C'est pas gagné

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Un léger son de carillon indiquant une nouvelle notification parvient aux oreilles du propriétaire du téléphone bruyant. Charles l'attrape violemment, retenant d'une main les vêtements dont la destination-lave linge ne fait aucun doute.

Si il y a, dans le monde, une chose qui dégoûte le brun s'est bien la saleté. Et avec son emploi du temps chargé, malgré son métier inexistant, il n'avait que très peu de temps pour se mettre au ménage. D'ailleurs, le jeune homme avait intérêt à bien profiter de son dimanche puisqu'une nouvelle convocation à l'agence nationale pour l'emploi l'attendait de pied ferme dans l'ordinateur.

Observant longuement le message reçu, le jeune homme soupire. Dire que ça lui était presque sorti de la tête.

Après avoir une nouvelle fois fuit lâchement devant son ami, si l'on peut encore utiliser ce terme, Charles à longuement potassé son idée. Et n'arrivant à la faire pencher ni du bon, ni du mauvais côté de la balance il a tout bonnement laisser tomber se réflexions pour se consacrer au ménage de son appartement.

Quelque chose posait plus problème au brun qu'autre chose, si il accepte d'avoir une relation plus qu'incertaine avec Éric, comment va t'elle évoluer? Est ce qu'il fait réellement ça pour lui, ou simplement parce qu'il ne veut pas voir son ami, son seul vrai ami loin de son ancienne maison, triste.

Ce trop plein de réflexions fait bouillir son cerveau, et fait sournoisement apparaître une migraine des plus désagréables. Les migraines aussi ils les déteste, en même temps qui aime ça?

Charles attrape une boîte d'Ibuprophen posée négligemment sur la table du salon. Heureusement qu'aucun enfant ne vit ici...

Le jeune homme avale le cachet bleu avec une grimace, il fait partit de ces nombreux gens qui ont la phobie d'avaler quelque chose qui pourrait les étouffer, dont les cachets. De plus il ne peut s'empêcher de penser au film Matrix à chaque fois avec cette foutue couleur...

En soupirant, il s'allonge sur son canapé et ferme les yeux. On dit que le meilleur remède pour l'homme est le sommeil, il est temps que cette technique fasse ses preuves... Charles se tourne et se retourne sur son lit improvisé durant une dizaine de minutes avant de se résigner. Le sommeil ne veut pas de lui, c'est tout.

Agacé, il se redresse et s'assoit sur son canapé les jambes repliées sous son menton. Le jeune homme attrape une couverture sur le sol pour la poser sur ses genoux. Instinctivement il regarde le ciel par delà la petite vitre du salon, la pluie bat les fenêtres et le temps est désespérément gris, alors un peu de chaleur n'est pas de refus.

En claquant exagérément des dents, Charles se saisit de la télécommande aussi grise que le ciel siégeant dehors. Une télé du même gris souris s'allume à l'enclanchement d'un bouton vert au symbole gommé par le temps. Car il en a vécu des choses ce téléviseur!

Enfin pas réellement lui, mais surtout Charles. De toute manière, un peut tout le monde dans sa famille à vu ou entendu parler de cette télé. Elle est un peu le fil qui relit une petite partie de ses proches en eux... Dans certaines familles il y a des bagues, des tableaux... Eux c'est une télévision, assez original comme trésor familial!

Le jeune homme fronce les sourcils en se rendant compte que le poste reste éteint. Il recommence plusieurs fois son teste mais la conclusion est vite définitive.
Il ne manque pas de piles dans la télécommande.
Et même en s'en prenant directement à la machine rien ne marche.
Le précieux objet argenté est en panne.

Charles fronce un peu plus les sourcils et mordille vigoureusement l'intérieur de sa joue. Il appelera le service client, ce sera déja ça!

Il fixe instant la télévision, puis son téléphone, puis la télévision, puis son télephone, puis la télévision, soudain un idée lui vient pour occuper le temps.

Le jeune homme cours jusqu'à sa chambre pour y déchirer une page de son cahier à prise de notes, utile pour ses recherches d'un travail pas trop fatiguant. Revenant avec la feuille blanche il se saisit d'un stylo noir pour dessiner vulgairement, deux yeux, un nez, une bouche, et écrire sur le front de la chose le prénom Éric.

Volant à un poster de Pink Floyd un petit bout de patafix, il colle le bout de papier sur la télévision. Charles observe longuement son travail, satisfait, puis inspire longuement comme dans ses émissions sur le yoga qu'il voit de temps à autre sur une chaine minable.

Le brun se concentre avant de lancer d'un ton assuré:

" Je t'aime. Je veux sortir avec toi."

Une petite voix dans sa tête lui dit que c'est peut être un peut froid, alors il recommence.

" Éric, je voudrais essayer de sortir avec toi. Je crois que je t'aime."

Déja plus content de lui, Charles décide, après deux ou trois répétions, de décrocher Éric bis de l'écran noir.

Il n'a plus qu'a se faire un rapide plat de pâtes et se préparer psychologiquement pour demain.

Foule SentimentaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant