C'est juste un au revoir

180 28 16
                                    

Dans une chambre perdue dans un quartier Bordelais, un jeune homme dors paisiblement rêvassant d'on ne sais quelles choses inutiles.

Mais un cri d'étonnement et d'inquiétude résonne soudainement dans la pièce, détruisant son aspect relaxant.

" Bordel Éric qu'est ce que tu fous là! hurle le dit jeune homme."

Un grognement étouffé parvient à ses oreilles alors que la masse blonde cale sa tête dans l'oreiller.

" Éric explique toi, nom de Dieu! Pourquoi? Que... Enfin réveille toi putain! enchaîne-il avec fureur."

Éric ouvre difficilement ses paupières closes et détaille son hôte avec incompréhension.

" Ch...Charles? articule le barman malgré sa bouche pateuse et l'odeur d'alcool remplissant ses narines."

Statufié, son ancien client n'ose esquisser un geste puis laissant ses yeux divaguer, il remarque enfin la nudité de son invité surprise et en particulier la sienne.

Sentant le sang lui monter au visage, il attrape le dessus de lit pour se couvrir un minimum.

" Habille toi. lance Charles à l'autre homme en détournant le regard affreusement gêné."

Éric n'avait pas ouvert la bouche, choqué, il reste là à regarder autour de lui alors que les souvenirs de la veille lui reviennent.

" Non... On a pas... murmure-il.

Le brun se retourne tremblant.

- J'en sais rien, je pense..."

Le barman se prend la tête dans les mains, quel abruti il peut faire des fois... Il se souvient très bien de la veille... trop bien. Il ne peux pas laisser le jeune homme dans le doute.

" Je crois que oui, soufle-il honteux."

Les yeux de Charles brillent de rage et de peur face à cette déclaration... C'est tellement improbable.

" Mec t'es en train de me dire que tu as abusé de moi dans mon état d'ivresse alors qu'on se connaît depuis deux jours! murmure-il avec un certain dégoût dans la voix.

- Tu étais consentant autant que moi, assure le blond les membres crispés, si tu veux tout savoir c'est même toi qui m'a embrasser."

Toute les certitudes de l'autodenomé victime tombent à l'eau. Ce serait lui qui avait fait le premier pas, sans rien ressentir, juste par désir. Il ne peux se résoudre à cette conclusion.

Voyant l'air perdu du jeune homme, Éric s'est levé après avoir enfilé un pantalon traînant au sol qu'il espère être le sien, pour le rejoindre.

" Tu étais bourré Charles... Ce n'était pas volontaire, alors je vais partir, tu vas m'oublier et voilà tout, commence le barman."

Il remarque avec un léger pincement au coeur que le visage de Charles est baigné de larmes.

"Tu pleures? C'est pas grave tout ça... Oublie moi... Insultes moi si tu veux mais ne m'inflige pas le supplice de ne pas savoir quoi dire, enchaîne-il.

- J'ai fait le vœux de chasteté... soufle Charles de manière a peine audible."

Sous le regard affolé d'Éric il poursuit.

" Mon père était un catholique pratiquant, il m'a toujours dit que ça ferait de moi un être pur avec un accès au paradis, enchaîne-il avec amertume, C'est la seule chose qui me permettait de me dire qu' il est fier de moi là où il est."

La chambre est éclairée par une simple petite fenêtre au mûr qui projette une lumière fade de matinée naissante. Créant une atmosphère dérangeante et des ombres projetés aux murs comme un film en noir et blanc.

Les deux hommes se font face laissant divaguer dans l'air un parfum de sueur.

Sans attendre de réponse de la part d'Éric, Charles soupire d'un souffle coupé des mots sans aucuns sens.

Le barman de son côté n'en mène pas large non plus, les remords l'enfoncent et son propre dégoût le submerge.

"Je suis qu'un abruti après tout, déclare-il se sentant lui aussi sur le point de pleurer, je gâche toujours tout."

Les yeux embrumés il sourit vainement au jeune homme en face de lui.

"On dirait une mauvaise romcom', c'est idiot non? lance-il."

N'obtenant aucune réponse de Charles qui fixe désespérément la fenêtre il soupire à son tour.

"Bon d'accord, je pars mais c'est juste un au revoir, du moins je l'espère t'es un mec bien... C'est moi qui suis un incapable. assure Éric depuis l'encadrement de la porte."

Un bruit sourd annonce son départ et Charles éclate en sanglots n'ayant plus aucune fierté à garder.

Voulant étouffer tant bien que mal ses pleurs, il lance la première musique qu'il trouve sur son ordinateur...

« It could be wrong
Could be wrong
Lets erase it fast
It could be wrong
Could be wrong
But it could've been right»

Charles se remet doucement à sangloter, il se fait pitié. Personne à part lui ne se préoccupe plus autant de sa virginité... Il se trouve stupide.

C'est bien le genre de choses qui n'arrivent qu'à lui.

Foule SentimentaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant