Somptueux Mensonges

27

Je me mords les mains d'en avoir tant révélé, mais il est trop tard pour les remords.

Le trajet du retour se fait dans un silence lourd, je n'ose même pas le regarder dans les yeux.

J'ai enfin osé en dire plus sur mon ressentit envers lui pour qu'au final il m'ignore et qu'il me rit au nez. Alors je pense me réduire au silence pour le restant de mes jours.

On retourne dans l'appartement dans lequel je me suis réveillée et je n'arrive pas à arrêter mes pensées de fuser dans tous les sens.

Il compte me laisser partir quand ?

J'ai personnellement pris ma décision, je vais partir loin avec mon père. J'irais dans une ville lointaine et je travaillerais, je m'occuperais de mon père et je travaillerais afin de subvenir à nos besoins.

Mais lorsqu'on arrive devant le batiment, qu'on pénètre l'appartement et que je pars en direction de ma chambre, une main m'arrête.

Je me gèle sur le champ, je ne me retourne pas pour autant. Lui ne l'a pas fait alors pourquoi devrais-je le faire ?

-Je dois te dire quelque chose Sierra. Me dit sa voix dure.

-Il n'y a rien à dire.

J'ai envie de savoir ce qu'il a à dire, j'en meurs d'envie mais je ne sais pas ce qui m'a pris de répondre ça.

-Si, je te dis que j'ai quelque chose à te dire. Mais avant ça, vas t'asseoir.

-Ne me donne pas d'ordres. Dis-je en me dirigeant vers les canapés.

Il ne rétorque rien face à mon insolence ce qui me surprend quelque peu, mais j'essaye de ne rien laisser transparaître.

Je m'assois et joins immédiatement mes mains sur mes genoux, ça trahis surement ma nervosité mais la sienne est bien plus visible que la mienne et cela ne fait qu'empirer cette peur naissante.

Elijah anxieux ou stressé, je vous jure que c'est la première fois que je vois ça.

Il s'assoit sur le fauteuil face au mien et il passe ses mains dans ses cheveux désordonnés qui retombent gracieusement sur son front avant de planter son regard dans le mien.

Son regard témoigne d'une grande fatigue et mon coeur se resserre face à une telle vue, qu'a-t-il ? Qu'est ce qu'il se passe ? Je ne peux m'empêcher de penser au pire...

-Sierra, écoute-moi bien. Commence-t-il par dire avant de fuir mon regard.

-Elijah, tu me fais peur. Dis-je la voix coupée par la peur.

-Tu as de quoi l'être Sierra. Me répond-il en se redressant.

-Comment ça ? Dis-je en avalant presque ma salive de travers?

-Nathan.

-Quoi ? Il est mort ? Dis-je en me levant en sursaut.

-Non. Me dit-il d'une voix qui ne cachait pas son agacement.

-Alors qu'est ce qu'il a ?

-Nathan n'est pas mon frère. Me dit-il d'une voix calme.

Tout à coup, le monde bascule, se déforme.

Ses mots résonnent dans ma tête, mais refusent de faire sens.

Nathan n'est pas son frère ?

Il n'est pas son frère ? Répétais-je, dans un souffle.

C'est impossible...

Je me souviens encore de notre enfance, tout était normal. Tout paraissait normal.

Comment est-ce que c'est possible ?

-Qui t'as dit ça ? Dis-je sans savoir quoi répondre à cette annonce.

Attendez, pause. Quoi ?

Comment ça Nathan n'est pas son frère, est-ce une blague ? Ma vie est une blague, la plus grosse blague de tous les temps.

Tout ça pour ça ?

Tout ces sacrifices pour ça ?

J'ai donné ma vie, j'ai offert mes années, les plus belles.

J'ai sacrifié mon amour par respect à leur relation, et là on me dit que tout était faux ?

Les tremblements de mes mains trahissaient mon agitation, et même le simple acte d'avaler ma salive me semblait insurmontable.

Comment en suis-je arrivée là ?
Qu'est-ce que j'ai bien pu faire pour mériter un tel chaos dans ma vie ? 

-Sierra, je comptais te le dire, mais ce n'était pas le moment. Me dit-il en se levant alors que je suivais son mouvement.

Sa voix m'irrite plus qu'elle ne me console.

-Pas le moment ? Répétais-je le souffle tremblant. Et quand aurais-tu trouvé « le moment », Elijah ? Dans dix ans ? Lorsque je serais morte sous les coups de ce connard qu'est ton frère ? Ah, mais attends... ce n'est même pas ton frère, pas vrai ? Dis-je en riant d'une manière que je ne me connaissais pas.

Ma voix se brise sur ces derniers mots, mais je refuse de faiblir devant lui.

Je le fixais, mon regard accroché au sien, exigeant des réponses qu'il ne semblait pas prêt à me donner. 

Comme d'habitude.
Je devrais me contenter des restes que l'on m'offrait.

-Quand comptais-tu me le dire exactement ? Dis-je dans un souffle de désespoir. En réalité, tu n'as jamais voulu me le dire, n'est-ce pas ? Tu n'y as même pensé qu'à partir du moment où toute cette mascarade de mariage avec Nathan a été dévoilée. Avoue-le, Elijah ! Jamais, pas une seule fois avant cela tu n'as envisagé de me révéler la vérité.

Mes mots se perdent dans un silence pesant, mais mon regard, lui, reste ancré au sien.
Ses yeux, hantés par une douleur qu'il tentait de dissimuler, suffisaient à répondre à toutes mes questions. 

Le remord.

C'était ce que je lisais en lui.
Pas un regret pur ou sincère. N'oublions pas de qui nous parlons.

S'il ne l'a pas dévoilé c'est que c'est à son profit.

Comment ai-je pu espérer qu'il change ?
Pourquoi s'être rapproché autant de moi si c'est pour me briser d'une telle manière ?

Il n'essaye pas de s'expliquer. Cela empire son cas.

Les larmes, jusque-là retenues par ma colère, se frayent un chemin sur mes joues. Une cascade silencieuse, amère. Une danse des plus mélancoliques rythment les battements de mon cœur.

J'étais épuisée, brisée, mais étrangement, je me sens désormais moins bête. 

Je n'ai peut-être pas découvert la vérité seule, mais au moins je sais.

Le silence d'Elijah demeure, une condamnation que je finis par accepter en prenant une profonde inspiration, mon sac à main, et le peu d'honneur qui me reste avant de claquer la porte de sortie derrière moi.

Où est-ce que j'irais n'est pas important mais je ne resterais pas dans la même maison que l'homme qui a observé ma vie s'effondrer sans lever le petit doigt.