Un Trio

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Il ne doit même pas être dix heures du matin lorsque le téléphone de la maison réveille Charles, qui avais pourtant enfin réussi à s'endormir.

Buté comme jamais à rester au chaud sous sa couette, il n'y fait pas attention et tente de replonger au pays des rêves. Cependant au même moment, le réveil de son portable sonne, lançant une musique au hasard dans sa playlist.

"Flemme..." souffle le jeune homme les yeux mis-clos en poussant les couvertures.

Le fait de savoir qu'il avait de nouveau rendez-vous au bar et ce, même si Éric y avait convié une amie, l'empêche purement et simplement de se rendormir.

Surpassant son envie de rester au chaud, il se lève en poussant un misérable gémissement au contact du courant d'air froid qui lui chatouille le dos.

Se retrouver debout en bas de pyjama dans la plus-que-fraicheur matinale ne plaisant pas vraiment au jeune homme fatigué, il prend comme seul alié un gros polaire en misérable état, surement trouvé en friperie et entre dans son salon pour se jetter sur le canapé.

"Fa-gué..."grogne t-il.

C'est avec le peu de force qu'il a, que Charles c'est déplacé jusqu'à la cuisine et a allumée la cafetière. Voulant faire cuire les oeufs que sa voisine avais gentiment laissés sur son paillasson, en connaissance de ses difficultés à se nourir, il se rend compte que la gaz commence à dangereusement manquer...

Et bien évidemment, si l'argent manque pour la nourriture, il manquera aussi bientôt pour le loyer, pour l'électricité et toutes ces choses impossibles à boycotter.

Souhaitant éviter de penser à sa dérive prochaine, et préférant largement se consacrer à sa petite personne, le jeune homme passe dans la salle de bain et se saisit d'un paquet de lingettes pour bébé dont il se sert pour toiletter les parties de son corps les plus visibles, tel que ses bras ou son visage. Autant économiser le plus possible, au risque de passer pour quelqu'un de franchement sale!

Habillé simplement, et coiffé d'un coup de brosse ébouriffant sa tignasse, le brun s'occupe rapidement de son café qu'il avale en vitesse. Un coup d'oeil sur son téléphone portable lui suffit pour savoir que si il voulait être là bas pour quinze heure il avait intérêt à se bouger! Autant dire que le temps avait filé!

Lorsque qu'enfin il est prêt, le retardataire attrape une dizaine d'euros dans le vide poche de l'entrée, Éric ne va tout de même pas passer sa vie à lui faire crédit!

Claquant la porte, le jeune homme sent un boule d'appréhension se former au fond de sa gorge.

Ça ne va tout de même pas recommencer! Va t-il réellement passer toute sa vie à flipper pour dire deux mots à un autre être humain? Au collège ça peut être compréhensible, mais à son âge! Tout de même!

Il court le long de la route, et il a conscience de ressembler à un chien avec sa bouche ouverte et son souffle irrégulier quand il s'arrête pour faire une petite pause. Quand il arrive enfin devant la brasserie, il n'hésite pas à entrer et s'avachit au bar sans un mot. Deux petites tapes dans le dos l'enlèvent subitement à ses pensée sur une possible remise en forme...

" Ça faisait longtemps!

- Pas tant tu sais, sourit Éric.

Le blond émet un vague geste vers jeune fille.

" Je te re-présente Laure! il ajoute avec une légère crispation. Il semble que je vous ai séparés au concert...

- Enchanté Laure! un grand sourire amical surplombe sa déclaration.

- Moi de même Charles!"

Ils rigolent.

Une fois la gêne du début passée, ils semblent former un trio se connaissant depuis des années!

Bien que le regard insistant de Laure sur le brun et que le regard noir que lui lance Éric en retour gâchent un petit peu l'ambiance, les rires fusent des trois bouches, ce qui malgré tout, importune légèrement les autres clients. Boissons et discussions semblent se diverses à l'infini, bien que chacun veille au nombres d'alcools passant dans son verre.

Alors que les sujets de discussion paraissent épuisés, le blond allume une télé suspendue par un échafaudage artistiquement mal fait. Tombant malencontrueusement sur une chaine musicale, il s'attire sans le vouloir, les foudres de son principal client.

"C'est Garry Stiles... Il chante dans un groupe... Il parrait que toutes les minettes fantasment sur lui, soupire Éric dépité.

- Toi t'en pense quoi? demande Laure en plaisantant, un sourire au coin des lèvres.

- Baisable, répond le blond avec une classe extrème. Mais sans plus..."

Sa réponse semble surprendre la jeune femme qui lui lance un regard interrogatif, toujour en souriant, comme attendant la fin d'une blague.

"- Bah quoi? Il est pas mal, il a juste l'air pas super futé... enchaine l'employé, avant d'abandonner ses interlocuteurss pour servir d'autres clients.

- Et pour toi Laure? Il est beau Garry? se moque Charles devant la mine étonnée de la rouquine.

- Ça va... Mais ce n'est pas réellement mon genre! Je préfere les mecs un peu comme toi, tu vois mais plus-

- Ah... C'est cool, coupe Eric pas le moins du monde intéressé par la contemplation de Laure."

Au même moment, coupant le brun dans son fou-rire, une mélodie s'enclenche alors que le téléphone glissé dans sa poche se met à vibrer.

- C'est moi! lance le brun en regardant sa poche bouger au rytme de la musique.

Intimant à Éric et Laure de se taire, l'index sur la bouche et un léger froncement de sourcil au passage, le jeune homme décroche. Il part s'isoler quelques mètres plus loin, les soucils toujours froncés au fur et à mesure que démare la conversation... Pour une fois le barman et la jeune femme sont d'accord, vu la tête de Charles, ce n'est pas une bonne nouvelle.

Foule SentimentaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant