Une visite inopinée

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"M...Maman? s'exclame-il."

Le souffle coupé, Charle observe la femme de soixante deux ans debout sur son paillasson, un air sévère au visage. Elle le toise avec insistance, les yeux en feu.

" Margaux m'a dit que tu avais quitté ta petite copine... Voyons Charles, tu n'as plus quinze ans! Il est temps que tu ais une famille, avec des enfants et une femme! lui lance-t-elle en entrant.

- Margaux? questionne Charle.

- La sœur d'Angie... répond sa mère avec détachement, comme si le fait que ses amies espionnent la vie amoureuse de son fils était totalement normal.

- Ah... souffle le jeune homme sachant qu'il ne saura rien de plus..."

Pas plus avancé, il accompagne inutilement sa mère jusqu'au salon où elle s'installe confortablement sur le canapé, prête à discuter sérieusement de l'avenir de son fils.

"Mon garçon... Tu as bien grandi... Maintenant tu es un homme et tu dois vivre une vie d'adulte et cesser les amourettes à deux francs six sous comme tu les collectionnes... commence-t-elle avec sérieux."

Lassé, il supporte le même discours qu'elle lui a fait le jour de ses dix-huit ans.

"...Ton père aurait su te guider, lui. soupire t-elle avec lassitude."

Il tique à l'entente de ce mot...

" père... "

Ça fait longtemps qu'on ne la plus employé dans sa famille, sa sœur et sa mère évitant soigneusement de parler de "l'affaire secrète" comme il l'a surnommé étant enfant.

Son père est mort le jour de son anniversaire, sur une route reliant Paris à Rouen, en amenant ses cadeaux à la maison.

Le jour de ses dix ans... Aucun parent ne devrait jamais mourir le jour de l'anniversaire de son enfant.

Il sursaute en sentant la main de sa mère se poser délicatement sur son épaule, après tant d'années la blessure causée par la perte de son père ne s'était pas encore refermée et ne se renfermera sûrement jamais.

Malgré tout, Charles se sent stupide de ressasser ainsi les souvenirs de quelqu'un qu'il ferait mieux d'oublier... pour son bien.

" Mon ange... Il te manque? demande la mère de Charles inquiète.

- Non... ment-il."

Elle se retourne vers la fenêtre, lui portant un intérêt majeur, les yeux dans le vague.

" Il faut vraiment que tu te fasses de nouveaux amis et que tu te trouves une jolie petite femme pour le reste de tes jours. anonce-elle en changeant de sujet.

- Justement juste avant que tu arrives j'allais sortir retrouver un ami à moi pour faire... plus amples connaissances, déclare-il avec effusion, espérant qu'elle parte."

Pas qu'il n'aime pas sa mère, ce qu'il n'aime pas c'est sa manie de devoir s'inquiéter pour tout ce qui le concerne... Comme toutes les mères...

Elle se tourne vers lui, un sourire inquiétant plaqué au visage.

" Bon, et bien je vais te laisser alors! File le rejoindre! Peut-être qu'il te présentera à une amie, s'exclame-elle joyeusement."

Une porte claque alors que la musique continue de tourner dans  l'appartement étroit du jeune homme revenant au début de sa lecture.

La vitesse à laquelle elle est partie l'inquiète un peu... Le jeune homme espère juste qu'elle évitera de soudoyer un journaliste pour que sa soit disant nouvelle amitié fasse la Une du Vingt Heures...

Charles attrape en pestant un veste en jean lui permettant de ne pas mourir de froid... Bien que le risque d'hypothermie soit très bas...

Il inspire profondément et sort de chez lui en direction du bar, il avait rencontré quelqu'un et sa mère voulais qu'il se fasse un ami, parfait.

Ce fameux Éric deviendrai le premier ami de sa nouvelle vie. Il fallait juste qu'il lui plaise, et vu sa solitude il ne faut pas beaucoup de choses...

La route lui paraît bien courte en y réfléchissant, et en deux temps trois mouvements il se retrouve devant la porte du bar auquel il pensait depuis ce matin... plus glauque que dans ses souvenirs.

Il rentre précipitamment et à son grand étonnement il n'y a...

Personne.

Pourquoi faut il que ce soit lorsqu'il s'agit de quelque chose qui lui tient à coeur que le sort s'acharne contre lui...

Étrangement il sent une présence dernière lui, et ça se confirme quand il entend presque collé à son oreille:

" Alors? Le petit brun a déjà digéré sa cuite?"

Les trois pâtés de maisons avoisinants ont sans aucun doute entendu le hurlement de terreur que poussa le jeune homme à cet instant.

Foule SentimentaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant