Foule Sentimentale

Ça sera par téléphone

" Vous avez, trois, nouveaux messages. Aujourd'hui à minuit vingt-et-une:

Allô? Éric? Bah... c'était Charles je suppose que tu ne veux plus me parler mais... Je... Je voulais m'excuser pour ce que je t'ai dit... Tu sais le viol et tout... J'ai réfléchi et tu n'as pas abusé de moi même si ça tu le sais déjà...
Bon bah je te laisse... Rappelle moi si tu peux"

Éric soupire longuement devant son téléphone, de soulagement et d'énervement aussi...

Il est quasi minuit et il y a trois messages de ce genre sur son répondeur...

Le jeune barman se doit donc de rappeler directement sous peine de passer pour un con, c'est comme ça... Au moins son ancien amant n'est plus fâché.

C'est avec frustration qu'il s'aperçoit que c'est la tonalité du portable de Charles qui lui répond et non la personne. Il lance le téléphone au loin avec un grognement, et s'étale sur son canapé.

Il faut vraiment qu'il pense à refuser de boire au travail, en tout cas quand la boisson en question est un double Whisky...

Le jeune homme se sent nauséeux, malade et surtout extrêmement fatigué.

" Une vie de merde... souffle-il."

Le coupant dans ses pensées devenues floues, son téléphone se remet à sonner avec entrain, c'est donc en pestant qu'il décroche l'appareil et le plaque à son oreille.

"Allô? Charles?

Un grésillement désagréable lui répond.

- Mec répond. Charles? Tu voulais parler ou pas?

Nouveau grésillement.

- Quand tu sauras ce que tu veux tu répondras parce que là je suis crevé et pas d'humeur à subir tes conneries donc bonne nuit. "

Éric coupe la conversation à sens unique avec empressement. Il se trouve quand même un peu dur, mais si il a bien une excuse c'est qu'il n'est vraiment pas bien.

Un ultime vague de fatigue le rend plus nauséeux et c'est avec précision qu'il vomit l'alcool que contient sont estomac dans la poubelle salon...

Peut être bien qu'il ne tient pas l'alcool lui non plus...

De l'autre côté du téléphone, Charles est effondré.

Le petit brun est resté collé au téléphone, attendant peut être que le barman le rappelle pour s'excuser...

Il est choqué de la manière dont Éric lui a parlé, froidement, méchamment. En plus d'avoir couché avec un homme, il avait couché avec un con?

Parler face à une machine c'est simple, mais devant une personne, et justement si cette personne s'appelle Éric et qu'elle est votre première fois ça complique tout de suite tout.

Charles se dirige vers la cuisine d'un pas lent, malgré l'heure tardive il se sert dans la cafetière de ce matin et met sa tasse au micro-onde.

Le jeune homme se stoppe automatiquement dans l'allumage de la machine lorsqu'il se rend compte de l'oubli fatidique d'une cuillère à l'intérieur...

Il faut vraiment qu'il dorme avant de provoquer une explosion nucléaire...

Il souffle.

Renversant le contenu du Mug dans la cafetière prévue à cet effet, il part s'allonger sur son lit sans même se déshabiller.

Il n'a plus ses chaussures c'est déjà ça...

Au même moment, Éric se couche distraitement sur son canapé-lit s'enroulant dans ses couvertures prit sans un état second...

Fatigués, énervés, frustrés, les deux hommes tombent en même temps dans les limbes du sommeil. Avec la même musique murmurant vaguement ses paroles abstraites...

« ...Love is our resistance...»

Après tout demain est un autre jour...