Partie 3 Rêve

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La chambre de Robin était déjà un peu plus rangée. Il avait dû tout débarrasser après le repas. Actuellement, il dormait paisiblement sur son lit. Paisiblement, jusqu'à ce que la fille que je traînais entre. 

- C'est vraiment trop excitant, j'ai l'impression qu'on va voler un truc, sourit Nora. 

- On évite juste de réveiller un truc, dis-je. 

Nora me regarda, étonnée. Elle s'avança si rapidement vers le lit que je n'eus pas le temps de l'empêcher de poser son doigt sur la joue de Robin. Il se réveilla d'un seul coup et fit un clé anglaise à Nora, qui hurla presque. 

- Qui es-tu ? 

- Euh ... Bonjour, je suis Nora Nyimpen Nasibe. Nora suffira, rit nerveusement le jeune fille. 

Robin ne la lâcha pas pour autant. 

Cette situation m'amusait quelque peu, surtout que j'adorais voir Robin tenir les rennes. Cependant, nous n'avions pas que cela à faire, alors j'intervins. 

- Elle est avec nous, Robin. 

Robin me vit et me sourit, puis lâcha le bras de Nora, qui grimaça en le bougeant. 

- J'aimerais tellement que mon bras soit en pâte à modeler, chuchota t-elle. 

Nora prit une chaise et s'installa, tout en examinant les notes de Robin. Ce dernier la suivit du regard sans pour autant l'en empêcher. Il la surveillait juste, on va dire. 

Je m'avançai vers Robin, qui n'avait pas quitté Nora des yeux.

- Protectrice, lui ai-je dit. 

- Je ne savais point que ça existait. Je croyais que c'était seulement les hommes. 

- Moi aussi, mais ça a dû changer. Un homme fait parti du Conseil, maintenant. 

Robin ne cacha pas sa surprise. 

- Élie pense que c'est la disparition de Cynthia qui a causé ces dysfonctionnements, continuai-je. 

- C'est tout à fait possible. 

- Échangez vos points de vue sur Maddie Grimm, je dois retourner au Conseil. 

- D'accord. 

À ce moment-là, j'aurais aimé embrasser Robin et lui dire que je l'aimais. J'aurais aimé lui donner un baiser réel, un dont il se souviendrait, mais je ne pouvais pas. J'étais morte, il était vivant. 

Je disparus simplement. 

Cependant, au lieu de me retrouver au Conseil, comme à l'habitude, je fus projetée ailleurs. Au début, je n'en avais pas conscience. Puis, l'obscurité m'a enveloppé lentement, prenant peu à peu possession de mon corps. 

J'étais dans un couloir sans fin, aux multiples portes sur les côtés, des néons clignotaient. C'était un des couloirs de l'asile, revisité de manière glauque. Je tournais sur moi-même pour essayer de comprendre, visiblement en vain, quel était le problème avec ma téléportation. J'essayais de m'illuminer, sans aucun succès. 

Autrement dit, j'étais seule, sans défense, dans un couloir à l'allure pas très rassurante. 

- Bordel, murmurai-je. 

Ma voix partie en écho à travers tout le couloir, comme si les murs vivraient sous son poids. 

L'air se faisait de plus en plus lourd. Pour ne pas devenir folle une nouvelle fois, je décidais d'avancer, de ne pas rester immobile et d'attendre. Je devais rester en mouvement, garder ma tête saine d'esprit. Je devais avancer, autant mentalement que physiquement. Il faisait froid, et je pouvais le sentir. La fraîcheur passait à travers mon corps, me faisant frissonner. 

Des rires d'enfants montèrent derrière moi. Des rires innocents et exprimant une certaine maladie. C'était étrange. Lorsque leurs rires résonnaient, mon être frémissait. Je dis volte-face en entendant ces rires se rapprocher. 

- Attends-moi, Élie ! 

Je crus rêver. En fait, j'étais sûrement en plein rêve, déjà. 

Une jeune fille rousse passa rapidement à côté de moi, un sourire discret aux lèvres. Elle voudrait, et ne semblait pas m'avoir vu. Et cette voix, même enfant je l'avais reconnu. Un jeune garçon lui courrait après, l'air enjoué. Des cheveux aux nuances étonnantes, blonds, bruns et noirs cendrés. Des yeux émeraudes si expressifs et vides à la fois. Et cette tenue, blanche, qu'il portait. Robin. 

- Élie, c'est pas juste ! Attends ! 

Je fus bouche bée, oubliant l'atmosphère oppressante quelques secondes pour tenter de comprendre. 

Robin courut à côté de moi. Je crus qu'il allait continuer, mais il se retourna vivement, me fixant intensément. Son regard s'assombrit. Ses veines devinrent plus épaisses, plus bleues. Ses lèvres étaient maintenant violettes. 

- La fin est proche. Il va renaître, et il va anéantir l'humanité. Personne n'y échappera, dit-il, avec une voix rauque complètement différente. 

- De quoi tu parles ? 

Robin n'avaient plus de yeux, ce n'étaient plus que deux boules sombres, tels des trous-noirs aspirant tout ce qui passait près d'eux. Sa peau se mit à grésiller, tout comme l'environnement autour de moi. Je ne comprenais strictement plus rien. D'abord, c'était quoi ce rêve ? Était-ce vraiment un rêve ? Que voulait dire Robin ? Qui anéantira l'humanité ? 

L'enfant me fit un sourire diabolique. Du sang s'échappa de sa bouche, ses dents n'étaient plus que rouge. 

Instinctivement, je reculai d'un pas. Ce gosse avait vraiment un problème ! Je suis venue en paix, même si je n'ai pas choisi de venir ! 

D'un coup, il me sauta dessus en criant à s'en déchirer les poumons. 


Prêtresses T2 L'avènement de MansyurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant