Foule Sentimentale

Deuxième tentative de réveil

Les rayons du soleil chatouillent les yeux fermés du jeune homme endormi, les lui faisant entrouvrir et l'éblouissant au passage.

Il est allongé sur son lit le traversant horizontalement. Cette position extrêmement désagréable le force à l'échanger avec une position assise bien meilleure pour son dos meurtri.

Plein de courbatures douloureuses il masse sa tête embrumée et se frotte les yeux.

Un regard furtif vers la pendule de porcelaine en forme de grenouille clouée au mur de sa chambre lui suffit pour se lever avec empressement, il est déjà quinze heures. Là au moins c'est sûr qu'il a fait passer tout l'alcool qu'il aurait pu rester dans son sang. Voyant que sa migraine a disparue un mince sourire apparaît sur son visage, disparaissant bien vite en se rappelant sa mission.

Heureusement pour lui, le bar ferme très tard donc l'heure n'est pas un problème. Le problème c'est plutôt la personne qui est dans ce bar.Calmement, le jeune homme s'assoit sur le lit et réfléchi.

Comment présenter ses excuses à un homme qui doit voir des dizaines de gens dans un état pire que lui tout les jours, sans passer pour un idiot? Si il voit des alcooliques en plein trip chaques soirs pourquoi s'excuser alors? Pour garder un amour propre? Pour être sûr que cet homme n'en parlera à personne?

De toute manière, ce n'est pas comme si il connaissait grand monde dans Bordeaux, à la limite l'épicier tenant le magasin à quelques rues de son immeuble ou la pharmacienne au croisement près du panneau de signalisation!

Autant dire que sa vie sociale stagne. Peut-être devrait-il plutôt tenter de faire ami-ami avec l'employé du bar plutôt que de lui présenter ses plus plates excuses...

Charles se prend la tête dans les mains, ça fait bien trop de questions à la fois et ça lui donne bien trop peu de temps pour y répondre.

La solution danse devant ses yeux: il ira présenter ses excuses au barman pour lui avoir parlé comme ça, ne retouchera plus jamais à l'alcool en public et oubliera cette histoire une bonne fois pour toute.

Charles émet un petit rictus moqueur en apercevant son visage se réverbérant sur le miroir, le teint pâle; les cernes marquées; des yeux vitreux...

"Absolument magnifique, ironise-il."

Excédé, il se dirige d'un pas lent vers sa penderie en bois massif qu'il ouvre dans un grincement digne des pires films d'horreur qu'il ait vu, pour en sortir un t-shirt. Vêtement aux airs étrangement rock and roll avec une photo des Beatles en gros plan agrémentée de reliefs en forme de vinyles.

Se rappelant vaguement que ce T-shirt est un cadeau de Clémentine il le jette sur son lit avec une paire de jeans attrapé au hasard au fond du meuble. Des chaussettes rejoignent bientôt le groupe de vêtements accompagnées d'une ceinture quelconque.

Charles sort de sa chambre pour se traîner péniblement dans la salle de bain, encombrée d'une pile grandissante de linge sale.

Il se rendre dans la cabine de douche et se lave vite fait avec un savon à l'orange de médiocre qualité.

Ce n'est qu'en sortant de la salle de bain qu'il se rend compte du désordre dans lequel se trouve son salon. En comparaisons il pourrait il y avoir eu une tornade dans son appartement durant son sommeil que ça ne changerait pas grand chose à l'état des lieux...
Il ne saura donc jamais faire le ménage?

Dans un soupir de lassitude, il remet grossièrement quelques objets à leurs places respectives et allume son lecteur CD avant de reporter son attention vers sa nudité.

Il enfile rapidement le t-shirt à l'effigie d'un de ces groupes préférés et se muni d'un caleçon lorsque la sonnette de l'entrée resonne dans l'appartement.

"Putain... Ça pouvait pas attendre que je termine de m'habiller, non? Peste-t-il en accélérant la cadence."

Une fois son jean mit et deux nouveaux coups assenés, le jeune homme se dirige vers la porte en chantonnant distraitement la musique lancée...

"It could be wrong... Could be wrong..."

Charles tente vainement de déverrouiller sa porte déjà ouverte avant de se contenter de la pousser et se retrouve devant une petite personne calée en face de lui.