L'hôtel Le Banana, réputé pour n'être qu'un amas de poussière et de méchanceté, était le lieu idéal pour surveiller et peut-être protéger la petite Maddie Grimm. Les prêtresses avaient pressenti un drame la concernant, un drame pouvant nous affecter directement. C'était un petit don que nous possédions, une sorte de sixième sens. Plutôt classe, d'ailleurs.
C'est donc pour cette raison que Robin se trouvait à l'hôtel Le Banana, et qu'il travaillait d'arrache-pied pour trouver quel serait le danger menaçant la vie de notre petite Maddie. Une future prêtresse, sans doute, vu les premiers dons qu'elle développe.
Mais ne nous attardons pas là-dessus. Attardons nous plutôt sur cet homme qui a débarqué un peu plus tôt dans nos "locaux". Un homme. Tout à fait.
Là, tout de suite, mon regard ne cessait de le fixer. Comment un homme pouvait-il être une prêtresse ? Du coup, il fallait l'appeler "prêtre" ? Ça sonnait vraiment étrangement. Vu que c'est le premier cas, gardons plutôt son nom. Hugo, nous avait-il dit. Hugo, banal comme nom. Lorsqu'il est apparu dans le Conseil, il a provoqué la panique, et c'était vraiment ennuyant. À croire que les prêtresses n'avaient jamais vu d'hommes de leur vie ! En plus, Hugo était vraiment ordinaire. Un jeune homme ni trop beau, ni trop laid, des cheveux blonds normaux, des iris bleues normales.
Vous savez comme je me méfie des gens normaux depuis longtemps, c'est le cas avec ce Hugo. Il ne m'inspire pas confiance. Remarquez, j'avais fait confiance à un type qui ne souhaitait que ma mort. Souvenez-vous, un certain Dr Chevalier. Bon, il a une excuse, il voulait sauver le monde. Quand bien même ! Il pouvait me demander mon avis avant d'essayer de m'éliminer ! Bref, tout ceci est du passé. Je suis vivante, enfin presque. Je m'en contente, comme on se satisfait de seulement une moyenne frite au Macdo. Je rêve ou je ne jure que par la nourriture ?
Je m'éloigne du sujet principal. Hugo.
- Où est l'autre ?
- Jade l'a emmené récupérer des esprits, pour l'entraîner et lui montrer notre travail, me répondit Élie.
Nous étions dans une salle que je n'avais jamais visité avant d'être une prêtresse. Elle était appelée la salle Obscure. C'était une pièce réservée à la Grande Prêtresse, Élie dans ce cas-ci, qui pouvait venir y méditer en paix, ou entretenir des réunions secrètes. Cette salle se situait juste derrière le siège en velours rouge de la Grande Prêtresse. Une porte en bois ancien possédant une aura magique, très étrange, s'ouvrait au contact de la main d'Élie.
La première fois, lorsqu'Élie m'a fait découvrir cet endroit, j'avais été bouche bée. Actuellement, je suis toujours bouche bée. Des cristaux ornaient les parois rocheuses, et brillaient de milles couleurs différentes. Le puit d'eau au fond de la pièce rendait cette salle encore plus magnifique. Le bruit de l'eau s'écoulant lentement, les gouttes pailletées produites grâce aux lueurs des cristaux. C'était sublime.
Élie était assise au centre de la pièce, les yeux fermés. Elle devait songer à cette situation. Hugo n'était apparu qu'hier, après tout. On avait encore beaucoup de questions sans réponses en tête.
- Je ne comprends rien. Comment est-ce possible ? dis-je, plus pour moi-même.
- Si seulement je pouvais le savoir. Peut-être que la disparition de Cynthia a brisé quelque chose, supposa Élie.
- Peut-être.
Je me levai et commençai à tourner dans la salle, sans but réel.
- En tout cas, je ne lui fais pas confiance. Il dégage quelque chose ... d'inhabituel.
- Je vois ce que tu veux dire, je l'ai ressenti aussi.
- On devrait le chasser.
- Le chasser où ? Et puis, nous ne chassons pas les esprits, nous les aidons.
- On l'envoie au Paradis alors !
Élie ouvrit les yeux et me fixa, sagement.
- Tu sais bien que ça ne marche pas comme cela.
Oui, je sais. C'est assez embêtant, d'ailleurs. Si ce Hugo est ici, ça veut bien dire qu'il n'a pas sa place au Paradis. C'est frustrant ! Je n'aime vraiment pas ce garçon.
- Des nouvelles de Robin ? me demanda Élie.
- Il cherche toujours.
- La menace se rapproche, je la sens. C'est la même que les autres, il faut faire très attention.
Élie paraissait vraiment inquiète, ce qui eut pour effet de me rendre ainsi à mon tour. Robin pourrait y laisser la vie, et je ne pourrais pas le supporter.
- Je vais aller l'aider, jusqu'à ce que la menace soit écartée, déclarai-je.
La Grande Prêtresse sourit. Elle devait s'attendre à ce que j'allais décider de faire.
C'est ainsi que je me retrouvais dans les rues d'un petit village inconnu de tous, dans la nuit et le froid. Bon, je ne sentais pas le froid, mais je pouvais l'imaginer. C'était pire ! Ce village adorait la pierre, de ce que je voyais. J'avais remarqué aussi une école, ce qui était fabuleux. En même temps, la prochaine ville était à plus de trente kilomètres, ça fait long pour emmener son enfant étudier.
Actuellement, j'étais à la recherche du seul hôtel restaurant de la ville, Le Banana. Référence aux Minions, peut-être ? C'était sympa.
J'étais enfin arrivée, invisible pour les autres. Je traversai le hall, puis les murs pour arriver dans la chambre de Robin. J'étais arrivée juste derrière lui. Il était en train d'écrire des tas d'hypothèses sur son carnet personnel. Il avait l'air d'être dessus depuis longtemps, vu l'état de ses cheveux et les cernes qu'il portait.
J'apparus enfin devant lui, et il sursauta à ma vue. J'aurais aimé crier "surprise !", je me suis retenu. Les prêtresses pouvaient se montrer à qui elles le voulaient, quand elles le voulaient. J'avais appris ça lors de mon entrée officiel dans le cercle. J'ai mis pas mal de temps à assimiler la technique, mais maintenant ça allait !
- Lys ! Quelle terreur j'ai eu !
- J'ai vu.
- Tu ... es resplendissante, dit-il, timidement.
Je lui souris et lui offrit mon plus beau merci. Il était vrai que je m'étais embelli. Je brillais de partout en vert, ça cachait les imperfections à un niveau record ! Élie m'avait offert une combinaison-pantalon verte, souple et légère. J'en étais très heureuse.
- Sinon, ça va au Conseil ?
- Bien, bien. Et toi ? Protecteur ?
- C'est jouissif.
- Super.
Un silence gênant rempli la pièce. En fait, une chose que je n'ai pas précisé, c'était la première fois qu'on se revoyait depuis le petit incident au Centre Calvaire. Je n'avais pas oser me présenter devant lui, et il n'avait pas demandé à ma voir. On peut dire qu'on est de bons lâches, tous les deux. On s'évite, c'est clair.
- Tu es venue dans quel but ?
- Maddie Grimm, ai-je répondu.
Il hocha la tête, et me présenta ce qu'il avait regroupé depuis ces quelques jours.
- Cette petite a tout ce qu'elle désire. Une famille sublime, des amis sympathiques, et même un visage mignon. C'est affolant d'avoir une existence à ce point parfaite.
- Elle n'a pas atteint l'adolescence, soufflai-je.
- Et elle ne l'atteindra pas si on ne trouva pas d'où provient la menace.
- Élie dit que c'est le même esprit. Il a l'air d'avoir des cibles ... ciblées. Comme s'il préparait son coup bien à l'avance. Il ne le fait pas juste pour le plaisir.
- C'est un esprit en série, sourit Robin.
Je ne pus m'empêcher de sourire aussi. Robin avait essayé de faire un jeu de mots ! Mon élève me rend fière.
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Prêtresses T2 L'avènement de Mansyur
Ficção AdolescenteAprès avoir été libérée de l'hôpital psychiatrique dans lequel elle avait été enfermée, Isallys poursuit sa quête en tant que prêtresse. Une mission noble, une éternité toute tracée. Mais que serait sa vie si elle n'était pas un peu pimentée ? Un ê...