𝑼𝒏 𝒂𝒏 𝒑𝒍𝒖𝒔 𝒕𝒐̂𝒕

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Arthur se remet à sortir. Ce ne sont pas de grandes sorties et elles ne durent jamais plus d'une heure, mais je suis extrêmement fière de lui. À chaque fois que je le peux, je l'accompagne se balader au parc ou boire une boisson dans notre café préféré. Je chéris ces moments du plus profond de mon cœur, surtout après avoir cru que j'allais le perdre pour toujours. C'est fou, car souvent on ne se rend compte de la valeur d'une personne que quand on est sur le point de la perdre. C'est triste mais ça nous montre à quel point la vie est courte et éphémère, et qu'il ne faut pas hésiter à aimer nos proches avant qu'il ne soit trop tard.

« - ... et le visage de la prof est devenu rouge d'un coup ! Je l'avais jamais vu dans un tel état... C'était pas beau à voir ! je m'esclaffe en touillant ma cuillère dans ma tisane. Si t'avais été là, je suis sûre que t'aurais éclaté de rire et que ça t'aurait valu un avertissement... Et comme j'aurais ri moi aussi, on serait sortis tous les deux de la salle pour mauvaise conduite... J'ai jamais compris en quoi rire était un crime. Certes, il faut se montrer respectueux... mais si c'est juste un pouffement ou un rire discret, ça compte pas, si ? »

Je secoue la tête, désespérée par le raisonnement du système scolaire. Lorsque je lève les yeux vers Arthur, je suis surprise de le voir absorbé par le paysage derrière la fenêtre. Ses yeux bleus regardent au loin, comme s'il voyait quelque chose que personne d'autre à part lui ne pouvait voir.

Il est de plus en plus songeur, ces temps-ci, et c'est de plus en plus difficile d'avoir une vraie conversation avec lui. La plupart du temps, c'est moi qui parle et lui qui écoute. D'habitude, j'aime ces silences entre lui et moi. Ils m'ont toujours paru réconfortants, familiers... Mais ces silences-là sont différents. Ils m'inquiètent, car ils viennent d'Arthur. Et Arthur a toujours eu le don de combler les blancs. Aujourd'hui, c'est moi qui le fais.

« - Hé... Ça va ? » je lui demande en posant une main sur son bras.

Il sursaute et me dévisage, comme si je l'avais réveillé d'un long sommeil. Ses yeux bleus me scrutent un instant avec étonnement, puis son regard s'adoucit. Il m'adresse un sourire, qui me semble un peu forcé – mais je peux me tromper.

« - Ça va, me rassure-t-il en serrant ma main dans la sienne. Tu disais quoi ? »

Après une courte hésitation, je souris à mon tour et reprends ce que j'étais en train de dire. Arthur dirige toute son attention vers moi, mais même si ses yeux semblent rivés sur mon visage, je ne peux m'empêcher d'avoir l'impression qu'il regarde à travers moi. 







Time Travelers - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant