Après ce moment de luge, Mike et moi nous sommes rapprochés. On a commencé à s'ouvrir l'un à l'autre. Chaque jour, j'en apprends davantage sur lui. Je le voyais comme un garçon inatteignable et dénué d'émotion, de sentiments. Il faut croire que je me trompais. Derrière ce masque d'impassibilité, j'ai découvert quelqu'un de sensible et d'honnête.
Nous discutons souvent les soirs. Mike semble avoir plus de facilité à s'ouvrir à moi les soirs. Grâce à l'obscurité et à la fatigue, peut-être. Nous nous installons toujours sur le sofa, la télé allumée et son volume au minimum pour le bruit de fond. Puis Mike se met à parler. Je ne le fixe jamais. Je garde les yeux rivés à l'écran. J'ai remarqué qu'il arrivait plus à s'exprimer lorsqu'il ne sent pas mon regard sur lui.
D'autres fois, c'est moi qui parle. Je n'ai pas grand-chose à dire, mais je fais un effort - c'est un pacte tactique entre nous : il parle un soir et je parle l'autre soir. Donnant-donnant. Mais ça ne me dérange pas de parler. Mike est très à l'écoute. Ou peut-être qu'il s'en fiche. Même si je pencherais plus pour la première option.
Je suis en train de penser à tout ça, mon livre ouvert devant moi. Je n'arrive pas à lire. Mes pensées accaparent toute mon attention. Je me relève de ma chaise et me plante devant le frigo. Mes yeux parcourent le calendrier avec appréhension. Deux semaines. Ça fait deux semaines que nous sommes ici.
Je pense à mes parents, à Jasmine, et mon cœur se serre. Je ne sais même pas ce qu'ils sont devenus... Est-ce que ça fait de moi quelqu'un d'égoïste, de vouloir se cacher ici au lieu de les rejoindre ? Je sais que la Commission - et sans doute tout Naefecia - est à ma recherche... mais je n'arrive plus à dormir en sachant que ma famille est peut-être en prison à l'heure qu'il est. Et s'ils avaient payé à ma place ? Et si on les avait torturés ?
Je me laisse tomber sur ma chaise, les jambes tremblantes. Je pousse un long soupir, le visage enfoui dans mes mains. Calme-toi, Louna... La Commission a toujours tenu à ce que la justice soit faite en bonne et due forme. Ils n'ont normalement pas le droit de faire payer les proches du délinquant pour ses crimes... Mais Dieu sait ce dont ils sont capables.
Je jette un coup d'œil à l'horloge au-dessus du canapé. Dix-neuf heures. Mike devrait être rentré, depuis le temps. Il continue toujours ses balades dehors, les après-midis. Même s'il y va moins depuis qu'on s'est rapprochés. Et ça ne me dérange pas le moins du monde. Au contraire, je crois que je commence vraiment à apprécier sa compagnie. Même lorsqu'on ne reste pas ensemble et que je suis à l'étage et lui en bas, j'entends ses pas sur le parquet, la télé qui s'allume... et ça me rassure. Sa présence me fait me sentir bien, en sécurité. Jamais je n'aurais cru cela possible.
Je décide d'aller faire une petite sieste avant son retour. Mon angoisse et mes pensées pour ma famille m'ont fatiguée. Je monte les escaliers, le regard vitreux, et, arrivée dans ma chambre, je m'écroule sur le lit. Je ne tarde pas à trouver le sommeil, bercée par le sifflement du vent sous les poutres.
***
Je suis réveillée par un bruit sourd provenant du rez-de-chaussée. Pendant un instant, je me dis que Mike a fini par rentrer. Je me redresse dans mon lit, les yeux encore piquants de fatigue. J'entends ses pas sur le parquet, puis des tiroirs qui s'ouvrent avec fracas. Je m'immobilise, le souffle court. Une angoisse monte en moi. Sourde, indéfinissable, indescriptible. Les battements de mon cœur s'accélèrent. Sans trop savoir pourquoi, je me lève sur la pointe des pieds et m'arrête à l'entrée de ma chambre, l'oreille aux aguets.
Les pas se font de plus en plus pressés. Les tiroirs se referment avec brutalité. La panique s'empare de moi. Ce n'est pas Mike. Ce n'est que lorsque j'entends l'inconnu monter les escaliers que je me décide enfin à bouger. Vite. Je referme le plus discrètement possible ma porte et jette des coups d'œil apeurés autour de moi. Une cachette. Il me faut une cachette. Les mains tremblantes, je me rue vers l'armoire à vêtements. Je ne peux pas me cacher sous le lit. L'inconnu me repérerait sans aucune difficulté. C'est à cet endroit que les tueurs regardent en premier. Je ne sais pas ci cet inconnu est un tueur... mais mon instinct me hurle de m'éloigner au plus vite.
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| TIME TRAVELERS | tome 1
Paranormal𝐸𝑡 𝑠𝑖 𝑣𝑜𝑢𝑠 𝑎𝑣𝑖𝑒𝑧 𝑙𝑎 𝑝𝑜𝑠𝑠𝑖𝑏𝑖𝑙𝑖𝑡𝑒́ 𝑑𝑒 𝑟𝑒𝑚𝑜𝑛𝑡𝑒𝑟 𝑙𝑒 𝑐𝑜𝑢𝑟𝑠 𝑑𝑢 𝑡𝑒𝑚𝑝𝑠... 𝑙𝑒 𝑓𝑒𝑟𝑖𝑒𝑧-𝑣𝑜𝑢𝑠 ? Depuis un an, Louna ne vit plus. Tourmentée par ses choix passés et submergée par les regrets, elle pren...