Esméralda supporta cette famille complètement abusive pendant plus d'un an. La haine s'accumulait chaque jour un peu plus. Elle savait se taire, heureusement pour elle. À chaque fois, elle retenait ses poings, ses larmes, son idée de meurtre. À chaque "Chose", " Vermine", ou bien "Putain", elle serrait les dents au point d'avoir les gencives en sang.
Puis, un soir, elle n'en pût plus. Elle éclata.
Gornela lui avait ordonné de se mettre à nue, pour qu'elle puisse dessinée sur son corps. Esméralda l'avait fait, comme elle l'avait si souvent fait devant Madame ou Monsieur, qui souhaitait l'observer de plus près. Le Maître, lorsque sa femme était de sortie, lui demandait de s'approcher, jusqu'à ce qu'il la prenne dans ses bras et la caresse doucement. Esméralda s'était vidée de toute pudeur et de tous sentiments, si bien qu'elle ne sentait pas la douleur lorsque Hypérion décidait de passer à l'action.
Cependant, aujourd'hui, devant Gornela, elle sentit qu'elle ne réussirait pas à garder sa rage. Gornela commença à dessiner sur son ventre, avec de la peinture faite à partir de pigments. Gornela coloria ses hanches en rouge, puis elle fit des ronds autour de ses seins. Elle s'arrêta.
- Je ne veux plus faire ça. Je m'ennuie. Chose, fais quelque chose, lui dit-elle.
- Que voulez-vous que je fasse ?
Esméralda se pinça le bras pour rester calme.
- J'en sais rien, c'est pas moi la Putain ! Fais un truc.
La jeune femme ne comprenait pas où Gornela voulait en venir.
- Inutile ! se mit à hurler Gornela.
Elle lui lança la palette à la figure. Le visage d'Esméralda était couvert de couleurs.
- Tu n'es qu'une Putain, tu entends ça ? Tu as de la chance de nous avoir, sinon tu aurais fini au fond d'un caniveau ! Mes parents sont trop cléments avec toi, je te tuerais, moi !
Esméralda se sentit lourde, d'un coup. Le poids de cette année pesait trop sur sa personne. Elle n'était pas faite pour garder tout ça enfoui. Avant, personne ne s'approchait jamais en raison de son caractère. Elle avait découvert qu'ici, ce n'était pas elle qu'on devait craindre. La hiérarchie était différente. Pourtant, elle ne réfléchit plus à ça.
- Essaie, saloperie de gamine, essaie juste, lança Esméralda en grinçant des dents.
Gornela ne retint pas sa surprise devant cette affront. La petite se ressaisit vite et attrapa un petit vase en terre cuite en guise d'arme. Elle fonça maladroitement sur Esméralda, qui vit passer dans le regard de cette enfant un mépris si grand qu'il égalerait celui qu'elle ressentait pour eux.
Esméralda n'eût aucun mal à dévier l'attaque de Gornela, qui tomba sur les fesses par terre. Rouge de honte, elle se mit à hurler.
Esméralda voulut la faire taire avant qu'il ne soit trop tard, mais elle ne réussit pas. Hypérion et sa femme débarquèrent dans la chambre avec la vitesse de la lumière. Esméralda cacha sa nudité en prenant le drap blanc du lit de la petite. Sa maîtresse la regarda avec mépris et se précipita vers Gornela, qui s'était mise à pleurer misérablement. Hypérion, quant à lui, fixait Esméralda avec intensité. Pour la première fois depuis longtemps, Esméralda soutint ce regard. Ce n'était pas un défi, c'était pour montrer qu'elle était encore humaine.
Sa maîtresse se mit alors au milieu d'eux et donna une violente gifle à Esméralda, qui tomba au sol tant cette claque était puissante.
- Espèce de pétasse, cracha sa maîtresse.
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Prêtresses T2 L'avènement de Mansyur
Ficção AdolescenteAprès avoir été libérée de l'hôpital psychiatrique dans lequel elle avait été enfermée, Isallys poursuit sa quête en tant que prêtresse. Une mission noble, une éternité toute tracée. Mais que serait sa vie si elle n'était pas un peu pimentée ? Un ê...