Debout (mais pas trop)

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Une alarme énervante résonne dans la pièce sombre, réveillant en sursaut Charles qui dormais paisiblement sur le sol. Avec peine, il reprend ses esprits et se situe dans l'espace environnant: sa chambre.

Rien à faire, la tête ancrée dans un oreiller il ne voit absolument rien. De plus, la sonnerie continue sa longue plainte, le poussant à ramper sur le sol pour trouver quelque chose qui l'aiderait à se relever.
Il est bien loin le temps des films aux réveils post-gueule de bois dans un lit à baldaquin après que le héro ait couché avec plusieurs filles pas farouches...

Poussant un misérable gémissement, il tente de se relever, cherchant à tâtons l'origine de son hémorragie auditive. Il se retrouve cloué au sol, figé par la douleur: une migraine foudroyante l'oblige à coller ses mains contre ses tempes et ses oreilles à la fois. En même temps s'il n'avait pas bu il ne serait pas aussi malade.

Les souvenirs reviennent dans son esprit comme un essain d'abeilles enragées, le rendant nauséeux et le forçant à s'asseoir sur le coin de son lit pour lui éviter de se vomir dessus.

"Merde, souffle-t-il."

Le jeune homme a une envie soudaine de se taper la tête contre le mur le plus proche. Il sait pourtant très bien qu'il ne tient pas l'alcool! Emporté par son enthousiasme il a voulu jouer à l'homme et voilà le résultat...

Clémentine ne pourra pas dire qu'il se moque de leur rupture! Il devrait même lui envoyer des photos de lui, quoi qu'il n'a pas spécialement envie de voir la tête qu'il a en ce moment.

Il éteint un bonne fois pour toute sur son réveil discount, histoire de pouvoir mettre à plat ses souvenirs honteux.

Il est sortit de chez lui sans manger; il a croisé un homme nu; il a...

Sa stupidité le frappe de plein fouet alors que la question prudente du barman lui revient.

Il n'avait rien mangé de la journée et il est quand même aller enchaîner allègrement les verres d'alcool dans un bar miteux à trois rues de chez lui... S'il avait fait un coma éthylique il aurait pu postuler comme candidat aux Darwin Awards!
Charles écrase violemment le plat de la main son crâne déjà en pleine souffrance. En plus, ce même barman n'a pas dû se gêner pour le balancer au premier inconnu! Il commence à paniquer...

Il n'avait quand même pas raconté une  anecdote dégradante sur sa vie alors qu'il était ivre? Il n'avait quand-même pas bêtement raconté sa vie à un inconnu.

Qu'est ce qu'il lui a dit? Cette question lui paraît vitale. Le jeune homme espère juste ne pas avoir été vulgaire ou violent... Ou ne pas avoir violé quelqu'un dans les toilettes du bar au cours de la soirée. Il a lu beaucoup de choses sur les comportements violents qui se montrent après plusieurs verres d'alcool...

Il se dirige d'un pas lent et douloureux vers sa commode et soulève avec fierté le saint Graal: les quelques dolipranes traînant dans sa trousse à pharmacie. Le jeune homme en ingère trois, au risque de s'étouffer et fait passer le tout avec un bonne gorgée de café froid.

À la question: depuis quand a-t-il du café sur sa table de chevet? Il n'a aucune réponse. Il a dû tout préparer hier soir en prévision de sa gueule de bois du lendemain.

Entreprenant pour un homme avec sûrement plus de deux grammes six d'alcool dans le sang...

Charles se pince le nez et avale gorgées par gorgées la boisson caféinée se mélangeant difficilement avec son haleine défraichie. Il pose sa tasse sur le sol et s'écrase sur son lit dans un grognement avant de ressombrer dans un sommeil profond.

Il ira s'excuser quand il ira mieux, mais pour le moment la seul chose dont il a besoin c'est de digérer sa gueule de bois.

Foule SentimentaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant