Partie 21 L'origine des problèmes

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Mon frère a contourné l'îlot en vitesse, a prit le bras de ma mère et tiré de toutes ses forces. Mansyur lui jeta un regard assassin, je suppose qu'il l'était, puisque la seconde d'après, un vent violent avait tordu le cou de Nash à 180 degrés. Ma mère se débattait toujours, plus faiblement, jusqu'à ne plus bouger du tout.

Mon être criait à l'aide. Je voulais partir, sortir de ce corps qui me piégeait dans ce spectacle de marionnette, auquel je ne souhaitais absolument pas assister.

Malgré moi, la scène continua à tourner.

Le corps de ma mère était immobile. Ses cheveux flottaient à la surface, dans le plus grand des silences. Mansyur lâcha la pression, et son corps retomba lourdement au sol. Son visage était figé par la terreur. Son âme s'éleva dans le ciel, perdue, quand Mansyur l'aspira.

Le chaos ... Toujours, et encore ... Pourquoi ?

Arrête ça, Mansyur ! Il faut que tu arrêtes, là !

L'âme de mon frère s'est à son tour élevée dans les airs. Mansyur en fut surpris, comme s'il ne s'y attendait pas. Puis, un éclair vert indiqua qu'une prêtresse l'avait pris en charge.

Mansyur disparut en coup de vent.

J'étais tellement perturbée que le meurtre suivant ne m'affecta pas plus. J'avais atteint le summum du dégout, de la haine, de la tristesse. Je n'en pouvais plus de la voir tuer tous ces pauvres gens, qui vivaient normalement, sans se douter qu'une ombre malfaisante flottait au dessus de leur tête.

La prochaine victime était un homme, la quarantaine, buvant assidûment des verres d'alcools dans un bar.

Lion.

D'un seul coup, son corps entier se mit à s'enflammer, jusqu'à réduire sa chair en cendres. Tout le bar fut affolé, essayant de jeter de l'eau sur l'homme qui hurlait à pleins poumons en se roulant par terre. L'eau n'avait aucun effet, le feu continuait à crépiter.

Au bout d'un moment, une boule lumineuse fit son apparition. Mansyur la prit, de la même façon que les autres, puis elle disparut.

Je pensais devoir subir une nouvelle victime, je me trompais. Mansyur était dans une cage, la même que celle où je m'étais trouvée enfermé quelques temps auparavant. Elle regarda ses mains, celle d'un humain normalement constitué. D'un coup, elle émit des bruits souffrants, des murmures étouffés par la douleur. Je compris à quel moment cette scène se situait.

- Euh ... Y'a quelqu'un d'autre que mes kidnappeurs ici ?

C'était moi. S'entendre donne vraiment un choc, mais c'était moi.

- Lysou ... ? a dit Mansyur d'une petite voix.

Notre dialogue continua, jusqu'à ce que Mansyur se taise. Puis, il réapparut en face de moi, dans ma cellule.

Je me voyais, les yeux écarquillés sous la surprise. J'avais vu Esméralda, je me souviens. Le doute s'était insinué dans mon esprit. Je me voyais, un teint faiblard, des cheveux coupés courts en bataille. J'avais l'air fatigué.

Depuis cet instant là, Nash n'avait jamais été Nash. J'avais cru bêtement retrouver mon frère, que je n'avais pas revu depuis des lustres, ce n'était qu'une illusion. La ruse, n'est-ce-pas ? Me briser, maintenant. Étouffer mon avenir en rompant tout lien avec mon passé.

La scène s'est brouillée, le paysage a changé.

Mansyur était dans une forêt. L'homme à la cape était à ses côtés. Je ressentais une soudaine frustration. Lorsque je vis ce que regardait Mansyur, je compris son emplacement. C'était la forêt à côté du Manoir.

Reaper a disparu d'un seul coup. Un bruit s'est fait entendre dans les feuillages.

Je m'étais beaucoup amusée avec elle. Mon plan débutait à partir de maintenant. Le chaos.

Mansyur s'est métamorphosé en Nash, puis s'est avancée. Je me suis vue, encore, étonnée et ravie par ce que je regardais. J'ai sauté dans les bras de Mansyur, qui a joué son rôle à la perfection.

- C'était donc vrai ... susurra t-elle.

Je me vis lui tendre la main, être une sœur pour lui. J'avais été gentille avec ... Mansyur. Je ne pouvais pas le croire. Je n'avais rien vu, rien senti. Je l'ai fait entrer dans le Manoir. Je l'ai fait entrer. Je n'avais aucun mal à imaginer la suite de ce qu'elle voulait me montrer.

En effet, je me vis confier une Maddie endormie à mon soi-disant frère, puis partir et la laisser entre ses mains.

Mansyur portait Maddie dans ses bras, endormie tranquillement. Mansyur tourna la tête pour vérifier les environs. Il n'y avait rien. Personne pour empêcher ça. Elle sortit du Manoir.

Vierge.

Puis, elle s'approcha de l'arbre centenaire, creusa un trou et commença à enterrer Maddie en jetant progressivement de la terre sur le haut de son corps. Maddie mourut sans souffrir, elle, le poids de ma technique d'endormissement stoppant tout éveil. Sa respiration se fit plus lente, jusqu'à stopper entièrement. Pas de lutte, pas de cri.

Mansyur voulut la camoufler entièrement, mais un bruit survint.

Ses yeux, en même temps que les miens, se tournèrent vers les ténèbres de la forêt. Un jeune homme en sortit. Celui-là même que j'avais intercepté et qu'Angel m'avait volé. Il portait un grand sourire sur le visage jusqu'à voir que la victime était une enfant. Il détourna le regard immédiatement.

Mansyur semblait confuse. Elle ne savait pas quoi faire. Elle voulait lui bondir dessus et le décapiter, je le sentais au plus profond de son être. Pourtant, elle resta immobile, par peur.

- Laisse la comme ça, ça sera plus divertissant, dit le jeune homme.

Il s'écarta dans la forêt jusqu'à disparaître de la vision de Mansyur, qui abandonna sa tâche et se positionna devant l'entrée du Manoir.

Maintenant, elle ne pouvait plus entrer. Comment avait-elle fait pour se retrouver à l'intérieur de nouveau ? Je compris lorsque sa main se transforma en celle d'une jeune femme, radieuse et étincelante, illuminée d'une couleur verte. Sa main se posa sur le portail, qui la laissa passer, puis sur la porte.

J'avais laissé entrer ce monstre, et il avait trouver le moyen de se faire passer pour l'une des nôtres. Je ne pouvais pas l'accepter. Tout était de ma faute ! J'étais censée avoir son essence ! J'étais censée savoir !

J'avais envie de m'arracher les cheveux et de hurler à m'en briser la voix. Je ne pouvais pas, évidement. Isallys l'impuissante entre dans l'arène, sous les acclamations des gros nulos ! Super.

C'est alors que je me sentis de nouveau aspirée, cette fois vers la sortie. Ma vision se fit de plus en plus brumeuse, jusqu'à ce que le noir total la remplace.

Tu as vu ... Ce que j'ai fait ...

C'était horrible, ai-je répondu mentalement.

Oui, ça l'était ... Ce n'est pas fini.

J'ai ouvert les yeux subitement.

Prêtresses T2 L'avènement de MansyurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant