" Je suis désolé... Je suis idiot d'avoir demandé... répond-il avec une moue effrayée."
Il a dit une belle connerie et encore une fois il a peiné quelqu'un.
Encore une fois? réfléchit le jeune homme.
Son esprit divague jusqu'à atteindre le point de non-retour plus précisément la seule chose qui hante son esprit depuis plusieurs jours.
Après maintes réflexions il avait beau être émeché le soir où il avait perdu sa virginité, le jeune homme était tout à fait consentant et il se refuse ardemment de laisser croire à Éric qu'il l'avait violé...
Se reprenant et voyant que Laure contient difficilement ses larmes, Charles la prend dans ses bras sans réfléchir d'où elle s'écarte avec précaution.
Bien sûr qu'elle n'a pas envie d'un câlin! imbécile! lui souffle sa conscience.
" Désolé je ne voulais pas vous brusquer... enfin... vous voyez... Je suis encore une fois désolé. s'explique-il avec difficultés."
Tout est difficile aujourd'hui, songe le jeune homme en même temps.
Il soupire en s'écartant lui aussi, il vaut mieux essayer de faire le moins de gaffes possible dans ces moments là.
" Ce n'est rien... J'ai un peu de mal à faire mon deuil. soupire-elle.
Laure sèche rapidement ses larmes avec la manche de son gilet.
- C'est compréhensible, rétorque Charles."
Elle se tourne de manière à être dos au garçon et entame avec émotion.
" Il... Charlie avait un lupus. Il n'ont rien pu faire, la maladie était trop ancrée dans son corp. À cinq ans tout à lâché et il... est parti. Du coup j'ai racheté la boulangerie dont je vous ai parlé et maintenant j'essaye de faire mon deuil."
Submergé par la déclaration de son inconnue confidante, le jeune homme se contente de se taire et d'observer Laure avec un sourire conciliant.
" Il est sûrement très bien là où il est maintenant, se chuchote-il inaudiblement, que Dieu le bénisse."
Cependant la jeune femme semble avoir saisie ses paroles.
" Vous êtes croyant? demande Laure.
- Mon père l'était, soupire le jeune homme."
Gênée, Laure tente désespérément de changer de sujet, ils parlaient bien trop de la mort pour une discussion amicale.
" Et vous? s'enquit-elle. Je ne veux pas être la seule à étaler ma vie...
- Le tout est bien trop long à raconter... tranche-il, je vais vous ennuyer et vous allez vous endormir.
- Tutoies moi! lui lance la jeune femme en gloussant, et raconte moi ça, j'ai fait des études de psychologie en première année."
Comprenant qu'il n'y échappera pas, Charles entame timidement avec l'accident de son père, puis petit à petit il se sent plus à l'aise.
Toute sa vie y passe, ne se souciant bientôt plus d'intéresser la jeune femme et passant à la limite pour un monologue animé par ses bras gesticulants.
Plus le temps s'écoule plus il se rapproche du moment fatidique. Charles raconte alors tout. Sa rencontre avec Éric, allant jusqu'à faire rougir Laure en racontant rapidement leurs ébats.
Il enchaîne sans s'interrompre sur une question qui lui paraît insurmontable malgré sa simplicité.
" Au final... Je ne sais pas si j'ai le courage d'aller lui parler encore une fois. chuchote presque le jeune homme.
- Et même si je le faisais je suis sûr de tout faire foirer avec mon don pour les catastrophes, gromelle-il, je ne suis même pas capable de me rappeler comment on embrasse quelqu'un... Surtout un homme.
- Qui a parlé d'embrasser? se moque-elle gentiment. "
Charles se braque automatiquement et émet un grognement de vexation.
Pourquoi j'ai dit ça! fulmine-il intérieurement.
La jeune femme soupire de désespoir, il est tellement énervant et buté quand il s'y met...
Soudain, une idée germe dans le crâne de la boulangère...
" On s'y prend comme ça. sussure Laure en s'approchant dangereusement de son visage."
Ses lèvres frollent celles de Charles et se posent délicatement sur celles-ci.
Le jeune homme surpris ne se pose pas plus de questions, si au moins ce baiser pouvait effacer les doutes qui l'assayent...
Innocent. Ce même baiser ne dure pas et est vite brisé par la jeune femme.
" Tu vois! déclare-elle avec une rire éclatant. C'est pas difficile."
Il y a tellement d'innocence dans ce rire... Charles se demande si le siens aussi est comme ça.
Choqué malgré tout, il la regarde perdu. La jeune femme continue de sourire.
" C'était un baiser purement platonique, se défend-elle vainement en riant."
Ne pouvant résister, Charles éclate de rire pour former les chœurs d'une mélodie joyeuse, animant ce lieu désagréablement triste.
" Je ne peux pas de toute manière, annonce-il en reprenant son sérieux. Je ne l'aime pas, ça serait jouer avec ses sentiments et je m'y refuse."
Le regard de la boulangère devient soudainement froid, énervé. La jeune femme ne le comprend pas et ça se sent de loin, malgré tout elle n'arrive plus à se contrôler.
Elle le frappe violemment à la joue, le laissant paralysé.
" Tu es un idiot."
Reprenant ses esprits, Charles frotte vigoureusement sa joue rougit par le coup de la jeune femme.
" Tu penses qu'il est possible de tomber amoureux comme ça? Avec un stupide coup de foudre? Ironise-il. De toute manière Laure, je ne suis pas gay.
- Non tu n'es pas gay, tu l'aimes lui c'est tout. répond la jeune femme en regardant vaguement la tombe de son enfant. "
C'est impossible. Le coup de foudre n'existe pas, ce n'est qu'une banale attirance sexuelle voilà tout.
Il se reprend rapidement... On dirait une collégienne qui vit sa première histoire d'amour.
Stupide, pense le jeune homme amèrement.
Il se relève avec difficultés et part sans un mot sentant toujours le regard approbateur de la jeune femme dans on dos.
Elle n'allait pas lâcher le morceau et lui non plus.
C'est sûrement ce qui fait la beauté des amitiés improvisées.
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Foule Sentimentale
RomanceCharles est calme, Charles est souvent sarcastique, Charles est désagréable parfois mais, Charles est sensible, Charles est paumé, Charles est un grand enfant. Éric est amoureux. Ce n'est pas peu dire! Laure est une femme, Laure est une mère, Laure...