CHAPITRE 33

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Je scrute la silhouette de Mike, couchée sur le matelas à quelques mètres de mon lit. Apparemment, notre dispute de cet après-midi ne va pas l'empêcher de continuer à dormir dans ma chambre. Je m'en moque. J'ai décidé de partir dès demain. Je pousse un soupir et éteins la lampe de chevet, plongeant la pièce dans une semi-obscurité. Seule la lune apporte un peu de clarté, déversant sa lumière sur le sol de la chambre.

Je me tourne et me retourne dans mon lit, incapable de trouver le sommeil. Trop de choses se bousculent dans ma tête, trop d'émotions contradictoires me serrent le cœur... Je suis à la fois frustrée, énervée, coupable et triste... Et tout ça à cause de Mike. Je ne pensais pas qu'une personne pourrait à ce point me faire perdre les pédales. Moi qui, d'ordinaire, aime avoir le contrôle sur tout... Ça me fait comme l'effet d'une gifle. Et ça me fait paniquer.

Je fixe le plafond, les sourcils froncés. Mike ne m'a toujours pas donné de réponse. Il ne m'a toujours pas dit pourquoi il retarde tant notre départ. Je sais que ce n'est pas seulement à cause de la Commission, qui est soit-disant toujours à ma recherche. Non, je suis sûre qu'il y a autre chose.

Mais alors que je ferme les yeux, fatiguée par toutes ces questions sans réponse, un mouvement près de mon lit attire mon attention. Je me crispe, tous les sens en alerte. L'image des bottes noires de l'inconnu revient me hanter, tout comme sa longue silhouette noire qui apparaissait dans mes cauchemars. La même silhouette qui se trouve près de mon lit, à cet instant même.

Sauf que lorsque cette dernière s'avance d'un peu plus près, je reconnais sans mal le visage de Mike, éclairé par les rayons de la lune. Je ne discerne pas bien son expression et je ne sais pas pourquoi il se tient debout et immobile en plein milieu de la nuit... De là où je suis, c'est impossible qu'il arrive à discerner mon visage à moi. J'ai donc tout le loisir de l'observer, les sourcils froncés.

« - Je suis désolé. »

Je me raidis sous la couverture, le cœur battant. Sa voix est calme et légèrement mélancolique. Ma respiration s'accélère. Il sait donc que je ne dors pas. Après un court silence, il ajoute, comme si je ne comprenais pas :

« - Pour cet après-midi. Je suis désolé. »

Je me contente de rester silencieuse et immobile face à ses excuses. Honnêtement, je ne sais pas si je devrais les accepter. En l'espace de quelques jours, il s'est excusé plus de fois qu'il ne le faudrait. D'abord pour l'intrusion de cet inconnu, puis ensuite pour ça. Combien de fois va-t-il encore devoir s'excuser ?

« - Je n'ai pas besoin d'excuses... je murmure enfin, les sourcils froncés. J'ai besoin de réponses. »

J'attends sa réaction, le souffle court. Il effectue un mouvement timide, hésitant vers le lit. Ce n'est que lorsque je plisse les yeux que je vois qu'il tend un doigt vers ce dernier.

« - Je peux ? » lance-t-il d'une voix rauque.

Je m'immobilise, interdite. Les battements de mon cœur battent tellement fort que je pourrais presque les entendre à travers mes oreilles. Mais je finis par hocher la tête, imperceptiblement. Mike semble avoir une très bonne vue, puisqu'il s'installe à côté de moi sans hésiter. Il ne rabat pas la couverture sur lui. Il se contente juste de se coucher dessus, les mains repliées sous sa tête. Même couché, il paraît nonchalant.

Le silence s'installe, seulement interrompu par nos respirations et le sifflement du vent dehors. Je pourrais presque sentir la chaleur de son corps près du mien. J'essaie de me faire la plus petite possible pour ne pas risquer de le toucher, mais il prend toute la place, ce qui ne me facilite pas les choses.

Après de longues minutes, un murmure s'élève enfin. Le sien.

« - Je n'ai jamais été très proche de mon père. Lui et moi, on est très différents, malgré ce que pourraient penser les gens. »

Time Travelers - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant