Time Travelers - Tome 1

CHAPITRE 29

Ça va bientôt faire quatre jours que nous sommes ici. Mike et moi avons trouvé un quotidien qui nous convient à peu près tous les deux. Il se lève tôt, tout comme moi, généralement vers huit heures trente, puis nous déjeunons ensemble dans la cuisine. Parfois on allume la télé, lorsque le silence se fait trop pesant. L'après-midi, on s'occupe comme on peut. Mike part souvent faire je-ne-sais-quoi dehors - la neige ne semble pas l'arrêter - tandis que je reste au chalet à rêvasser, explorer les autres pièces de l'étage ou simplement lire - j'ai trouvé des bouquins dans une des chambres vides. Ce n'est pas spécialement le genre de roman que je lis d'habitude, mais je m'en accommode.

Les journées sont longues et se ressemblent toutes, surtout avec le même paysage à la fenêtre... Tout est blanc. Pas une touche de couleur.

C'est avec un lourd soupir que je m'installe sur le sofa, une couverture remontée jusqu'au menton. Il fait de plus en plus froid, ces temps-ci. Mike a allumé la cheminée, et pourtant, même sa chaleur ne parvient pas à me réchauffer. Je renifle la couverture. Elle sent Mike. Un parfum de feuilles mortes et de cannelle. Je secoue la tête et retire mon nez du plaid, déconcertée par mon comportement.

Le silence s'installe, long et pesant. J'entends les pas de Mike à l'étage. Le parquet grince sous son poids. Après manger, il a filé en haut en me disant qu'il devait faire quelque chose dans l'une des chambres. J'ai haussé les épaules d'un air indifférent. Tant qu'il ne va pas dans ma chambre... Je tiens quand même un minimum à mon intimité.

Ça fait maintenant une heure que je l'entends s'activer à l'étage. Je pousse un lourd soupir et me renfonce dans le canapé. Au moins, lui, il ne semble pas s'ennuyer... Moi, je reste là, à végéter sur ce pauvre sofa usé. Mes journées seront toujours comme ça ? Si je suis coincée ici pour un bout de temps, autant que je m'occupe les mains ou l'esprit, non ? Mais j'ai beau réfléchir de toutes mes forces, aucune activité ne me vient en tête. Et vivre dans un espace-temps paumé en plein milieu de l'hiver, ça n'aide pas...

Mon regard dérive vers la fenêtre. Quelques flocons sont en train de tomber, mais sinon, le temps semble s'être arrêté. Et ce n'est pas qu'une métaphore. On est littéralement figés en hiver. Une idée se met à germer dans mon esprit. Hésitante, stupide... mais une idée qui pourrait m'aider à vaincre l'ennui, ne serait-ce pendant quelques heures. Il faut juste que Mike soit d'accord. Sinon, tant pis, j'irai sans lui.

Je me lève d'un bond du canapé, délaissant la couverture, et monte quatre à quatre les marches des escaliers. Je m'arrête devant la porte de ma chambre et fixe le couloir devant moi, l'oreille tendue. Un léger froissement me parvient. Je m'avance à pas feutrés vers le bruit en question. Il provient de la dernière des chambres, celle située tout au fond du couloir. Mike a laissé la porte ouverte. Je vois ça comme un accès libre et pénètre donc dans la pièce. Le parquet craque légèrement sous mes pieds, mais Mike ne semble pas avoir entendu.

Il est agenouillé sur le sol, dos à moi, occupé à fouiller dans des cartons. Ses mains s'activent à sortir des objets. Des objets d'enfants, pour la plupart. Mais il y a aussi des photos. Beaucoup de photos. Mike les pose par terre avec brusquerie, comme si elles ne valaient rien pour lui. Je continue d'avancer, timidement, et m'arrête au milieu de la chambre. Je n'ai plus tellement envie de lui proposer mon idée d'activité, tout à coup... Il a l'air en colère. Et je sais à mes dépends qu'il ne faut pas rester dans les parages, lorsque ses crises de rage surviennent...

Je fais un pas en arrière. Manque de bol, le parquet grince sous ce dernier. Et cette fois-ci, Mike semble l'avoir entendu. Il s'immobilise, les mains plongées dans les cartons. De longues secondes passent, durant lesquelles je retiens ma respiration. Puis finalement, il se remet à fouiller avec frénésie. Le soulagement m'envahit. Alors que je m'apprête à tourner les talons, sa voix rauque retentit derrière moi, me figeant sur place.