| TIME TRAVELERS | tome 1

CHAPITRE 05

Nous sommes à peine sorties de la pièce que maman se met à ronchonner dans sa barbe.

« - Tu as de la chance qu'ils aient fini par t'accepter dans leur école, Louna... Si tu savais le nombre d'adolescents qui rêveraient d'être à ta place... Et pourquoi diable les as-tu regardés dans les yeux ? Je t'avais pourtant interdit de le faire, il me semble ! »

Je roule des yeux et ne peux m'empêcher de rétorquer :

« - Je n'en ai regardé qu'un seul dans les yeux, et ça n'a duré que quelques secondes. Et si tu te soucies tant de ces adolescents déprimés, alors pourquoi ne pas leur léguer ma place ? Je le ferai volontiers. »

Ma génitrice s'immobilise, interdite.

« - Je pensais que tu serais contente d'intégrer Nastara... souffle-t-elle, les sourcils froncés. Tu l'as choisi à ce pauvre lycée d'ignorants, après tout. »

Je pousse un soupir. C'est vrai, elle n'a pas tort. Mais je n'ai pas choisi Nastara par envie.

Je voulais quitter le lycée parce qu'il me rappelait trop Arthur. Il aurait été partout où j'aurais posé les yeux.

J'inspire lentement, sentant une boule familière me remonter le long de la gorge. Devant moi, maman me dévisage d'un air interloqué, attendant sûrement une réponse de ma part.

« - Oui, je suis contente, je soupire en haussant les épaules. Nastara est l'endroit parfait pour en apprendre plus sur les voyages dans le temps. »

Elle hoche la tête, satisfaite.

« - Bien. C'est ce que je voulais entendre. »

Nous continuons notre marche, serpentons dans des couloirs et descendons enfin dans l'immense hall de l'école. Alors que je me dirige vers la sortie, maman m'attrape par le bras.

« - Je dois aller régler quelques affaires à l'étage, me prévient-elle. Je n'en ai pas pour très longtemps. Tu peux aller visiter les lieux, en attendant. »

Après un dernier sourire, elle se volatilise dans un froufrou de jupons. Je pousse un soupir, déjà lasse de cette matinée à peine commencée. Il faut dire que ces directeurs ne m'ont pas facilité la tâche, avec leur silence et leur absence de volonté. J'avais parfois l'impression de m'adresser à un mur. Ce qui est étrangement beaucoup plus fatiguant qu'une personne bavarde.

Je parcours le hall et les pièces reliées à ce dernier, ne sachant pas quoi faire d'autre. Les salles de classe, vides, sont toutes plus magnifiques les unes que les autres. Elles n'ont absolument rien à voir avec celles de mon ancien lycée. Les tables et les chaises ont l'air d'avoir été faits pour des rois, avec leur design élégant et extravagant, de couleur rouge et or - je suis pratiquement sûre que c'est du vrai or, d'ailleurs.

Je quitte les salles d'étude pour pénétrer dans une immense bibliothèque. Mon cœur s'accélère dans ma poitrine. Incroyable. Je n'ai jamais vu une bibliothèque aussi grande et garnie. Il y a des livres partout - logique ! - sur les étagères qui leur sont réservés, mais aussi sur les petites tables près des fauteuils bleus où l'on peut se poser. Cette bibliothèque a l'air largement plus variée en terme de connaissances que celle de mes parents.

En parlant de connaissances, je me dirige à grands pas vers le rayon voyages dans le temps. Il faut que j'en apprenne plus sur les voyages temporaux. Je parcours des yeux la centaine de bouquins qui s'offre à moi. Quel livre choisir ? Il y en a tellement...

Je fais coulisser la grande échelle en bois jusqu'à moi et grimpe dessus, les mains serrées autour de ses extrémités. Ces échelles sont super pratiques, surtout pour les personnes de petite taille comme moi...