Iris, je garde mes distances. Je dois protéger mon cœur, de Trent, mais aussi de moi-même.
Même si une partie de mon palpitant lui appartiendra toujours, j'ai réalisé qu'aujourd'hui, maintenant que les non-dits sont derrières nous, je peux avancer, pire, je le dois. J'ai même accepté hier soir, après mon service, de prendre un verre avec un client régulier. Il est plutôt bel homme ça c'est sûr, le seul problème c'est surtout son côté égocentrique qui monopolise la conversation. En fait, il se fait carrément des questions réponses. Avec le recul, j'en ris. Ces petits moments de rien m'aide à m'échapper de mon quotidien. Béné et Andrew rentrent dans deux jours. Le calme et la solitude qui m'enveloppent quand je rentre à l'appart m'oppresse. C'est vide, froid, comme moi, comme ce que je suis à l'intérieur.

- Ce soir, on sort ! Me dit soudainement Suzie.

- Je pense que je vais rentré, demain je dois aller à l'hôpital...

- Pas d'excuses, c'est promis, on ne rentrera pas tard ! Jacob et Ashton viennent avec nous.

- Trent sera là ? Tentais je.

- Ce soir il sera entre mes cuisses, murmure à mon oreille cette pouffiasse de Nelly en pensant.

- Au lieu d'écouter les conversations des autres, tu ferais mieux d'aller te faire dépister pour les mst.

- La jalousie ne te vas pas au teint ma belle. Ok, c'est sur que je vais finir par l'étrangler.

- Jalouse d'une femme dont les cuisses  ont vu passer plus de mecs que les portes du métro à l'heure de pointe ? 

- Va te faire foutre.

- Ça c'est encore toi, et d'ailleurs, si tu pouvais t'étouffer en avalant, tu rendrais service à beaucoup de monde.

J'aime ce regard dans ces yeux, celui qui me promet mille et un coup de couteau dans le dos. J'ai dû virer sadique en peu de temps, mais ces simples échangent me font me sentir envie. Ce moment où l'adrénaline se répand dans mes veines, ces moments où je me rappelle que je suis une femme forte et que je ne laisserai plus jamais qui que ce soit me marcher dessus. Ou peut-être est-ce juste un signe de faiblesse ? Une substitution ? Un défouloire ?

- Un peu plus et je sortais les popcorn.

- Je t'avais presque oublié.

- T'étais parti dans tes pensées. Mais par contre, je tiens à te dire que tu devrais l'envoyer chier plus souvent. J'aime bien tes petites comparaison.

- Tu m'épuise Suzy. Rappelle-moi comment fait Jacob pour te supporter ?

- J'ai une chatte magique et un nectar envoûtant, que veux-tu. Elle hausse les épaules et éclate de rire face à ma moue plaintive.

- On est pas censé faire la fermeture ce soir ?

- On l'était. Trent nous a remplacé, il pense que ta besoin de souffler un peu.

- Ah ok, ou alors il voulait juste être sûr que je ne débarquerai pas dans son bureau pendant qu'il saute la pétasse.

- Oublie-le. Ce soir, on fait la fête. On s'amuse, et on baise. Enfin moi avec Jacob, toi, ben... euh... Il y a Ash, ou bien, on trouvera bien chaussure à ton pied.

- Je n'ai pas de temps pour un homme dans ma vie, Suzie.

- Peu importe, ce soir, Trent n'existe pas. Et demain, je t'accompagne pour voir ma princesse. D'ailleurs tu sais que je suis sa tata préférée ?

- Tu es la seule Tata qu'elle ait... Mon téléphone vibre dans ma poche, un message d'Andew.

- '' Salut toi, je te kidnappe un soir dans la semaine pour t'emmener dîner ''.

- '' Je travaille Andrew, une autre fois ''.

- '' J'ai déjà vu ça avec ton boss, il vient d'accepter de te libérer un soir''.

- Regarde cette conversation, est-ce qu'elle à du sens ? Je montre à Suzie l'échange que je viens d'avoir avec Andrew.

- C'est lunaire.

La colère me prend. Trent est mon ami et mon patron mais il n'a pas à interférer dans ma vie privée, tout comme je ne le fais pas dans la sienne. J'entre dans son bureau et me stoppe aussitôt. Nelly est là, sur ces genoux, sa langue était en train de lui bouffer les amygdales. Suis-je étonnée ? Non. Alors pourquoi ça fait si mal ?

- On peut t'aider ? Demande-t-elle.

- N'interfère plus dans ma vie Trent, ni dans mes rancards où que sais-je encore. J'ignore celle que je rêve d'étrangler et l'adresse à celui que je rêve de dépecé

- Te faire sauter ne peut pas te faire de mal, tu verras ça détend.

- Toi, va te faire un bain de bouche avant de t'adresser à moi. Et pour sur que ça détend, regarde toi, toutes les queues que t'as encaisser aujourd'hui t'ont encore grillée des neurones, à part être un garage à bite tu sert à rien. Quant à toi, au lieu de te mêler de ma vie, prends rendez-vous en même temps qu'elle pour te faire dépister.

Je referme la porte et m'en vais. Le coeur à ses pieds une nouvelle fois. Je le savais, je m'en doutais au plus profond de moi, et pourtant, le voir de mes propres yeux me faire toujours aussi mal. Suzie me voit arriver et je sais qu'elle a compris. Elle s'apprête à monter et je me vois la retenir.

- Je m'en vais. Passe me prendre.

Pour les yeux d'Iris Où les histoires vivent. Découvrez maintenant